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Carmona, ville militaire

samedi 6 juillet 2013

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Vue d’ensemble de Carmona

Carmona (Qarmûnah en arabe) est une petite ville espagnole, située en Andalousie, à 35 km au nord-est de Séville (Ishbîliyah en arabe). De taille modeste, elle est entourée de toutes parts de plaines et de montagnes. Par sa géographie, la ville était réputée pour son inexpugnabilité.

Peuplée depuis la préhistoire, Carmona fut une ancienne cité militaire musulmane, comptant de nombreux châteaux et portes typiques de l’architecture andalouse. Elle constitua depuis toujours un poste de défense avancé de la grande métropole voisine qu’est la ville de Séville. Séville fut en effet la première capitale de l’Andalousie musulmane, avant de céder son statut à Cordoue quelques années après la conquête de la Péninsule ibérique. En tant que ville importante, elle était donc dotée de forts militaires contribuant à sa protection contre les invasions. Carmona était dévolue à ce rôle.

La ville, fortifiée, était munie d’une muraille datant de l’époque romaine, et de nombreuses portes, dont les deux principales sont la Porte de Séville et la Porte de Cordoue, encore debout de nos jours. La ville actuelle de Carmona est constituée de deux zones distinctes : la vieille ville et la ville moderne. La vieille ville est délimitée au nord par la Porte de Cordoue, et au sud par la Porte de Séville. La ville moderne, bâtie sous la domination espagnole, est délimitée pour sa part par la Porte de Séville et par la nécropole romaine.

Selon certaines sources, la Porte de Cordoue remonte à l’époque romaine, puis a été restaurée par les souverains musulmans, et enfin par les rois de Castille.

Les deux parties de la ville restent aujourd’hui encore marquées par l’influence andalouse : les rues sont étroites, les édifices anciens, et les forts et les tours rappellent la présence musulmane dans cette cité.

Après la chute du califat omeyyade d’Andalousie, la ville devint la capitale du royaume berbère des Banû Barzâl (1012 – 1066), durant l’époque des taïfas. Puis elle fut conquise en 1066 par les Abbadides de Séville, qui fortifièrent ses défenses, de façon à protéger leur capitale. Passant tour à tour des Almoravides en 1091 aux Almohades en 1150, la ville tomba entre les mains des Castillans en 1247, ouvrant la voie à la chute de Séville l’année suivante.

La ville de Carmona fit l’objet d’une description détaillée par le géographe marocain du XVe siècle Muhammad Ibn `Abd Al-Mun`im Al-Himyarî : « Carmona, écrit-il, est une ville d’Andalousie située à l’est de Séville, à une cinquantaine de kilomètres d’Écija (Istijah en arabe). C’est une grande et vieille cité […] accrochée à flanc de montagne, et entourée d’une muraille en pierre construite par les Anciens. Des ouvertures étaient aménagées dans cette muraille en temps de paix et elles étaient rebouchées en temps de troubles. La ville est naturellement protégée et réputée inexpugnable, sauf du côté ouest. En cet endroit, la hauteur de la muraille s’élève à quarante pierres, soit quarante-trois coudées. Sur cette muraille ouest, se dresse une tour appelée la Tour Sans-Corne, sur laquelle étaient disposées des catapultes en temps de guerre. A l’angle nord de cette muraille, se trouve également un édifice appelé Samarmalah surplombé d’une tour de défense et dominant une prairie verte dont l’herbe ne flétrit jamais. Au pied de la muraille, il y a une douve antique très profonde, dont le terreplein est adossé à la muraille. Sur la muraille sud, se trouve en quelque endroit une grande roche escarpée qui se dresse comme un mur que le regard ne peut totalement embrasser tant il est haut. La muraille est construite sur cette roche, ne laissant dépasser qu’un espace permettant le passage d’un seul homme. Les gens empruntent ce passage pour aller récolter le miel ou capturer les oisillons dans les crevasses de la roche. Sur cette muraille méridionale, se trouve une porte, appelée Porte de Tarnâ, du nom d’un village alentour. La Porte de Cordoue, située à l’est de la muraille, est dotée de fortifications et de tours de défense. La Porte de Calsena se trouve quant à elle au nord-est : c’est par là qu’on prend la route de Cordoue, car c’est une route facile, tandis que la Porte de Cordoue ouvre sur une route escarpée et difficile d’accès. Enfin, la Porte de Séville, à l’ouest, permet d’entrer dans la ville par le biais d’une seconde porte, située à une cinquantaine de coudées de la porte principale.

A Carmona, il y a une belle mosquée constituée de sept cours entourées de colonnes de marbre avec des bases en pierre. Le grand marché se tient le jeudi. La ville contient des bains ainsi qu’un arsenal qui fut construit après l’incursion normande pour servir de dépôt d’armes. Dans Carmona intra-muros, on trouve de nombreuses ruines antiques et une carrière de pierre. Aux alentours de la ville, il y a de nombreuses autres carrières, dont une au nord. Séville se situe à l’ouest de Carmona, à une trentaine de kilomètres. A l’est de Carmona, s’étend une grande plaine arable, sur laquelle s’étendent de nombreux villages et qui regorge de ruisseaux, de sources d’eau et de puits.  »

P.-S.

Sources : Hukam.net, Ar-Rawd Al-Mi`târ fî Khabar Al-Aqtâr (Promenade parfumée dans la description des pays), ouvrage de Muhammad Ibn `Abd Al-Mun`im Al-Himyarî, disponible en ligne sur le site Islamstory.com et "Carmona, garnison militaire", épisode de l’émission "Sur les vestiges de l’Andalousie" diffusée sur la chaîne télévisée Al-Majd.

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