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Al-Qarawiyyîn : un foyer de culture universelle

samedi 11 avril 2009

Rôle d’Al-Qarawiyyîn dans la construction de l’identité islamique

Chaque nation a une double identité : une identité matérielle et civilisationnelle et une identité morale et culturelle. La nation musulmane, qui est une nation millénaire, obéit à cette règle. Son identité s’est ainsi construite à partir de facteurs socio-culturels et civilisationnels dont l’élaboration est le fruit du concours, entre autres, d’institutions universitaires multiséculaires.

L’Université Al-Qarawiyyîn faisant justement partie de ces vénérables institutions islamiques, son apport scientifique et son patrimoine intellectuel ont contribué à la construction de l’identité islamique en particulier, et ont permis l’émergence, au bénéfice de l’humanité, de pionniers ayant oeuvré dans les divers champs de la connaissance, dont, bien entendu, les sciences islamiques que sont la coranologie, le Hadîth, le droit et les fondements de la religion.

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Porte de la Mosquée Al-Qarawiyyîn

Au fil des siècles, la Mosquée-Université Al-Qarawiyyîn a tenu un rôle majeur dans la diffusion du message qui lui a été dévolu au moment de sa fondation, à savoir la promotion des principes islamiques, de la langue arabe et du patrimoine arabo-musulman de manière générale. Localement, Al-Qarawiyyîn a permis l’ancrage de l’école de jurisprudence malékite au Maroc, participant ainsi à l’homogénéisation de la doctrine et de la pratique religieuse, gage de l’unité de la société marocaine.

Le prestige de cette université est en outre dû à la quantité de savants, juristes et penseurs, célèbres dans tout le monde musulman, qui ont marqué son parcours. On peut ainsi citer parmi ces hommes, l’éminent jurisconsulte Abû `Imrân Al-Fâsî (d. en 1039), l’homme de lettres Abû `Alî Al-Qâlî, le poète Sâbiq Al-Mattî ou encore l’illustre cadi, le Juge Abû Bakr Ibn Al-`Arabî (d. en 1148), sans oublier le célèbre grammairien Ibn Âjrûm (d. en 1323).

En raison de la situation géographique du Maroc, point de rencontre entre l’Islam et l’Europe, la Mosquée Al-Qarawiyyîn de Fès a toujours été aux avant-postes des échanges islamo-européens, qu’ils soient de nature plutôt cordiale comme à l’époque de l’Espagne musulmane ou plus mouvementée, comme à l’époque du colonialisme. Quoiqu’il en soit, l’Université a su préserver et défendre son héritage et ses valeurs arabo-musulmans. Par son biais, les différents sultans et rois ayant régné sur le Maroc ont pu mener à bien une politique d’arabisation de la société, et ce, en érigeant la langue arabe comme langue du savoir et de la connaissance.

Rayonnement de l’Université Al-Qarawiyyîn

Tout au long de son histoire, la ville de Fès a été le point de convergence de nombreux savants, traditionnistes, juristes, hommes de lettres, poètes, médecins et autres penseurs et artistes. Qu’ils soient des natifs de la ville ou des immigrants, ils ont permis à la cité et à sa Mosquée Al-Qarawiyyîn, à travers leurs pérégrinations, de rayonner sur tout le monde musulman, et même au-delà. Tel a été le cas des célèbres juristes Ibn Maymûn Al-Ghumârî ou Ahmad Zarrûq Al-Fâsî, dont l’influence s’est étendue non seulement au Maghreb, mais également au Machrek et en Andalousie. L’on peut également citer l’illustre géographe arabe Al-Idrîsî qui a vécu à Fès avant d’aller s’installer à la cour du roi Roger II de Sicile.

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Cour de la Mosquée Al-Qarawiyyîn

La diversité des savoirs enseignés à l’Université Al-Qarawiyyîn (sciences religieuses, sciences humaines et sciences dures) a permis une interfécondation mutuelle des différentes disciplines qui a contribué à enrichir le patrimoine intellectuel du Maroc, et par suite du monde musulman. C’est le constat de cette richesse qui a conduit les savants européens de la fin du Moyen-Âge puis de la Renaissance à traduire de l’arabe vers le latin et vers les langues européennes de nombreux auteurs d’Al-Qarawiyyîn, à l’instar d’Ibn Rushd (Averroès), Ibn Bâjah (Avempace), Ibn Zuhr (Avenzoar), Ibn Tufayl (Abubacer) ou encore Ibn Maymûn (Maïmonide).

Parmi ces savants européens, certains sont même allés en leur temps jusqu’à puiser à la source même du savoir, à la prestigieuse Université de Fès, à l’instar de l’humaniste flamand Nicolas Clénard (1495-1542), professeur à l’Université de Louvain, ou du mathématicien hollandais Jacob Golius (1596-1667) qui a rapporté avec lui de son voyage à Fès un manuscrit du traité de médecine rédigé par le savant juif Ibn Biklârish. Mais la personnalité européenne la plus marquante ayant côtoyé les savants fassis restera sans doute le mathématicien auvergnat Gerbert d’Aurillac (938-1003), qui, après avoir introduit en Europe les chiffres arabes et la numération décimale qu’il a étudiés à Al-Qarawiyyîn, deviendra plus tard le Pape Sylvestre II.

Ce lustre qu’a connu Fès grâce à sa prestigieuse Mosquée-Université a fait de la ville une des capitales scientifiques du monde médiéval, aux côtés de Cordoue et Bagdad. Tout comme elle demeure aujourd’hui la capitale intellectuelle du Maroc.

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