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Qui est savant ?

mercredi 6 avril 2005

Question

Chers savants, que la paix soit sur vous. Qui sont les savants aujourd’hui ? Est-il suffisant de posséder un diplôme islamique et d’être désigné comme étant un savant par les gens pour en être un ?

Que Dieu vous récompense.

Réponse du Sheikh Ahmad Kutty

La voie vers la savoir est la même qu’autrefois. Comme l’Imâm Al-Bukhârî l’a dit : "La connaissance s’acquiert par l’étude". On demanda à l’Imâm Ibn Al-Mubârak comment apprendre la jurisprudence, il répondit : "Elle ne peut être apprise qu’en étudiant auprès des savants". Malheureusement, aujourd’hui, la science islamique a tellement peu de valeur que quiconque a lu un livre ou deux s’autoproclame expert en sciences islamiques. Comme l’ont souligné à juste titre nos contemporains Sheikh Muhammad Al-Ghazâlî et Sheikh Yûsuf Al-Qaradâwî, ce qui est tragique en Amérique du Nord de nos jours, c’est que des ingénieurs ou des gens de formation scientifique s’improvisent juristes et experts de l’islam, si bien qu’en définitive, nous manquons de bons ingénieurs et ne savons que faire de ces juristes incompétents. La solution est de s’investir chacun dans sa spécialité car telle était la voie vers la science dans le passé.

Lorsqu’on interrogea l’Imâm Ash-Shâfiʿî sur la manière de devenir un savant, il répondit : "Mon frère, il n’est possible d’atteindre la connaissance qu’en remplissant six conditions : l’intelligence, la passion, la persévérance, la subsistance, la guidance d’un professeur et des années dédiées aux études."

Les savants du passé étaient très vigilants quant au danger que représentaient les faux prétendants au savoir. Pour pallier à ce risque, ils formalisèrent le processus de reconnaissance des savants en mettant l’accent sur la ijâzah, une licence ou un certificat décerné par un (ou plusieurs) savant(s) à des étudiants, attestant qu’ils ont complété leur cursus ou leur étude de certains textes. Il y avait différents niveaux de ijâzah. Certaines ijâzâh étaient de simples certificats d’étude d’une ou deux références en particulier, tandis que d’autres attestaient d’un enseignement plus intensif. Il était entendu que seuls les gens ayant suivi une formation dans toutes les disciplines auxiliaires, avant de se consacrer exclusivement à l’étude de la jurisprudence, étaient habilitées à émettre des verdicts juridiques ou de discourir au sujet de la Loi et de la jurisprudence.

Ces ijâzah ainsi que le système universitaire figurent parmi les contributions de l’islam à l’humanité. Il est donc erroné de faire la distinction entre diplôme universitaire et ijâzah.

De même que toutes les ijâzah ne se valent pas, tous les diplômes universitaires dans le domaine des études islamiques ne sont pas du même niveau ni de la même nature. Une personne formée en lettres arabes est un linguiste, mais pas une autorité en jurisprudence. De même, une savant qui a étudié le Hadith est un simple savant du Hadith et ne peut guère être sollicité pour donner des verdicts juridiques. Plus important encore, un diplôme de premier niveau est simplement une introduction au domaine, tandis que la spécialisation, qui implique plusieurs années consacrées à l’étude et à la recherche, est véritablement ce qui fait un savant. Il est malheureux de constater que certaines personnes ignorent la nécessité de se spécialiser.

Il est clair, après ces propos, qu’un savant ne l’est pas parce que les gens du commun le pensent ou parce qu’il s’est autoproclamé comme tel, mais par sa formation intensive auprès de savants reconnus dans le domaine en question. Les diplômes ou les habilitations constituent des attestations, étant donné qu’ils ont été décernés par des universités accréditées ou des instituts d’enseignement supérieur.

En conclusion, disons que la voie du savoir est toujours ouverte devant ceux qui ont de l’ambition, tout comme elle l’était pour les savants du passé. Une fois qu’une personne a acquis la formation nécessaire, l’immense trésor de l’héritage islamique en matière de jurisprudence ou d’autres disciplines s’ouvre devant elle. Elle acquiert alors la capacité de parler librement avec les plus hautes autorités et d’atteindre ses propres conclusions. Ainsi, ne limitez jamais la Miséricorde d’Allâh à une génération en particulier. La voie de la science est toujours ouverte pour les gens prêts à plonger dans l’océan. Mais souvenez-vous que celui qui plonge dans l’océan sans savoir nager se noie et périt !

P.-S.

Traduit de l’anglais du site Islamonline.net.

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