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Al-Barâ’ Ibn Mâlik Al-Ansârî

lundi 25 mars 2002

Ses cheveux étaient désordonnés et son apparence était négligée. Il était maigre et, avec si peu de chair sur les os, le seul fait de le regarder faisait de la peine. Cependant, lors de combats où il ne bénéficia d’aucune aide, il vainquit et tua de nombreux adversaires. Durant les batailles, il fut un combattant remarquable contre les mécréants. Il était si courageux et téméraire que ʿUmar écrivit une fois aux gouverneurs des provinces islamiques qu’ils ne devraient pas le nommer à la tête d’une armée de peur qu’il ne les fasse tous tuer du fait de ses exploits audacieux. Cet homme était Al-Barâ’ Ibn Mâlik Al-Ansarî, le frère de Anas Ibn Mâlik, l’aide personnel du Prophète — paix et bénédictions sur lui —.

Si les récits de l’héroïsme d’Al-Barâ’ devaient être relatés en détails, il aurait fallu de nombreuses pages. Mais contentons-nous d’un exemple.

Cette histoire particulière commence seulement quelques heures après la mort de notre noble Prophète — paix et bénédictions sur lui —, alors que les tribus arabes se mirent à quitter en grand nombre la religion de Dieu, tout comme elles y étaient rentrés en grand nombre. En peu temps, seuls les habitants de la Mecque, de Médine et d’At-Tâ’if ainsi que de petites communautés dispersées ici et là, dont l’engagement vis à vis de l’islam était solide, restèrent dans la religion.

Abû Bakr As-Siddîq, le successeur du Prophète — paix et bénédictions sur lui —, fut ferme vis-à-vis de ces mouvements aveugles et destructifs. Il mobilisa onze armées parmi les Muhâjirîn (Emigrés) et les Ansâr (Auxiliaires), chacune dirigée séparément par un commandant et les envoya en différents lieux de la Péninsule Arabique. Leur but était de faire revenir les apostats sur le chemin de la guidance et de la vérité et de faire face aux leaders de la rébellion.

Le plus puissant groupe d’apostats et le plus fort en nombre était les Banû Hanîfah parmi lesquels Musaylimah l’imposteur se dressa, clamant qu’il était un Prophète. Musaylimah réussit à mobiliser quarante milles des meilleurs combattants parmi son peuple. La plupart d’entre eux, cependant, le suivaient par amour sectaire ou par fidélité tribale, non parce qu’ils croyaient en lui. L’un d’eux dit une fois : " J’atteste que Musaylimah est un imposteur et que Muhammad est véridique mais l’imposteur de Rabîʿah (Musaylimah) nous est plus cher que le véridique de Mudar (Muhammad) ".

Musaylimah triompha de la première armée placée sous le commandement de ʿIkrimah Ibn Abî Jahl. Abû Bakr envoya alors une autre armée contre Musaylimah, menée cette fois-ci par Khâlid Ibn Al-Walîd. Cette armée contenait l’élite des Compagnons à la fois parmi les Ansâr et les Muhâjirîn. Au premier rang de cette armée se trouvait Al-Barâ’ Ibn Mâlik et un groupe des musulmans les plus vaillants.

Les deux armées se rencontrèrent sur le territoire des Banû Hanîfah, à Al-Yamâmah dans le Najd. Pendant longtemps, l’avantage fut du côté de Musaylimah et de ses hommes. Les armées musulmanes commencèrent à battre en retraite. Les forces de Musaylimah balayèrent même la tente de Khâlid Ibn Al-Walîd et l’obligèrent à quitter sa position. Ils auraient tué sa femme si l’un d’entre eux ne lui avait pas accordé sa protection.

À ce point, les musulmans réalisèrent dans quelle situation périlleuse ils se trouvaient. Ils étaient aussi conscients du fait que, s’ils étaient battus par Musaylimah, l’Islam ne pourrait se maintenir en tant que religion, et Allah, l’Unique qui n’a aucun associé, ne serait plus jamais adoré dans la Péninsule Arabique après cet événement.

Khâlid rassembla ses forces une fois de plus et commença à les réorganiser. Il sépara les Muhâjirîn des Ansâr et laissa les hommes des différentes tribus à part. Chaque groupe fut placé sous la direction d’un de ses membres afin que les pertes de chaque groupe durant la bataille soient connues. La bataille fit rage. Il y eut énormément de pertes et de morts. Les musulmans n’avaient jamais vécu une chose semblable durant toutes les guerres auxquelles ils avaient participées avant. Les hommes de Musaylimah restèrent, dans ce tumulte, aussi immobiles que des montagnes, même si certains d’entre eux tombèrent.

Les musulmans firent preuve d’un grand héroïsme. Thâbit Ibn Qays, le soutien des Ansâr, creusa un trou où il se glissa et se battit jusqu’à perdre la vie. Le trou qu’il avait creusé devint sa tombe. Zayd Ibn Al-Khattâb, le frère de ʿUmar Ibn Al-Khattâb, que Dieu soit satisfait d’eux, cria aux musulmans : " Ô hommes, mordez avec vos dents, frappez l’ennemi et continuez ainsi. Par Dieu, je ne vous parlerai plus après ceci jusqu’à ce que Musaylamah soit mort ou bien que je rencontre Dieu". Puis il chargea contre l’ennemi et continua à se battre jusqu’à ce qu’il soit tué. Sâlim, l’esclave affranchi de Abû Hudhayfah et porteur des Muhâjirîn fit preuve d’une bravoure insoupçonnée. Son peuple craignait qu’il fasse preuve de faiblesse ou qu’il soit terrifié à l’idée de se battre. Il leur dit : " Si vous arrivez à me dépasser, quel misérable mémorisateur du Coran je suis ! " Puis il plongea vaillamment en direction de l’ennemi et mourut en martyr.

Cependant, la bravoure de toutes ces personnes est minime comparée à l’héroïsme d’Al-Barâ’ Ibn Mâlik, que Dieu soit satisfait de lui et d’eux tous.

Alors que la bataille se faisait de plus en plus féroce, Khâlid se tourna vers Al-Barâ’ et dit : " Charge, jeune homme des Ansâr". Al-Barâ’ se tourna vers ses hommes et dit : " Ô Ansar, qu’aucun d’entre vous ne pense à retourner à Médine. Il n’y a plus de Médine après ce jour. Il n’y a qu’Allah et le Paradis".

Les Ansâr et lui se lancèrent ensuite à l’attaque des mécréants, brisant leurs rangs et les repoussant jusqu’à ce qu’ils se retirent. Ils cherchèrent refuge dans un jardin qui fut plus tard connu sous le nom du Jardin de la Mort à cause du grand nombre d’hommes qui y furent tués ce jour-là. Le jardin était entouré de hauts murs. Musaylimah et ses hommes entrèrent et fermèrent les portes derrière eux puis se réconfortèrent.

Depuis leur nouvelle position, ils se mirent à arroser les musulmans de flèches.

Le vaillant Al-Barâ’ avança et s’adressa à ses hommes : " Mettez-moi sur un bouclier. Elevez-le sur des lances et lancez-moi jusqu’au jardin, près de l’entrée. Soit je récolterai la mort, soit je parviendrai à vous ouvrir la porte.

Le maigre Al-Barâ’ fut porté sur un bouclier. Plusieurs lances soulevèrent le bouclier et il fut lancé dans le Jardin de la Mort parmi les nombreux hommes de Musaylimah. Il arriva sur eux comme une boule de tonnerre et continua à se battre contre eux devant la porte. Beaucoup succombèrent à son épée et il reçut lui-même de nombreuses blessures avant de pouvoir ouvrir la porte !".

Les musulmans chargèrent à l’intérieur du Jardin de la Mort, par la porte et au-dessus des murs. La bataille devint plus âpre et des centaines d’hommes furent tués. Finalement, les musulmans tombèrent
sur Musaylimah et le tuèrent.

Al-Barâ’ fut transporté sur une civière jusqu’à Médine. Khâlid Ibn Al-Walîd passa un mois à veiller sur lui et à soigner ses blessures. Puis, son état s’améliora. Grâce à lui, les musulmans avaient remporté la victoire face à Musaylimah.

Malgré sa guérison, Al-Barâ’ continuait d’espérer obtenir le martyre qui lui avait échappé dans le Jardin de la Mort. Il alla de bataille en bataille espérant atteindre son but. Cela arriva à la bataille de Tustar, en Perse.

À Tustar, les Perses siégeaient dans l’une de leurs défiantes forteresses. Ce siège dura longtemps et, lorsqu’il devint insupportable, ils adoptèrent une nouvelle tactique. Depuis les murs de la forteresse, les Perses commencèrent à lancer des chaînes en fer se terminant par des crochets en fer brûlants. Les musulmans furent saisis par ces crochets et furent poussés à la mort ou à l’agonie.

Un de ces crochets avait saisi Anas Ibn Mâlik, le frère d’Al-Barâ’. Quand Al-Barâ’ s’en aperçut, il escalada le mur de la forteresse et saisit la chaîne qui tenait son frère puis il commença à retirer le crochet de son corps. Sa main commença à brûler mais il n’abandonna pas avant que son frère ne soit libéré.

Al-Barâ’ mourut lors de cette bataille. Il avait prié Dieu de lui accorder le martyre.

P.-S.

Traduit de "Companions of The Prophet", volume 1, de Abdul Wâhid Hâmid.

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