dimanche 19 octobre 2003
Lorsque le jour de l’Islam se leva sur le monde, et que son premier rayon de lumière scintilla sur le désert d’Arabie, l’esprit arabe se réveilla de sa torpeur, s’affranchit des souillures de l’obscurantisme pré-islamique et se mut au-devant de tous les horizons afin de réveiller les endormis, de briser les jougs de la tyrannie et de pousser la pensée inerte vers l’activité.
Le réveil islamique entama ainsi sa route bénie.
Nous posons ici la question suivante : L’esprit islamique s’est-il écarté de cette voie claire ? !
Réponse : La première étape de cette magnifique avancée était marquée par la rectitude de ses pas. Mais, par la suite, des déviances sont apparues, auxquelles les Imâms ont opposé une vive résistance, employant à cette fin d’honorables efforts pour garder la pensée islamique sur le droit chemin.
Lorsque nous méditons les connaissances acquises par les champions de l’Islam, nous remarquons que l’esprit islamique s’est mu avec force et perspicacité là où son activité est attendue ; il s’est en revanche contenté des fruits de la révélation là où il doit s’épargner les souffrances occasionnées par les recherches infructueuses.
Cela s’est poursuivi jusqu’à l’ère des traductions, cette ère au cours de laquelle les contrées musulmanes furent pénétrées par des idées judaïques, chrétiennes, grecques, indiennes, perses, etc.
Il n’y a rien d’étrange à ce qu’une personne cherche à connaître ce que possèdent les autres civilisations. Mais ce qui s’est passé, hélas, c’est que la pensée islamique a été bouleversée par une terrible migraine, simplement à cause de la souplesse exagérée des Musulmans qui acceptaient aussi bien le grain que l’ivraie.
La seconde cause de cette migraine revient à la frénésie avec laquelle les Musulmans ont employé leurs efforts à étudier la métaphysique, subjugués qu’ils étaient par les légendes des Anciens qui cherchaient à décrire l’Être ! Cette frénésie aura ainsi empêché cet esprit intelligent de se tourner vers la physique, vers la vie et vers la conduite matérielle de la religion.
Était-ce là le chemin emprunté par les Imâms, et la voie suivie par la majorité de la Communauté ? Non, bien sûr... Les Imâms, dans les diverses contrées musulmanes sans exception, s’occupaient de l’étude de la législation islamique. Les foules s’étaient rassemblées autour d’eux et s’occupaient ainsi de vérité, non d’erreur et de chimères...
L’élite intellectuelle musulmane est constituée d’hommes qui n’ont pas cherché à dépasser, dans leurs recherches et leurs études, le cadre de la vie générale et le cercle des relations humaines. Ils se sont efforcés de réviser la réalité humaine à la lumière des directives de l’Islam. Mais lorsqu’ils touchaient au domaine de la croyance et du culte, ils n’avaient d’autre choix que de rechercher l’Agrément divin et de respecter les textes afférents.
Mâlik par exemple - l’Imâm de Médine - refusa de prononcer un seul mot sur l’interprétation de l’établissement de Dieu sur le Trône (al-istiwâ’). Il montrait ainsi la position de l’esprit islamique face aux recherches métaphysiques.
Mais cet homme qui s’était tu au niveau de cette question n’en passa pas moins la fleur de son existence à enseigner le savoir cultuel et moral ainsi que les implications de la foi sur les comportements humains. Il estima que se faire fouetter à cause d’un verdict juridique, d’une fatwâ, condamnant les excès des gouvernants, était plus proche de la nature de l’Islam que de prononcer un seul mot sur l’essence des Attributs de Dieu.
Ce réalisme sérieux est la caractéristique la plus répandue dans la jurisprudence islamique et dans la vie de ses représentants.
La jurisprudence consiste en fait en des ramifications de la législation, et ce, dans toutes les affaires sociales et les relations humaines. Mais lorsque ce fléau qu’est la théodicée s’abattit sur le monde musulman et que les déviants commencèrent à travailler les esprits par de sombres légendes théologales, les représentants de l’Islam éprouvèrent un malaise face à un tel fourvoiement. Ce malaise explosa dans l’attitude adoptée par Ahmad Ibn Hambal à l’encontre des Muʿtazilites et des rois ʿabbâsides.
Traduit de l’arabe du livre de Sheikh Muhammad Al-Ghazâlî, Difâʿ ʿan Al-ʿAqîdah Wash-Sharîʿah didd Matâʿin Al-Mustashriqîn, éditions Nahdat Misr, deuxième édition, janvier 1997.
© islamophile.org 1998 - 2024. Tous droits réservés.
Toute reproduction interdite (y compris sur internet), sauf avec notre accord explicite. Usage personnel autorisé.
Les opinions exprimées sur le site islamophile.org sont celles de leurs auteurs. Exprimées dans diverses langues étrangères, ces opinions sont mises à la portée des lecteurs francophones par nos soins, à des fins d'information, de connaissance et de respect mutuels entre les différentes cultures et religions du monde.