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La zakât et les donations aux hôpitaux

jeudi 16 novembre 2006

Question

Est-il juridiquement permis de faire don d’une partie de la zakât pour la construction d’un hôpital, par exemple l’hôpital de cancérologie infantile ?

Réponse de Sheikh `Alî Gomaa

Pour les savants musulmans, il est établi qu’il existe un droit dû sur la fortune du musulman, en dehors de la zakât, comme l’aumône absolue (Sadaqah Mutlaqah), l’aumône courante (Sadaqah Jâriyah) [1] ou le bien de mainmorte (Waqf) [2], et ce en vertu de la Parole d’Allâh — Exalté soit-Il — : « et dans leurs biens, il y avait un droit au mendiant et au déshérité » [3] ou encore : « qui affectent sur leurs biens un droit déterminé § pour le mendiant et le déshérité » [4]. Tous ces actes sont considérés comme étant des œuvres de bienfaisance sans lesquelles l’engagement du musulman à adorer son Seigneur, à s’incliner et à se prosterner devant Lui, reste inaccompli. Allâh — Exalté soit-Il — dit : « Ô vous qui croyez ! Inclinez-vous, prosternez-vous, adorez votre Seigneur et faîtes le bien. Peut-être réussiriez-vous ! » [5]. Le Prophète — paix et bénédictions sur lui — dit également : « L’aumône éteint le péché comme l’eau éteint le feu ».

En ce qui concerne la zakât, il s’agit d’une obligation et de l’un des piliers de l’islam dont les ayants droit sont énumérés de manière exhaustive dans la sourate intitulée At-Tawbah : « Les aumônes ne doivent revenir qu’aux besogneux et aux indigents, à la rétribution des collecteurs, au ralliement des cœurs, à affranchir des nuques (esclaves), à libérer des insolvables, à aider dans le sentier de Dieu et à secourir le voyageur en détresse » [6]

De son côté, Dâr Al-Iftâ’ recommande aux gens de prendre l’initiative de financer par leurs donations, la construction de l’hôpital de cancérologie infantile et de créer à cet effet trois caisses distinctes :

  1. Une caisse consacrée aux biens de mainmorte. Les gens y affecteront leur argent de manière à ce que le revenu et l’usufruit de ce capital soit consacré à l’hôpital et pour couvrir, pour toujours, les coûts de traitement de ses patients.
  2. Une caisse consacrée aux aumônes afin de financer les travaux de construction, de fondation et de maintenance du bâtiment, de manière à ce qu’il voit le jour dans une forme architecturalement, artistiquement et techniquement honorable pour les musulmans.
  3. Une caisse consacrée à la zakât afin de financer l’achat des équipements et des médicaments, et de couvrir les frais directement liés au traitement, à l’installation et à l’alimentation des patients, ou ceux indirectement liés à ces objectifs comme les salaires des employés et des médecins, ainsi que les frais des opérations chirurgicales, des tests radiologiques etc.

Dâr Al-Iftâ’ appelle les musulmans où qu’ils soient, en Égypte ou ailleurs, à contribuer à ce grand projet qui allège les souffrances insoutenables de tous les enfants et ce, en vertu de la parole du Prophète — paix et bénédictions sur lui — : « Les miséricordieux reçoivent la miséricorde du Tout Miséricordieux. Soyez miséricordieux envers les gens sur terre afin que Celui Qui est dans le ciel vous fasse miséricorde ».

Il incombe aux autorités concernées par la construction de cet hôpital de clarifier ce que nous avons mentionné et de prendre les mesures nécessaires à sa mise en œuvre afin, d’une part, d’obtenir les résultats escomptés quand ce grand projet verra le jour et, d’autre part, de respecter les règles juridiques qui régissent la zakât, les aumônes et les biens de mainmorte. Ces propositions valent également pour le financement d’autres départements médicaux en besoin comme le département de cardiologie à l’hôpital Al-Qasr Al-`Aynî ou d’autres.

Par conséquent, rien ne s’oppose, juridiquement parlant, à ce qu’une partie de la zakât soit versée pour la construction des hôpitaux publics dont bénéficient les malades financièrement incapables.

Allâh — Exalté soit-Il — est le plus Savant.

P.-S.

Traduit de l’arabe avec l’aimable autorisation de Dâr Al-Iftâ’ en Égypte.

Notes

[1L’aumône courante peut prendre la forme d’une contribution durable au financement d’un service d’intérêt public ou privé. NdT.

[2Le fait d’affecter une somme d’argent ou un objet (à condition que cet argent ou que cet objet soit aliénable et qu’il apporte un revenu) à être exlusivement investi dans le financement d’œuvres caritatives pour la face d’Allâh. NdT.

[3Sourate 51, Adh-Dhâriyât, Les éparpilleuses, verset 19.

[4Sourate 70, Al-Ma`ârij, versets 24 et 25.

[5Sourate 22, Al-Hajj, Le pèlerinage, verset 77.

[6Sourate 9, At-Tawbah, Le repentir, verset 60.

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