vendredi 22 octobre 2004
Chers savants, que la paix soit sur vous. Le mois béni de Ramadân approchant, pourriez-vous nous éclairer sur la signification, le but et les règles de base concernant le jeûne ? Que Dieu vous récompense.
[1]
Le jeûne est appelé sawm dans le Coran. Le mot sawm signifie littéralement le fait de s’abstenir. Dans la sourate 18 intitulée Marie, Dieu nous raconte que Marie, la mère de Jésus, dit : « "Assurément, j’ai voué un jeûne (sawm) au Tout Miséricordieux : je ne parlerai donc aujourd’hui à aucun être humain". » [2] Le sens de ce verset est : « J’ai voué de m’abstenir de parler aujourd’hui à n’importe qui ». Au sens de la Loi islamique, le mot sawm signifie le fait de s’abstenir de toutes les choses interdites pendant le jeûne entre l’apparition de l’aube et le coucher du soleil, avec l’intention effective de jeûner.
Le Coran dit : « Ô les croyants ! On vous a prescrit le jeûne comme on l’a prescrit à ceux qui vous ont précédé ; ainsi atteindrez-vous la piété » [3].
La piété (taqwâ) est un terme spirituel et éthique primordial dans le Coran. Il rassemble l’intégralité de la spiritualité et de l’éthique musulmanes. C’est une qualité du croyant à travers laquelle celui-ci garde toujours Dieu à l’esprit. Une personne pieuse aime faire le bien et évite le mal, pour l’amour de Dieu. La taqwâ est une piété, une rectitude et une conscience vivante vis-à-vis de Dieu. La taqwâ requiert de la patience et de la persévérance. Le jeûne enseigne justement la patience, et c’est avec cette patience que l’on peut se hisser jusqu’au stade de la piété.
Le Prophète - paix et bénédictions sur lui - dit que le jeûne est un bouclier. Il protège en effet la personne du péché et des désirs libidineux. Lorsque les Apôtres interrogèrent Jésus sur la manière de repousser les esprits maléfiques, celui-ci leur aurait répondu : « Mais cette sorte de démon ne sort que par la prière et par le jeûne. » [4] Selon l’Imâm Al-Ghazalî (mort en 1111), le jeûne produit chez l’être humain quelque chose qui a trait à la qualité divine de la samadiyyah, en ce sens que le jeûne le libère de la dépendance. L’Imâm Ibn Al-Qayyim (mort en 1350) considérait le jeûne comme un moyen de délivrance de l’esprit humain des griffes du désir, permettant ainsi à la modération de dominer l’aspect charnel de l’homme. L’Imâm Shâh Waliyullâh Ad-Dahlawî (mort en 1762) considérait le jeûne comme un moyen d’affaiblir l’élément animal de l’homme et de renforcer son élément angélique. Mawlânâ Al-Mawdûdî (mort en 1979) soutenait que le jeûne pendant un mois entier chaque année entraîne l’individu musulman et la Communauté musulmane dans son ensemble dans le chemin de la piété et de la maîtrise de soi.
Durant la deuxième année de l’Hégire, les Musulmans reçurent l’ordre de jeûner chaque année le mois de Ramadân. Le Coran dit : « Ô les croyants ! On vous a prescrit le jeûne comme on l’a prescrit à ceux qui vous ont précédé ; ainsi atteindrez-vous la piété » [3]. Dieu ajoute ensuite :« Le mois de Ramadân au cours duquel le Coran a été révélé comme guide pour les gens, et preuves claires de la bonne direction et du discernement. Donc quiconque d’entre vous est présent en ce mois, qu’il le jeûne ! » [5]
En outre, le Prophète Muhammad - paix et bénédictions sur lui - expliqua cela dans un certain nombre de récits rapportés dans les ouvrages de Hadith. L’Imâm Al-Bukhârî et l’Imâm Muslim rapportent ainsi d’après Ibn ʿUmar que le Messager de Dieu dit : « L’Islam est fondé sur cinq piliers : l’attestation qu’il n’y a de dieu que Dieu et que Muhammad est le Messager de Dieu, l’accomplissement de la prière, l’acquittement de l’aumône légale, l’accomplissement du pèlerinage au Sanctuaire Sacré et le jeûne du mois de Ramadân ».
La Communauté musulmane considère ainsi unanimement que le jeûne du mois de Ramadân est obligatoire pour toute personne apte à l’observer.
Le jeûne du mois de Ramadân est obligatoire pour tout Musulman, homme ou femme, adulte (c’est-à-dire ayant atteint l’âge de la puberté), sain d’esprit, et n’étant ni malade ni en voyage.
Si la maladie est temporaire, de sorte que la personne espère s’en rétablir rapidement, alors elle est autorisée à ne pas jeûner durant sa maladie, mais doit jeûner ultérieurement après le Ramadân pour compenser les jours manqués. Les personnes atteintes de maladies incurables et qui n’espèrent pas de rétablissement sont également autorisées à ne pas jeûner, mais elles doivent payer une compensation, c’est-à-dire qu’elles doivent offrir, pour chaque jour manqué, les repas d’une journée à une personne indigente. Il est aussi permis de verser la valeur monétaire de ces repas à la personne indigente. Les femmes en période de menstrues ou en période de couches ne sont pas autorisées à jeûner, mais elles doivent rattraper les jours manqués après le Ramadân. Les femmes enceintes ou qui allaitent peuvent reporter leur jeûne, après le Ramadân, si elles éprouvent de la difficulté à jeûner.
Selon la Loi islamique, un voyage est un déplacement hors de la ville de résidence d’une distance minimale de 80 kilomètres. C’est également à partir de cette distance qu’il est permis de raccourcir les prières. Le voyage doit avoir des motifs valables. Il est en effet interdit de voyager pendant le Ramadân uniquement pour ne pas avoir à jeûner. Le Musulman devrait essayer de modifier son agenda durant le Ramadân, afin de pouvoir jeûner et de ne voyager que si cela est nécessaire. Le voyageur qui manque des jours du Ramadân doit les rattraper ultérieurement après le Ramadân aussitôt que possible.
Il faut éviter de faire toute chose susceptible d’invalider le jeûne. Les choses qui invalident le jeûne et qui requièrent le qadâ’, c’est-à-dire que l’on refasse les jours invalidés, sont les suivantes :
Les rapports sexuels pendant le jeûne sont interdits et constituent un grand péché. Ceux qui s’y adonnent pendant le jeûne doivent refaire le jeûne des jours qui auront été invalidés et expier leur faute en jeûnant soixante jours supplémentaires après le Ramadân, ou en nourrissant soixante indigents pour chaque jour qu’ils auront invalidé. Selon l’Imâm Abû Hanîfah, manger et/ou boire délibérément durant le jeûne entraînent le même rattrapage et le même rachat.
Pendant le jeûne, les choses suivantes sont permises :
Le jeûne doit essentiellement vérifier deux conditions pour être valide :
Traduit de l’anglais du site Islamonline.net. La version originale est consultable sur archive.org.
[1] Dr Muzammil Siddîqî est l’ancien Président de la Société Islamique d’Amérique du Nord.
[2] Sourate 18, Marie, Maryam, verset 26.
[3] Sourate 2, la Vache, Al-Baqarah, verset 183.
[4] Évangile de Matthieu, chapitre 17, verset 21.
[5] Sourate 2, la Vache, Al-Baqarah, verset 185.
[6] Les suppositoires par exemple.
[7] On entend par « rêve mouillé » tout rêve érotique accompagné d’une pollution.
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