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L’Imam Ahmad Mashhûr Al-Haddâd

mercredi 25 janvier 2006

Ahmad Mashhûr Al-Haddâd (1911 - 1995)

Jadis, les Compagnons et les Successeurs parcoururent les terres pour prêcher la religion et appeler à Dieu. Ces flux migratoires collectifs ou individuels apportèrent à des terres lointaines le message universel de l’Islam. À l’image de ces voyageurs des siècles révolus, l’Imam Ahmad Mashhûr Ibn Tâhâ Al-Haddâd est un noble savant et un gnostique ayant quitté la région de Hadramaout au Yémen dans sa jeunesse pour prêcher l’Islam dans diverses contrées du continent africain. Il symbolise par excellence le dévouement du prédicateur et de l’éducateur spirituel.

Les Bâ ʿAlawîs et la famille Al-Haddâd

L’Imam Ahmad Ibn ʿIsâ, un descendant de l’Imam Al-Husayn Ibn ʿAlî — que Dieu les agrée — quitta l’Irak et apporta au quatrième siècle de l’Hégire un souffle sunnite à Hadramaout. Sa progéniture et ses disciples comptèrent un grand nombre de savants, d’hommes de piété et de prédicateurs qui portèrent de génération en génération la mission d’enseigner le message divin. En particulier, l’un des petit-fils de l’Imam Ahmad Ibn ʿIsâ du nom de ʿAlawî est l’aïeul des chérifs [1] du clan de Banû ʿAlawî, ou selon le dialecte yéménite, les Bâ ʿAlawî, ce qui signifie les Fils de ʿAlawî. Regroupés en plusieurs familles, dont la famille Al-Haddâd, les Bâ ʿAlawîs habitent essentiellement la ville de Tarîm et, à moindre échelle, les villes de Shibâm, Sayûn et Qaydûn. Chacune de ces familles compte un nombre conséquent de savants sunnites, d’obédience shâfiʿite en matière de jurisprudence, avec une forte affinité soufie favorisée par les vallées austères de Hadramout. L’Imam ʿAbd Allâh Ibn ʿAlawî Al-Haddâd (1634-1720 E.C.) est un savant incontournable de la famille Al-Haddâd et des Bâ ʿAlawîs de façon générale. Il incarna par sa vie et ses œuvres remarquables la science et la voie des Sheikhs Bâ ʿAlawîs. On s’accorde à voir en la personne de l’Imam Ahmad Mashhûr Ibn Tâhâ Al-Haddâd un digne héritier du savoir de l’Imam ʿAbd Allâh Ibn ʿAlawî Al-Haddâd.

Naissance

L’Imam Al-Habîb Ahmad Mashhûr Ibn Tâhâ Al-Haddâd Al-Husaynî naquit en 1911 E.C. à Qaydûn, une ville de la vallée de Dawʿan dans la région Hadramaout, au Yémen.

La vallée de Dawʿan à Hadramaout

Il reçut les soins et l’attention des Sheikhs Bâ ʿAlawîs à Qaydûn, à commencer par sa mère, Dame Safiyyah Tâhir Al-Haddâd, une arrière petite-fille de l’Imam ʿAbd Allâh Ibn ʿAlawî Al-Haddâd, l’Imam de la prédication à Hadramaout. Elle le berça au rythme de sa récitation du Coran qu’elle avait mémorisé intégralement et lui conta les récits de ses aïeux et des figures emblématiques de la bienfaisance et de la bonté parmi les pieux prédécesseurs.

Ses Sheikhs

De plus, l’Imam Ahmad Mashhûr se forma auprès d’illustres savants de sa ville dont l’érudit Sheikh ʿAbd Allâh Ibn Tâhir Al-Haddâd et son frère, le juriste et historien Sheikh ʿAlawî Ibn Tâhir Al-Haddâd qui émigra par la suite au Sultanat de Johore dont il devint le Grand Mufti jusqu’à son décès en 1962 E.C.. Les deux Sheikhs ʿAbd Allâh et ʿAlawî fondèrent le ribât de Qaydûn, un centre d’enseignement islamique où le jeune Ahmad Mashhûr reçut l’essentiel de son éducation islamique et sa formation dans diverses branches de la religion.

Sheikh Ahmad Mashhûr Al-Haddâd

Il s’initia également auprès de son grand-oncle Sheikh Salih Ibn ʿAbd Allâh Al-Haddâd, Sheikh Ahmad Ibn Muhsin Al-Haddâr, l’Imam Ahmad Ibn Muhsin Al-ʿAttâs. Il fut habilité par son oncle maternel le sieur connaisseur de Dieu Sheikh ʿUmar Ibn Tâhir Al-Haddâd, l’ascète ʿAbbûd ʿUmar Bâtawq Al-ʿAmûdî et Sheikh Mustafa Ibn Ahmad Al-Mihdâr.

Parmi ses Sheikhs dans la ville de Tarîm figurent le gnostique ʿAlî Ibn ʿAbd Ar-Rahmân Al-Mashhûr, l’Imam ʿAbd Allâh Ibn ʿUmar Ash-Shâtirî, Sheikh Abû Bakr Ibn Husayn Al-Kâf, Sheikh Sâlim Ibn Hafîdh, Sheikh ʿUmar Ibn Ahmad Ibn Sumayt et l’érudit Muhammad Ibn ʿAwad Bâfadl.

Parmi les Sheikhs de Sayûn qui lui accordèrent leur habilitation en matière d’apprentissage et d’éducation, nous comptons, entre autres, Sheikh Ahmad Ibn ʿAbd Ar-Rahmân, Sheikh Muhammad Ibn Hâdî As-Saqqâf et Sheikh Muhammad Ibn ʿAlî Al-Habashî.

De la terre des Deux Sanctuaires [2], il fut habilité par Sheikh ʿUmar Ibn Saʿîd Bâ Junayd, Sheikh ʿAydarûs Ibn Sâlim Al-Bârr, Sheikh Muhammad Ibn Sâlim Al-Khayl Al-ʿAttâs, Sheikh ʿAbd Al-Ghanî Ash-Shashshâ’, Sheikh Ahmad As-Sunûsî qu’il rencontra à Médine et le célèbre savant du Hadîth du Maroc Sheikh Muhammad ʿAbd Al-Hayy Al-Kittânî qu’il rencontra à la Mecque Honorée.

Sheikh ʿAbd Al-Qâdir As-Saqqâf avec Sheikh Ahmad Mashhûr

Il rencontra également d’illustres savants à Java, en Indonésie, et fut habilité par Sheikh Muhammad Ibn Ahmad Al-Mihdâr, Sheikh ʿAbd Allâh Ibn Muhsin Al-ʿAttâs et d’autres.

Voyages du Prédicateur

Il entreprit son premier voyage dans sa jeunesse et visita l’île de Java en Indonésie. Il retourna ensuite au pays pour participer au courant scientifique et littéraire qui animait la poésie, le soufisme, la langue arabe et l’histoire. Il se distingua par la suite comme poète et prédicateur talentueux.

Alors qu’il n’avait que vingt-deux ans, il partit en Afrique pour enseigner le message de l’Islam dans l’île de Zanzibar. C’était à l’occasion du mois de Ramadan ; une foule nombreuse emplit la mosquée pour écouter son discours. On raconte qu’il passa deux semaines dans l’interprétation d’un verset de sourate Al-Fâtihah qui recèle à elle seule les fondements primordiaux de l’Islam et l’essence de la guidance coranique. Outre ses exhortations et ses efforts sociaux pour réconcilier les gens, Al-Habîb Ahmad Mashhûr travailla dans le commerce pour gagner sa vie honorablement dans les diverses contrées où il séjourna.

Zanzibar et Mombasa

Quatre ans plus tard, la vague le porta jusqu’au port de Mombasa au Kenya. Il s’y installa durablement et sillonna ce pays pour inviter les gens à répondre à l’appel divin avec miséricorde, science et sagesse, et pour éduquer les musulmans qui y vivent. Du Kenya ou de Hadramaout, il partait pour le grand pèlerinage chaque année.

En 1956 E.C., il se dirigea vers Kampala en Ouganda et y séjourna pendant treize ans. Il y poursuivit ses efforts de prédication et réfuta avec ferveur les allégations des Qadyanis qui tentaient d’infiltrer leurs croyances parmi les musulmans.

Dieu fit de lui une cause de guidance pour des dizaines de milliers de personnes en Afrique ; on estime à six milles le nombre des convertis qui répondirent à son appel en Ouganda. Dans chacune de ces terres d’Afrique orientale, il participa à la fondation de nombreuses mosquées et écoles islamiques qui continuent à diffuser les enseignements de l’Islam.

Ouvrages

Il dédia son œuvre maîtresse Miftâh Al-Jannah, ou la Clef du Paradis, à un exposé du monothéisme pur selon les trois facettes mentionnées dans le hadith de Jibrîl : l’islam, la foi et la bienfaisance (Al-Islâm, Al-Îmân, Al-Ihsân), ou encore la sharîʿah, la tarîqah et la haqîqah (La loi, la voie, et la vérité). Cet ouvrage qu’il composa en arabe pendant son séjour en Ouganda fut traduit dans plusieurs langues dont l’anglais.

On lui doit aussi une épître traitant des règlements juridiques relatifs au sacrifice rituel et à la chasse, Al-Misk Al-Fâ’ih fî Ahkâm As-Sayd wadh-Dhabâ’ih. Il laissa également une somme de fatwas et une compilation imposante de prêches et d’exhortations. Il rédigea par ailleurs un commentaire de Ad-Durrah Al-Yatîmah, un ouvrage de grammaire arabe, et ses poèmes furent réunis dans un recueil.

Décès

Il éduqua ses enfants, ses petits-enfants, ses disciples à travers le monde, ainsi qu’un grand nombre de savants et de prédicateurs de la péninsule arabe, à l’instar d’Al-Habîb ʿUmar Ibn Hafîdh et Al-Habîb ʿAlî Al-Jifrî, à la voie spirituelle de l’Imam ʿAbd Allâh Ibn ʿAlawî Al-Haddâd. Il rendit son dernier souffle à la ville de Jeddah en 1995, en Arabie Saoudite. On accomplit la prière funèbre sur lui dans la Mosquée Sacrée à la Mecque Honorée. Puisse Dieu accepter ses efforts et éclairer sa tombe.

P.-S.

Sources biographiques :

  1. Qabasât An-Nûr de Sheikh Abû Bakr Al-ʿAdanî Ibn ʿAlî Al-Mashhûr.
  2. The Sufi Sage of Arabia, Imam ʿAbd Allâh Ibn Alawî Al-Haddâd, de Dr. Mustafâ Al-Badawî.

Notes

[1Le terme Sharîf, signifiant littéralement noble, désigne les descendants du Prophète — paix et bénédictions sur lui —. Par déformation, on obtient le substantif français chérif. Ndlr.

[2Les deux sanctuaires sont la Mosquée Sacrée à la Mecque et la Mosquée du Prophète à Médine, en Arabie Saoudite. Ndlr.

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