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`Umayr Ibn Sa`d Al-Ansârî

mardi 16 juillet 2002

`Umayr Ibn Sa`d se retrouva orphelin alors qu’il était encore très jeune. Son père mourut, laissant sa mère et lui- même, pauvres et démunis. Puis sa mère se remaria avec l’un des hommes les plus riches de Médine. Il s’appelait Julas Ibn Suwayd de la puissante tribu des Al-Aws

Julas veillait attentivement sur `Umayr et de son coté `Umayr l’aimait autant qu’un fils s’accorde à aimer son père. Il en oublia ainsi qu’il était orphelin. Au fur et à mesure qu’`Umayr grandissait, l’affection et la tendresse de Julas à son égard grandissaient également. Julas était particulièrement frappé de l’intelligence que `Umayr manifestait dans ses affaires ainsi que de son comportement empreint d’honnêteté et de loyauté.

`Umayr embrassa l’islam, alors qu’il avait à peine dix ans. La foi trouva en son tendre cœur un refuge sûr et pénétra tout son être. Bien que très jeune, il ne manquait jamais d’accomplir, en son heure, la prière dirigée alors par le noble Prophète — paix et bénédictions sur lui —. On le retrouvait souvent au milieu des fidèles du premier rang, aspirant à ce repentir promis à ceux qui se hâtent de bonne heure vers les mosquées et s’assoient dans les premiers rangs. Sa mère se réjouissait la première de le voir ainsi aller à la mosquée et en revenir tantôt seul, tantôt accompagné de son mari.

Les journées d’Umary se déroulaient ainsi, sans aucun souci dans le calme et la satisfaction. Pourtant cette situation idyllique ne pouvait durer infiniment et `Umayr allait bientôt devoir affronter une bien dure épreuve pour un garçon de son âge, une épreuve qui bouleversera l’atmosphère paisible et aimante de son foyer et ébranlera l’immuabilité de sa foi.

Lors de la neuvième année après l’Hégire, le Prophète — paix et bénédictions sur lui — fit part de son intention de mener une expédition militaire contre les forces byzantines situées à Tabuk. Il ordonna donc aux musulmans de se préparer.

Or, d’ordinaire, lorsque le Prophète — paix et bénédictions sur lui — envisageait une campagne militaire, il ne donnait aucun détail sur ses intentions ou encore se dirigeait dans la direction opposée à sa réelle destination. Il agissait ainsi pour des raisons de sécurité afin de prendre à contre-pied les espions de ses ennemis. Il ne le fit pas lorsqu’il annonça l’expédition sur Tabuk, peut-être à cause de la distance conséquente qui séparait cette dernière de Médine, des difficultés énormes qui étaient à prévoir ainsi que de l’écrasante puissance de l’ennemi.

D’importantes préparations furent nécessaires à cette expédition. En dépit du fait que la saison estivale s’annonçait et que ces vagues de fortes chaleurs généraient fatigue et langueur, malgré le début de la période des récoltes, les musulmans répondirent avec enthousiasme à l’appel du Prophète — paix et bénédictions sur lui — et se mirent activement à la préparation de l’expédition.

Il y avait un groupe d’hypocrites qui extérieurement avaient fait allégeance à l’islam, mais qui à l’intérieur d’eux-mêmes n’y croyaient pas. Ils critiquaient et tentaient d’affaiblir la motivation des musulmans. Ils allaient même jusqu’à ridiculiser le Prophète — paix et bénédictions sur lui — lors de leurs assemblées privées. L’incrédulité et la haine étaient scellées dans leurs cœurs.

Un jour, très peu de temps avant que l’armée ne se mette en marche, le jeune `Umayr Ibn Sa`d rentra chez lui après avoir accompli la prière à la mosquée. Il était tout excité. Il venait, en effet, d’être témoin de la générosité et de l’esprit de sacrifice spontanés qui animaient les musulmans dans leurs préparatifs de l’expédition. Il avait vu les femmes des Muhajirin et des Ansars offrir leurs bijoux et leurs parures pour acheter l’approvisionnement et l’équipement des soldats. Il avait vu Othman Ibn Affan, que Dieu soit satisfait de lui, remettre au Prophète — paix et bénédictions sur lui — une caisse contenant près d’un millier de dinars-or ainsi qu’Abdur Rahman Ibn Awl porter sur ses épaules deux cents awqiyyah en or et les placer devant le noble Prophète — paix et bénédictions sur lui —.

A la maison, il ne cessa de raconter cet émouvant spectacle riche en enseignements. Ce faisant, il fut surpris de voir Julas si lent à préparer cette expédition coordonnée par le Prophète — paix et bénédictions sur lui — et surtout si peu enclin à offrir sa contribution alors qu’il était riche et en mesure de donner avec générosité. `Umayr sentit qu’il se devait d’attiser son ardeur, son sens de la générosité et sa virilité. C’est ainsi qu’il raconta avec enthousiasme des incidents dont il a été témoin à la mosquée, notamment le cas de ces croyants qui avec ferveur étaient venus se faire enrôler dans l’armée mais qui furent refoulés par le Prophète — paix et bénédictions sur lui —, faute de moyens de transport suffisant. Il raconta la tristesse et la déception de ces gens de ne pas pouvoir assouvir leur soif de jihad dans la voie de Dieu, Exalté soit-Il. La réponse de Julas fut tranchante et choquante :

" Si Muhammad dit la vérité en attestant qu’il est un prophète, s’écria t-il avec colère, alors nous sommes tous pires que des ânes. "

`Umayr était stupéfait. Il ne pouvait croire ce qu’il venait d’entendre. Il ne pouvait penser qu’un homme aussi intelligent que Julas puisse avoir proférer de telles paroles, des paroles qui l’avaient aussitôt exclu du monde de la foi.

Toute une série de questions traversèrent alors son esprit ; il réfléchit à ce qu’il convenait de faire. Il décelait dans le silence et l’hésitation de Julas à répondre à l’appel du Prophète — paix et bénédictions sur lui — des signes évidents de trahison à l’égard de Dieu et de Son Prophète, destinés à porter préjudice à l’islam de la même manière que les munafiqun qui complotaient et conspiraient contre le Prophète — paix et bénédictions sur lui —. Dans le même temps il voyait un homme qui l’avait traité comme son père et qui avait été bon et généreux envers lui, qui l’avait recueilli comme orphelin et l’avait protégé de la pauvreté.

`Umayr avait à choisir entre préserver sa relation étroite avec Julas et dénoncer sa traîtrise et son hypocrisie. Le choix était douloureux mais sa décision fut vite prise. Il se tourna vers Julas et dit :

" Par Dieu, ô Julas, dans ce monde aucune autre personne ne m’est aussi chère après Muhammad Ibn Abdallah que toi. Tu m’es le plus proche parmi les hommes et tu as été plus que généreux à mon encontre ; mais tu viens de prononcer des paroles, qui, si je devais les répéter, te révèleraient et t’humilieraient et, si je les dissimulais, feraient de moi un traître à ma croyance et me détruiraient moi et ma religion. C’est pourquoi, je vais me rendre auprès du Messager de Dieu — paix et bénédictions sur lui —, et je vais lui répéter ce que tu as dit. Ce sera alors à toi de clarifier ta position. "

Le jeune `Umayr se rendit alors à la Mosquée et informa le Prophète — paix et bénédictions sur lui — de ce que Julas avait dit. Le Prophète — paix et bénédictions sur lui — l’invita à rester près de lui et dépêcha l’un de ces Compagnons convoquer Julas.

Julas arriva, salua le Prophète — paix et bénédictions sur lui — et s’assit face à lui. Aussitôt, le Prophète — paix et bénédictions sur lui — l’interrogea :" Qu’as-tu dit qu’`Umayr a pu entendre ? " Puis il mentionna ce que `Umayr venait de lui rapporter. " Ô Messager de Dieu, il a menti à mon sujet, tout ceci n’est que mensonge de sa part. Je ne me suis jamais exprimé de la sorte ", affirma Julas.

Les Compagnons du Prophète — paix et bénédictions sur lui — contemplèrent alors successivement les visages de Julas et de `Umayr afin d’y découvrir ce que leurs cœurs dissimulaient. Ils se consultèrent. L’un de ceux dont le cœur était atteint de la maladie de l’hypocrisie dit : " Ce jeune est une nuisance. Il a calomnié quelqu’un qui a été bon envers lui. " D’autres répondirent : " Pas du tout. C’est un jeune qui a grandi dans l’obéissance de Dieu. L’expression de son visage atteste de sa loyauté. "

Le Prophète — paix et bénédictions sur lui — se tourna vers `Umayr et vit son visage rougir ainsi que les larmes couler sur ses joues. `Umayr se mit alors à prier :

" Ô Seigneur, fait descendre une révélation sur Ton Prophète — paix et bénédictions sur lui — afin de vérifier ce que je lui ai rapporté. " Julas, lui, continuait à se défendre en disant : " Ô Messager, ce que je viens de te dire est sans nul doute la vérité ; si tu le souhaites, tu peux même nous faire jurer en ta présence. Je jure par Dieu que je n’ai rien dit de semblable à ce que `Umayr t’a rapporté. "

Alors que les Compagnons se tournèrent à `Umayr afin d’écouter ce qu’il avait à répondre, ils virent le Prophète — paix et bénédictions sur lui — basculer dans un état de sérénité, ils réalisèrent alors que le Prophète — paix et bénédictions sur lui — était sous l’emprise de l’inspiration divine. Aussitôt, ils se turent et fixèrent ce dernier. A ce moment précis, la peur et la terreur s’emparèrent de Julas et il commença à regarder `Umayr avec crainte. Le Prophète — paix et bénédictions sur lui —, ayant reçu la révélation, récita les paroles de Dieu : " Ils jurent par Allah qu’ils n’ont pas dit [ce qu’ils n’ont pas proféré], alors qu’en vérité ils ont dit la parole de la mécréance et ils ont rejeté la foi après avoir été musulman. Ils ont projeté ce qu’ils n’ont pu accomplir. Mais ils n’ont pas de reproche à faire si ce n’est qu’Allah - ainsi que Son messager - les a enrichis par Sa grâce. S’ils se repentaient, ce serait mieux pour eux. Et s’ils tournent le dos, Allah les châtiera d’un douloureux châtiment, ici-bas et dans l’au-delà : et ils n’auront sur terre ni allié ni secoureur. " (Coran, Sourate 9, Le Repentir, verset 74)

Julas se mit à trembler de peur en écoutant cette révélation et pétrifié d’angoisse, il put à peine parler. Finalement, il se tourna vers le Prophète — paix et bénédictions sur lui — et dit : " Je me repends, ô Messager de Dieu, je me repends. `Umayr n’a pas menti, c’est moi le menteur, je supplie Dieu d’accepter mon repentir" Et le Prophète se tourna alors vers le jeune `Umayr. Des larmes de joies mouillaient son jeune visage, irradié par la lumière de la foi. De sa noble main, le Prophète — paix et bénédictions sur lui — lui attrapa tendrement l’oreille et dit : " Jeune homme, ton oreille a su entendre la vérité et ton Seigneur a par ailleurs confirmé que ce que tu avais rapporté était la vérité."

Julas retrouva ainsi le chemin de l’islam et par la suite il fut un musulman sincère. Les Compagnons comprirent que le bon traitement et la générosité de Julas vis-à-vis d’`Umayr avaient permis que soit agréé son repentir. Et depuis, à chaque fois que le nom de `Umayr était mentionné, Julas disait : " Mon Dieu, récompense `Umayr de sa bonté à mon égard. Il m’a très certainement sauvé du kufr et il a préservé mon cou des flammes de l’enfer.

`Umayr grandit et se distingua tout au long des années par cette même dévotion et fermeté qu’il avait manifestées au cours de sa jeunesse. Durant le califat d’`Omar Ibn Al-Khattab, que Dieu soit satisfait de lui, le peuple de Hims en Syrie se plaignit des gouverneurs nommés dans leur cité. Pourtant `Omar, que Dieu soit satisfait de lui, apportait un soin tout particulier au choix du type d’homme qu’il nommait gouverneur de province. En choisissant un gouverneur, `Omar, que Dieu soit satisfait de lui, disait : " Je veux un homme qui fasse partie du peuple et non pas quelqu’un qui veut être leur Emir et s’il se comporte parmi eux comme un Emir, c’est qu’il adopte leur comportement. Je veux un gouverneur qui ne se distingue du peuple ni par les vêtements qu’il porte, ni par la nourriture qu’il mange, ni par la demeure qu’il habite. Je veux un gouverneur qui instaure la prière parmi les gens, qui les traite équitablement et avec justice et ne ferme pas sa porte à qui a besoin de lui. "

A la suite de la plainte du peuple de Hims et conformément à ses propres critères de sélection, `Omar Ibn Al-Khattab, que Dieu soit satisfait de lui, nomma `Umayr Ibn Sa`d gouverneur de la région. Et ce malgré le fait qu’`Umayr était à cette époque-là à la tête d’une armée de musulmans qui traversait la péninsule arabique et la région de la grande Syrie, libérant les villes, détruisant les forteresses ennemies, pacifiant les tribus et construisant des mosquées. `Umayr accepta cette nomination comme gouverneur de Hims avec réticence car il préférait avant tout le jihad dans la voie de Dieu. Il était encore jeune, ayant à peine dépassé vingt ans.

Lorsque `Umayr arriva à Hims, il rassembla les habitants pour une grande prière en commun. Une fois la prière terminée, il s’adressa à eux en ces termes. Il commença par invoquer Dieu, à le remercier et à appeler la paix et la bénédiction de Dieu sur le Prophète Muhammad. Puis il dit : " Ô peuple, l’islam est une puissante forteresse et une robuste barrière. La forteresse de l’islam est la justice et la barrière, la vérité. Si vous détruisez cette forteresse et démolissez cette barrière, vous saperez les défenses de cette religion. L’islam demeurera fort tant que le sultan ou l’autorité centrale restera forte. La force du sultan ne lui vient pas des coups de fouets ou d’épée, mais elle lui vient de la justice et de la vérité. "

`Umayr resta un an à Hims et durant tout ce temps il n’envoya aucune lettre au Commandeur des croyants et n’envoya rien au trésor central de Médine, pas un dirham pas un dinar.

`Omar, que Dieu soit satisfait de lui, était toujours concerné par les performances de ces gouverneurs et avait peur que leur position ne les corrompît. Car, pour autant qu’il en ait connaissance, aucun d’eux n’était à l’abri du pêcher ou des influences corruptrices si ce n’est la noble Prophète — paix et bénédictions sur lui —. Il convoqua son secrétaire et dit : " Ecris à `Umayr Ibn Sa`d et dis lui : " lorsque tu recevras la lettre du Commandeur des croyants, quitte Hims et viens à moi et amène-moi toutes les taxes que tu auras prélevées. " "

`Umayr reçut la lettre. Il prit sa besace et suspendit ses ustensiles pour manger, boire et se laver à son épaule. Il prit sa lance et laissa Hims et son gouvernorat derrière lui. Il partit à Médine à pied. Lorsque il atteignit de Médine, il était brûlé par le soleil, son corps était décharné et ses cheveux avaient poussé. Son apparence montrait tous les signes d’un long et pénible voyage. `Omar, que Dieu soit satisfait de lui, en le voyant fut stupéfait. " Mais que t’arrive-t-il, `Umayr ? lui demanda-t-il avec inquiétude.

— Rien du tout, ô Commandeur des croyants, répondit `Umayr, je vais bien et je suis en bonne santé, grâce à Dieu, et j’apporte avec moi tout ce que je possède.

— Et que possèdes-tu ? demanda `Omar, que Dieu soit satisfait de lui, pensant qu’il apportait de l’argent pur le trésor des musulmans.

— J’ai ma besace dans laquelle je mets mes provisions. J’ai ce récipient dans laquelle je mange et que j’utilise pour laver mes cheveux et mes habits. Et j’ai cette coupe que j’utilise pour faire mes ablutions et boire.

— Es-tu venu à pied ? demanda encore `Omar, que Dieu soit satisfait de lui.

— Oui, ô Commandeur des croyants.

— Ne pouvais-tu te faire donner un cheval par ton gouvernorat ?

— Il ne m’en a pas donné et je n’en ai pas demandé ;

— Et où est l’argent que tu apportes pour le bayt Al-mal ?

— Je n’en ai pas apporté.

— Et pourquoi donc ?

— Lorsque j’arrivais à Hims, dit `Umayr, je convoquais les gens les plus droits de la ville à une réunion et je leur confiais la responsabilité de collecter les taxes. Chaque fois qu’ils revenaient avec les montants de leurs taxes, je leur demandais conseil et je dépensais tout pour ceux qui le méritaient. "

A ce moment du récit, `Omar, que Dieu soit satisfait de lui, se tourna vers son secrétaire et dit : " Renouvelle la nomination de `Umayr comme gouverneur de Hims !

— Oh non, protesta `Umayr, je ne le désire pas. Je ne veux pas être gouverneur, ni pour toi, ni pour aucun autre qui te succèdera, ô Commandeur des Croyants.

Ensuite `Umayr demanda l’autorisation de se rendre dans son village près de Médine, où vivait sa famille. `Omar, que Dieu soit satisfait de lui, lui donna cette permission. Cela faisait longtemps que `Umayr n’était pas retourné dans son village et `Omar, que Dieu soit satisfait de lui, décida de le tester. Il dit à l’un de ses fidèles appelé Al-Harith : " Harith, va auprès d’`Umayr Ibn Sa`d et reste avec lui comme son invité. Si tu vois quelque signe de richesse que ce soit, reviens tranquillement. Et si tu le trouves dans une situation difficile, donne lui ces dinars. " Et `Omar, que Dieu soit satisfait de lui, lui donna cent dinars. Al-Harith se rendit dans le village d’`Umayr et après avoir chercher, trouva sa maison. Il salua `Umayr : " As-salamu alaykum wa rahmatullah.

— Wa alaykum salam wa rahmatullahi wa barakatuhu, repondit `Umayr, puis il lui demanda : d’où viens-tu ?

— De Médine.

— Comment se portent les musulmans là-bas ?

— Bien.

— Comment se porte le Commandeur des Croyants ?

— Il va bien.

— A-t-il appliqué les lois de Hudûd ?

— Oui. Il a rendu une sentence de punition sur son propre fils pour avoir commis l’adultère. Son fils est mort. Ô Allah, vient en aide à `Omar. Je ne sais qu’une chose, que l’amour qu’il Te porte est grand. "

Al-Harith fut l’invité de `Umayr pendant trois nuits. Chaque soir, il recevait un petit morceau de pain. La troisième nuit, un villageois dit à Harith : " `Umayr et sa famille souffrent de la pauvreté. Ils n’ont que ce pain qu’ils t’ont donné. Ils ont faim et sont dans une grandes détresse. " Harith se rendit alors auprès de `Umayr et lui donna le sac d’argent. " Qu’est-ce ?, demanda `Umayr.

— Le Commandeur des croyants t’envoie ceci.

— Rends-le lui. Donne-lui mes salutations de paix et dis-lui que `Umayr n’a besoin de rien.

— Prends-le, `Umayr, cria sa femme qui avait entendu la conversation entre son mari et leur invité. Si tu en as besoin, tu peux l’utiliser. Si tu n’en as pas besoin, tu peux le donner à ceux qui en ont besoin. "

Lorsque Harith entendit ce qu’elle avait dit, il plaça les dinars devant `Umayr et partit. `Umayr prit l’argent et le mit dans un petit sac. Il n’alla dormir cette nuit-là qu’une fois qu’il eut distribué l’argent à tous ceux qui en avaient besoin et particulièrement aux enfants des martyrs.

Al-Harith retourna à Médine et fut interrogé par `Omar Al-Faruq, que Dieu soit satisfait de lui. " Alors, qu’as-tu vu, Harith ?

— Une situation de grande détresse, ô Commandeur des Croyants.

— Lui as-tu donné les dinars ?

— Oui, ô Commandeur des croyants.

— Qu’en a-t-il fait ?

— Je ne sais pas. Je pense qu’il n’en a pas conservé un seul dinar pour lui. "

Al-Faruq, que Dieu soit satisfait de lui, écrivit à `Umayr : " Lorsque tu recevras cette lettre, je n’aurai de cesse que tu ne sois auprès de moi. " `Umayr se rendit aussitôt à Médine. `Omar, que Dieu soit satisfait de lui, le salua et lui souhaita la bienvenue, puis il lui posa les questions suivantes : " Qu’as-tu fait de mes dinars, `Umayr.

— Tu n’as plus aucun droit sur cet argent, après me l’avoir donné.

— Je t’adjure de me dire ce que tu en as fait.

— Je l’ai placé pour moi, pour le jour où ni richesse, ni enfant ne seront de quelque utilité que ce soit. "

Les larmes vinrent aux yeux d’`Omar, que Dieu soit satisfait de lui, alors qu’il disait :

— Je jure que tu es l’un de ceux qui sont très durs envers eux-mêmes alors qu’ils sont dans le besoin.

Il ordonna que soit attelé un chameau plein de nourritures et préparé deux vêtements et que le tout soit donné à `Umayr. " Nous n’avons pas besoin de la nourriture, ô Commandeur des croyants. J’ai laissé deux mesures d’orge à ma famille lorsque je suis parti et lorsque nous les aurons terminées, Dieu, exalté soit-Il, pourvoira à nos besoins. Quant aux vêtements, je les prends pour ma femme, car elle s’habille de haillons et est presque nue. "

Peu après cette rencontre avec `Omar Al-Faruq, que Dieu soit satisfait de lui, `Umayr s’en alla rencontrer son Seigneur. Il avait vécu sans accorder aucune importance aux bienfaits de ce monde mais il avait fait pleine provision pour l’Au-delà. Lorsque `Omar, que Dieu soit satisfait de lui, entendit la nouvelle de sa mort, il fut touché et il dit : " J’aurais aimé avoir l’aide d’hommes tel que `Umayr Ibn Sa`d pour la gestion des affaires des musulmans ! "

P.-S.

Traduit de l’anglais de
Companions of The Prophet, volume 1, de Abdul Wâhid Hamid.

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