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Défense du dogme et de la loi de l’Islam contre les atteintes des orientalistes
Section : Ascétisme et Soufisme

L’Islam en perpétuelle formation !

lundi 19 avril 2004

Notre homme s’enfonce davantage dans ses fantasmes, écrivant que l’Islam est en perpétuelle formation. Ce ne serait pas seulement les premiers Musulmans qui en auraient synthétisé la matière pour lui donner ensuite forme, mais les Musulmans des générations postérieures prendraient également part à ce travail auquel les précédèrent leurs ancêtres.

Après nous avoir démontré que la Sunnah - qui est la deuxième source de l’Islam - était l’œuvre des Compagnons, le voici qui découvre pour nous une troisième source pourvoyant l’Islam de nouvelles conceptions et de nouveaux jugements qui n’avaient auparavant traversé l’esprit d’aucune institution. Et naturellement, l’origine de ces conceptions et de ces jugements est tout sauf divine.

Il s’agit du consensus, du ijmâʿ... Le consensus, d’après notre orientaliste avisé, aurait pour mission d’incorporer d’autres cultes et d’autres lois à l’héritage islamique, afin que ce dernier puisse affronter les siècles et satisfaire aux besoins des peuples.

Le besoin éprouvé pour cette troisième source proviendrait de l’incapacité du Livre et de la Sunnah à s’adapter à de nouvelles époques. « L’évolution des circonstances de la vie, l’expérience de pays et d’époques qui imposaient de tout autres conditions et entraînaient de tout autres conjonctures que la vie et la pensée primitives du temps des Compagnons, et aussi les nombreux antécédents et influences étrangères qu’il fallait assimiler et refondre, durent bientôt ouvrir une brèche et rendre impossible le maintien rigoureux de l’idée inflexible de Sunna comme critère unique du droit et de la vérité. » (page 215)

Il ajoute : « L’idée d’idjmâʿ s’affirme, dans cette évolution, comme élément conciliateur [entre la Sunnah et la bidʿah, innovation]. Lorsqu’un usage quelconque a traversé une longue période comme universellement toléré et reconnu, il est par là même devenu finalement Sunna. » Puis :

« Durant quelques générations, les pieux théologiens grommellent contre la bidʿa ; mais avec le temps elle est, en tant qu’élément de l’idjmâʿ, tolérée et même, en fin de compte, exigée. Ce que l’on considère dès lors comme bidʿa, c’est d’y contrevenir [...]. » Poursuivant ses délires, il ajoute à la page 216 : « L’histoire de l’Islâm prouve que les théologiens, si intraitables qu’ils se montrassent au début envers les usages nouvellement acceptés, ne répugnaient cependant pas à cesser leur résistance contre des habitudes qui avaient acquis droit de cité, et à décider qu’il y avait idjmâʿ là où peu auparavant l’on voyait encore une bidʿa. »

Et enfin : « On peut s’écarter des règles posées par la loi lorsqu’il est prouvé que l’intérêt de la communauté réclame un jugement autre que celui de la loi [...]. » Diable le mensonge ! !

Cet orientaliste poursuit donc son égarement, prétendant que le consensus d’une part et l’intérêt contingent d’autre part, constituent deux portes grandes ouvertes par lesquelles, au fil des années, pénètrent dans l’Islam des avis juridiques et des lois venant s’ajouter à ce qui était préexistant dans le dogme et la loi de l’Islam ! !

De tels propos ne peuvent être tenus que par un aliéné mental...

Car nul, parmi les anciens ou les contemporains, n’a prétendu que le consensus ou ijmâʿ avait une valeur probante dans l’établissement des verdicts religieux.

Et nul, parmi les anciens ou les contemporains, n’a prétendu que l’innovation ou bidʿah pouvait devenir Sunnah, au point que les savants la considéreraient comme exigible !

Nul Musulman n’a jamais prétendu que les textes pouvaient être abrogés par un consensus, ou que l’Ordre de Dieu et de Son Messager pouvait être abandonné si la Communauté considère qu’il est de son intérêt de l’abandonner ! !

Le consensus, afin qu’il puisse avoir une valeur probante, doit nécessairement s’appuyer sur une preuve tirée du Coran ou de la Sunnah... Sinon, il n’a aucun poids.

La prière par exemple est une prescription religieuse, d’après le Livre et la Sunnah... On invoque ensuite le consensus pour que chaque individu sache que les textes relatifs à la prière et la manière dont celle-ci est accomplie sont divinement établis et que nul homme ne peut y ajouter ou y retrancher quelque chose... C’est là qu’intervient le consensus.

Ce qui ne s’appuie pas sur une preuve légale tirée du Livre et de la Sunnah n’a strictement rien à voir avec le consensus...

Aucun savant ou ignorant musulman n’a dit que le simple consensus dépourvu d’arguments qui l’étayent pouvait imposer une chose ou en interdire une autre.

Quant à l’innovation, au sens d’un ajout ultérieur apporté aux enseignements de l’Islam, sans que Dieu ou Son Messager n’en aient parlé, il faut savoir qu’elle est la cible de la malédiction de l’unanimité des Musulmans.

Nous ne nions pas que certains idiots ont cherché à faire dire à certaines traditions ce qu’elles ne disent pas, et qu’ils se sont appuyés sur leur compréhension subjective et orientée pour commettre certaines innovations. Mais les gardiens de l’Islam se sont dressés face à ces mensonges, pour les combattre et les pourchasser. Et jusqu’au jour d’aujourd’hui, ils s’acquittent encore de ce devoir qui est le leur.

P.-S.

Traduit de l’arabe du livre de Sheikh Muhammad Al-Ghazâlî, Difâʿ ʿan Al-ʿAqîdah Wash-Sharîʿah didd Matâʿin Al-Mustashriqîn, éditions Nahdat Misr, deuxième édition, janvier 1997.

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