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Abû Ayyûb Al-Ansârî, que Dieu l’agrée

dimanche 24 février 2002

Khâlid ibn Zayd ibn Kulayb des Banu Najjar, également connu sous
le nom d’Abû Ayyûb (père d’Ayyûb), était l’un
des proches compagnons du Prophète (Paix et Bénédiction
de Dieu sur lui). Ses relations privilégiées avec le Prophète
Muhammad faisaient de nombreux envieux parmi les Ansars (Les "Auxiliaires"
- les médinois ayant soutenu les mecquois émigrés).

Après son départ de la Mecque, le Prophète (Paix et Bénédiction
de Dieu sur lui) fut accueilli avec amour et dévotion par les Ansars
de Médine. Ils souhaitaient lui témoigner leur attachement en
lui réservant le plus chaleureux des accueils.

Le Prophète (Paix et Bénédiction de Dieu sur lui) s’arrêta
d’abord dans les environs de Médine, où il séjourna plusieurs
jours. Il commença par y construire une mosquée décrite
dans le Coran comme " la mosquée fondée sur la piété
(taqwâ) ". (Sourate At-Tawbah 9 :108)

Ensuite, le Prophète (Paix et Bénédiction de Dieu sur lui) fit son entrée à Médine
sur sa chamelle, accompagné des chefs de la ville. Ils aspiraient tous
à avoir l’honneur d’héberger le Prophète (Paix et Bénédiction de Dieu sur lui) chez eux.

L’un après l’autre, ils se mettaient en travers du chemin de la chamelle
l’invitant simplement :

" Viens chez moi, O Messager de Dieu !
- Laissez la chamelle, elle est guidée, répondait le Prophète
(Paix et Bénédiction de Dieu sur lui)".

La chamelle continua à avancer, suivie de près par les gens de
Yathrib. Chaque fois qu’elle dépassait une maison, son propriétaire
en était attristé et abattu faisant ainsi naître l’espoir
dans le cœur des autres Ansars.

La chamelle poursuivit de la sorte jusqu’à montrer une hésitation
devant la maison d’Abû Ayyûb Al-Ansari. Cependant, le Prophète
(Paix et Bénédiction de Dieu sur lui) ne descendit pas. Après
un court instant, la chamelle repartit, le Prophète ayant relâché
les brides. Rapidement, elle revint sur ses pas et s’arrêta au même
point qu’au premier arrêt. Abû Ayyûb était transporté
de bonheur. Il sortit accueillir le Prophète (Paix et Bénédiction
de Dieu sur lui) avec un grand enthousiasme. Il se chargea des bagages du Prophète
(Paix et Bénédiction de Dieu sur lui) comme s’il s’agissait du
trésor le plus précieux sur terre.

La maison d’Abû Ayyûb était répartie sur deux étages.
Il vida l’étage supérieur de ses biens personnels à l’usage
du Prophète (Paix et Bénédiction de Dieu sur lui). Le Prophète
(Paix et Bénédiction de Dieu sur lui) préféra néanmoins
rester au niveau inférieur.

Le soir, le Prophète se retira au rez de chaussée et Abû
Ayyûb au premier étage. Lorsque ce dernier ferma la porte, il dit
à son épouse :
" Malheur à nous ! Qu’avons-nous fait là ? Nous sommes au-dessus
du Messager de Dieu ! Peut-on marcher au-dessus de lui ? Ne sommes-nous pas
un obstacle entre lui et la Révélation (wahy) ? Si c’est
le cas, nous sommes perdus ! "

Dans le doute et l’indécision, le couple était complètement
bouleversé. Il ne s’apaisa qu’en se déplaçant vers la partie
du bâtiment qui ne chapotait pas directement le Prophète (Paix
et Bénédiction de Dieu sur lui). Il s’appliquait également
à longer les murs afin d’éviter de " marcher " sur le
Prophète (Paix et Bénédiction de Dieu sur lui).

Le matin, Abû Ayyûb dit au Prophète :
" Par Dieu, ni moi ni Umm Ayyûb n’avons fermé l’œil la
nuit dernière".
Le Prophète l’interrogea sur la raison de son insomnie. Abû Ayyûb
expliqua alors son embarras d’être au-dessus du Prophète et sa
crainte de gêner une révélation. " Ne t’inquiète
pas Abû Ayyûb, dit le Prophète. Nous préférons
être à l’étage inférieur en raison du grand nombre
de visiteurs".

Plus tard, Abû Ayyûb racontait : " Nous nous sommes soumis
aux souhaits du Prophète. Toutefois, un soir, l’une de nos jarres s’est
brisée et l’eau qu’elle contenait s’est répandue sur le sol. Umm
Ayyûb et moi-même regardions l’eau. Nous ne possédions qu’un
morceau de velours qui nous servait de couverture. Nous l’utilisâmes pour
éponger l’eau de crainte qu’elle ne s’infiltre à l’étage
du Prophète (Paix et Bénédiction de Dieu sur lui). Le lendemain
matin, je suis allé trouver le Prophète (Paix et Bénédiction
de Dieu sur lui) et je lui ai clairement dit que je n’aimais pas être
au-dessus de lui. Je lui expliquais ce qui s’était produit la veille
au soir. Il accéda à ma demande et nous échangèrent
d’étage".

Le Prophète (Paix et Bénédiction de Dieu sur lui) demeura

chez Abû Ayyûb pendant environ sept mois, c’est-à-dire le
temps de la construction de la mosquée à l’endroit désigné
par la chamelle. Lui et sa famille emménagèrent dans les pièces
mitoyennes à la mosquée. Quel noble voisin pour Abû Ayyûb !

Abû Ayyûb aimait le Prophète (Paix et Bénédiction
de Dieu sur lui) de tout son cœur ; de même, le Prophète (Paix
et Bénédiction de Dieu sur lui) lui vouait un amour profond. L’un
et l’autre ne s’encombraient pas de formalités. Le Prophète (Paix
et Bénédiction de Dieu sur lui) considérait la maison d’Abû
Ayyûb comme la sienne. L’anecdote suivante permet de juger des relations
qu’ils entretenaient.

Un jour, Abû Bakr, puisse Allah être satisfait de lui, sortit de
chez lui au moment le plus chaud de la journée pour se rendre à
la mosquée. Il rencontra `Umar sur son chemin qui lui demanda : "
Abû Bakr, quelle affaire te fait sortir à cette heure ? ".
Abu Bakr expliqua qu’il était sortit de sa maison car il avait terriblement
faim. `Umar était également affamé. Le Prophète
vint les trouver et leur posa la même question. Ils lui répondirent.
Il leur dit alors : " Par Celui qui détient mon âme, seule
la faim m’a fait également quitter mon logis. Venez avec moi".

Ils allèrent chez Abû Ayyûb al-Ansari.

" Bienvenue au Prophète et à ceux qui l’accompagnent, les
accueillit son épouse, Umm Ayyûb.
- Où est Abû Ayyûb ? s’enquit le Prophète".

Abû Ayyûb travaillait dans une palmeraie non loin de là.
Quand il entendit la voix du Prophète (Paix et Bénédiction
de Dieu sur lui), il rentra précipitamment.

Il souhaita la bienvenue à ses hôtes. L’heure de leur visite l’étonna.
(Abû Ayyûb avait, en effet, coutume de garder chaque jour une part
de nourriture pour le Prophète (Paix et Bénédiction de
Dieu sur lui). Si le Prophète (Paix et Bénédiction de Dieu
sur lui) ne se présentait pas au bout d’un certain délai, Abû
Ayyûb donnait la ration à sa famille.) Le Prophète (Paix
et Bénédiction de Dieu sur lui) admit que ce n’était pas
son heure habituelle.

Abû Ayyûb sortit chercher une grappe de dattes mêlant des
dattes mûres et d’autres non.

" Je ne voulais pas que tu coupes cela, dit le Prophète. N’aurais-tu
pas pu cueillir que des dattes mûres ?
- O Messager de Dieu, s’il te plaît, mange des deux : du rutab
(dattes mûres) et du busr (dattes pas complètement mûres).
Je m’en vais égorger un animal pour toi également.
- Dans ce cas-là, n’égorge pas l’animal qui donne du lait, mit
en garde le Prophète (Paix et Bénédiction de Dieu sur lui)".


Abû Ayyûb tua une jeune chèvre. Son épouse, qui était
meilleure cuisinière que lui, en cuisina la moitié et grilla l’autre
moitié. Une fois prêt, il présenta le repas au Prophète
(Paix et Bénédiction de Dieu sur lui) et à ses deux compagnons.
Le Prophète (Paix et Bénédiction de Dieu sur lui) mit alors
un morceau de viande dans un bout de pain et s’adressa à son hôte
 : " Abû Ayyûb, porte cela à Fatimah. Elle n’a rien mangé
de tel depuis des jours".

Après s’être rassasié, le Prophète (Paix et Bénédiction
de Dieu sur lui), méditatif, s’exclama : " Du pain, de la viande,
du busr et du rutb ! ". Les larmes coulèrent et il poursuivit ainsi
 : " C’est une bénédiction généreuse à
propos de laquelle vous serez interrogés le Jour du Jugement. Si on vous
en propose, mettez-y vos mains et dites bismillâh (Au nom d’Allah)
et lorsque vous avez terminé dites alhamdulillah alladhî huwa
ashba`ana wa an’ama `alayna
" (Louange à Dieu Qui nous a rassasié
et Qui nous accorde Ses Bienfaits). Cela vaut mieux. "

Ce sont là quelques épisodes de la vie d’Abû Ayyûb
en temps de paix. Il s’est, par ailleurs, distingué au cours de sa carrière
militaire. Il passait tellement de temps sur les champs de bataille qu’on disait
de lui qu’il avait prit part à tous les combats du temps du Prophète
(Paix et Bénédiction de Dieu sur lui) à celui de Mu’awiyah
à moins d’être engagé dans un autre combat.

La dernière campagne à laquelle il participa avait été
organisée par Mu’awiyah et dirigée par son fils Yazîd contre
Constantinople. Abû Ayyûb était alors un vieil homme de presque
quatre vingt ans. Toutefois, cela ne l’empêcha pas de rejoindre les rangs
des soldats et de traverser les mers pour Allah. Peu après le début
de la bataille, Abû Ayyûb tomba malade et dut se retirer.

Yazîd vint le trouver et lui demanda :
" As-tu besoin de quelque chose Abû Ayyûb ?
- Transmets mes salutations aux combattants musulmans et dis-leur : " Abû
Ayyûb veut que vous pénétriez aussi loin que possible sur
les territoires ennemis. Il demande que vous l’emmeniez avec vous et que vous
l’enterriez aux pieds des murs de Constantinople".

C’était là ses derniers mots.

L’armée musulmane repoussa les différentes offensives ennemies
et finit par atteindre Constantinople. Elle accéda à la requête
du Compagnon du Messager d’Allah, en l’inhumant aux pieds de la ville.

(Les Musulmans assiégèrent la ville pendant quatre ans mais durent
finalement se retirer en raison des lourdes pertes).

P.-S.

Traduit de "Companions of The Prophet", Vol.1, écrit par Abdul Wâhid Hâmid.

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