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La bise et le baiser

jeudi 12 juin 2008

Question

Quel est le point de vue de l’islam sur le fait d’embrasser les autres ? On voit souvent des hommes se faire la bise et des femmes se faire la bise ; est-il permis à un homme d’embrasser sa sœur ou sa mère ?

Réponse de Sheikh ʿAtiyyah Saqr

Si la bise est faite entre des individus de même sexe, entre deux hommes ou entre deux femmes, cela ne pose pas de problème à deux conditions :

  1. que la bise ne soit pas accompagnée de désir,
  2. qu’elle ne soit pas faite à une fin condamnable ; par exemple, faire le baise-main pour honorer une personne corrompue, tandis que le faire par crainte de ses représailles est permis pour cause de nécessité.

Parmi les textes qui nous sont parvenus au sujet de l’échange de baisers, on peut citer ce qui suit :

  1. Le Prophète — paix et bénédictions sur lui — reçut Jaʿfar Ibn Abî Tâlib à son retour d’Éthiopie ; il resta à ses côtés et l’embrassa entre les yeux.
  2. Lorsque Zayd Ibn Hârithah vint voir le Prophète dans la demeure de ʿÂ’ishah, il se leva, à moitié vêtu, traînant sa tunique derrière lui, pour l’accueillir — ʿÂ’ishah dit : « Par Allâh, je ne l’ai jamais vu dévêtu avant ce jour ni après » — ; il le prit dans ses bras et l’embrassa.
  3. Lorsque les guerriers retournèrent de la bataille de Mu’tah, ils embrassèrent la main du Prophète — paix et bénédictions sur lui —.
  4. Lorsque Allâh accepta le repentir de ceux qui avaient fait défection à l’occasion de la bataille de Tabûk, ils embrassèrent la main du Prophète — paix et bénédictions sur lui —.
  5. Le Prophète — paix et bénédictions sur lui — autorisa la délégation de ʿAbd Qays à embrasser sa main et même son pied.
  6. Il autorisa Usayd Ibn Hudayr à l’embrasser lorsque celui-ci lui demanda de dénuder son corps pour se venger de lui pour avoir pointer un bâton contre son ventre, et ce pour avoir sa bénédiction.
  7. Deux Juifs lui demandèrent neuf preuves de sa véracité ; lorsqu’il les leur donna, ils embrassèrent sa main et son pied et se convertirent à l’islam.
  8. Lorsque ʿUmar Ibn Al-Khattâb se rendit en Syrie, Abû ʿUbaydah lui fit le baise-main. Dans une variante de ce récit, on rapporte que Abû ʿUbaydah voulut embrasser sa main, mais ʿUmar la retira. Alors Abû ʿUbaydah saisit son pied et l’embrassa.
  9. Alors que Zayd Ibn Thâbit était sur sa monture, ʿAbd Allâh Ibn ʿAbbâs attrapa les rênes de sa monture par respect aux savants, alors Zayd embrassa sa main par respect aux membres de la famille du Messager d’Allâh — paix et bénédictions sur lui —.
  10. Les gens embrassèrent la main de Salamah Ibn Al-Akwaʿ lorsqu’ils apprirent qu’il en avait usé pour prêter allégeance au Prophète — paix et bénédictions sur lui —.

Ahmad Ibn Hanbal et d’autres savants autorisèrent le baiser en signe de respect pour le rang et la religiosité. Pour leur part, Mâlik et d’autres détestèrent cela. Plus précisément, ils détestèrent le fait de tendre sa main afin que les gens la baisent, y voyant une marque de vanité. Ils appuyèrent cette interdiction sur le retrait de la main de ʿUmar lorsque Abû ʿUbaydah voulut l’embrasser.

Quant au baiser échangé entre individus de sexes opposés, son statut dépend de l’objectif visé et de l’emplacement du baiser. Si le baiser exprime la tendresse et l’affection, par exemple le baiser donné par un père à sa fille ou par une mère à son fils ou par un frère à sa sœur ou par une sœur à son frère, rien ne s’y oppose du moment que cela n’est pas accompagné de désir. À ce sujet, les textes suivants nous sont parvenus :

  1. Le Prophète — paix et bénédictions sur lui — embrassa sa fille Fâtimah lorsqu’elle vint le voir. Il se leva, l’embrassa et l’assit à côté de lui. Certaines variantes de ce récit précisent qu’il l’embrassa sur la bouche. Il l’embrassa aussi pendant sa maladie de mort.
  2. Lorsque Abû Bakr rentra chez lui et trouva ʿÂ’ishah couchée sous l’emprise de la fièvre, il l’embrassa sur la joue. On rapporte aussi que Khâlid Ibn Al-Walîd embrassa sa sœur.

Le baiser peut également être fait par respect, comme lorsque le fils embrasse sa mère ou la fille son père, ou quand on embrasse les vieilles tantes. Le baiser est donné le plus souvent sur la tête ou sur la main. Rien ne s’y oppose, mais cela devient détestable sur les endroits sensibles tels que la joue ou la bouche, si cela n’est pas accompagné de désir. Si désir il y a, cela devient illicite.

Le baiser entre les deux sexes peut également être donné par jouissance. Rien ne s’y oppose entre les époux, car ils sont autorisés à bien plus que cela. Mais cela est interdit entre un homme et une femme étrangers l’un pour l’autre [1].

Voilà en résumé le statut du baiser d’un point de vue islamique. Bien que certaines formes de baisers soient autorisées, il convient d’en user avec parcimonie et d’éviter la bouche et tout emplacement pouvant transmettre des maladies comme le recommandent les médecins.

Et Dieu est le plus Savant.

P.-S.

Traduit de l’arabe du site islamonline.net. La version originale est consultable sur archive.org.

Notes

[1Un homme et une femme sont étrangers l’un pour l’autre s’ils peuvent être unis par les liens du mariage. NdT.

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