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En Compagnie de l’Élu

Les musulmans endurent la persécution

mercredi 7 septembre 2005

Les chefs de Quraysh ne pouvaient plus dormir tranquilles. Ils avaient perdu à tout jamais leur quiétude et le prestige dont ils jouissaient eux et leurs idoles aux yeux des tribus arabes. Car la lumière de la vérité avait éclaté et commençait à déstabiliser les croyances des masses. L’islam commençait à se propager à l’intérieur de la Mecque et dans ses environs... Les chefs de la mécréance décidèrent alors d’affronter la situation par la cruauté et la terreur. Chaque clan se saisit de ses membres ayant embrassé l’islam et les soumit aux pires tortures. L’un d’eux [1] fit allonger son esclave, Bilâl Al-Habashî, sur les sables brûlants sous un soleil de plomb et posa un énorme rocher sur sa poitrine, le laissant sans boire ni manger afin de lui infliger une mort lente. Mais Bilâl s’attacha plus que jamais à sa religion et répéta inlassablement : « Ahadun Ahad » (Dieu est Un... Dieu est Un...) Le voyant dans ce piteux état, Abû Bakr l’acheta à son maître et l’affranchit. Il acheta plusieurs autres esclaves, des hommes et des femmes, pour les soustraire à la torture, et les affranchit pour la Face de Dieu. Sumayyah, la mère de ʿAmmâr Ibn Yâsir, mourut sous la torture sans renoncer à sa religion. ʿAmmâr Ibn Yâsir et son père furent également torturés. Khabbâb Ibn Al-Aratt, quant à lui, fut supplicié au fer rouge par Umm Anmâr, sans que cela ne le détourne de sa religion.

Toutes sortes de suplices et de tortures que nous ne pouvons répertorier ici atteignaient les musulmans démunis, hommes et femmes. Mais cela ne fit qu’augmenter leur foi et leur détermination et renforça leur attachement à leur religion. Mourir pour la vérité était le prix qu’ils acceptaient de payer.

Le Prophète — paix et bénédictions sur lui — ne fut pas épargné non plus, malgré la protection de son oncle et des Banû Hâshim. Umm Jamîl, la femme de Abû Lahab, jetait des immondices devant sa maison. Alors qu’il était prosterné, ʿUqbah Ibn Abî Muʿayt jetait sur son dos les tripes des animaux qu’ils sacrifiaient à leurs idoles ; le Prophète — paix et bénédictions sur lui — restait prosterné jusqu’à ce que sa fille, Fâtimah, vienne le débarrasser. Un jour, un groupe de polythéistes encercla le Prophète alors qu’il effectuait des circumambulations autour de la Kaʿbah. L’un d’eux le saisit par le col et faillit l’étrangler, si ce n’est qu’Abû Bakr vola à son secours, leur disant : « Voulez-vous tuer un homme parce qu’il dit : “Allâh est mon Seigneur” ? »

Tous ces problèmes n’entamèrent sa détermination en aucune façon. Il continua à prêcher le message de Dieu et donna un merveilleux exemple à ses disciples, qui restèrent attachés à leur religion, endurant la torture et l’humiliation. Tous les sacrifices étaient permis à leurs yeux, car ils n’étaient en quête ni de la fortune, ni du prestige, ni du pouvoir, mais uniquement de la vérité...

Constatant que la torture ne détournait pas les musulmans de leur foi ni de sa proclamation, les gens de Quraysh envisagèrent de négocier avec le Prophète — paix et bénédictions sur lui —. Ils lui envoyèrent ʿUtbah Ibn Rabîʿah lui dire : « Mon neveu, ta place parmi nous est celle que te confère ta lignée. Tu as cependant soulevé une affaire qui a divisé les tiens. Écoute donc les propositions que j’ai à te faire. » Il lui proposa alors qu’on lui rassemble une fortune et qu’on fasse de lui l’homme le plus riche de tous, si tel était son souhait. S’il voulait le pouvoir, ils étaient prêts à en faire leur roi. S’il cherchait le prestige, ils en feraient leur seigneur. Si son problème provenait du toucher d’un jinn, ils étaient prêts à le faire soigner jusqu’à ce qu’il guérisse complètement. Le Prophète — paix et bénédictions sur lui — s’enquit : « Est-ce tout ce que tu avais à me dire, Abû Al-Walîd ? » L’homme acquiessa. Le Prophète lui dit : « À ton tour de m’écouter. » L’homme acquiessa. Le Prophète — paix et bénédictions sur lui — lui récita alors la sourate Fussilat jusqu’au verset de la prosternation. Il se prosterna — paix et bénédictions sur lui —, puis il lui dit : « Tu as entendu ce que j’avais à dire. Libre à toi maintenant. » ʿUtbah s’en retourna voir son clan. Lorsqu’ils le virent arriver, ils se dirent : « Abû Al-Walîd ne fait pas la même tête qu’en partant. » Une fois assis, il lui demandèrent : « Quelles sont les nouvelles, Abû Al-Walîd ? » Il leur dit : « J’ai entendu des paroles qui ne ressemblent à rien de ce que je connais. Ce n’est ni de la poésie, ni de la sorcellerie, ni de la divination. Ô Quraysh, obéissez-moi et laissez cet homme faire ce qu’il veut. Par Allâh, les paroles que j’ai entendues de sa part auront un grand retentissement. Si les Arabes triomphent de lui, ils vous auront épargné la peine de vous en charger. Et s’il triomphe d’eux, sa gloire sera la vôtre et vous n’en seriez que très heureux. » Ils répondirent : « Par Allâh, il t’a ensorcellé par ses paroles... » Il insista : « C’est mon avis, faîtes ce que bon vous semble. »

Puis, les chefs de Quraysh tentèrent de négocier avec le Messager de Dieu — paix et bénédictions sur lui — individuellement. Abû Sufyân Ibn Harb, Umayyah Ibn Khalaf, Abû Jahl, et d’autres allèrent le voir à tour de rôle, réitérant les propositions faites par ʿUtbah Ibn Rabîʿah, à savoir la fortune, le pouvoir, ou le prestige. Le Prophète déclina leurs propositions et leur rappela qu’il était envoyé en tant qu’annonciateur de bonnes nouvelles et en tant qu’avertisseur. Ils lui dirent alors : « Si aucune de nos propositions ne te sied, demande donc à ton Seigneur de déplacer pour nous ces montagnes, d’aplanir nos contrées, d’y faire jaillir des rivières, de ressusciter nos ancêtres — notamment Qusayy Ibn Kilâb, qui était un homme droit — afin que nous demandions leur avis sur tes dires. S’ils te donnent raison et que tu parviens à satisfaire notre demande, nous croirons en toi et saurons que Dieu a fait de toi Son Messager. Sinon, demande à ton Seigneur d’envoyer à tes côtés un ange confirmant tes dires. Qu’Il t’octroie des palais et des jardins, et des trésors en or et en argent, qu’Il te fournisse de quoi t’épargner d’avoir à te dépenser de la sorte, car tu vas aux marchés comme nous, tu cherches à gagner ton pain comme nous, fais ce que nous te demandons afin que nous mesurions ton mérite. » Il leur répondit qu’il n’était envoyé qu’en guise d’annonciateur de bonnes nouvelles et en guise d’avertisseur. Ils lui répondirent : « Fais donc en sorte que le ciel nous tombe sur la tête en morceaux puisque tu prétends que ton Seigneur le ferait s’Il le voulait. » D’autres lui demandèrent de faire venir Dieu et les anges. Le Messager de Dieu — paix et bénédictions sur lui — se leva et les quitta plein de tristesse pour eux.

Dans ce climat délétère où les hostilités et les polémiques stériles allaient bon train, les musulmans devenaient de plus en plus nombreux. L’ignominie des Quraysh et leur agressivité à l’encontre du Messager de Dieu redoublèrent de violence. Un jour, Abû Jahl l’injuria très vulgairement. Le Prophète s’en alla sans rien lui dire. Rentrant de la chasse, son sport favori, la nouvelle arriva aux oreilles de Hamzah Ibn ʿAbd Al-Muttalib, qui n’avait pas encore embrassé l’islam. Furieux, il se dirigea vers la Kaʿbah où les gens avaient l’habitude de se réunir. Voyant Abû Jahl assis dans une assemblée, il se dirigea vers lui, leva son arc et d’un grand coup lui fendit sévèrement la tête. Il lui dit : « Oses-tu injurier mon neveu alors que sa religion est la mienne et que je professe ce qu’il professe ? Réponds-moi si tu en as le cran ! » L’assemblée était foudroyée. Qui oserait se mesurer à Hamzah ?

Hamzah Ibn ʿAbd Al-Muttalib embrassa l’islam. Quraysh comprit alors que le Messager de Dieu — paix et bénédictions sur lui — était désormais intouchable, et que Hamzah prendrait sa défense. Ainsi durent-ils s’abstenir de certaines de leurs forfaitures habituelles.

P.-S.

Traduit de l’arabe du livre de Sheikh Yâsîn Rushdî, Fî Rihâb Al-Mustafâ (En Compagnie de l’Élu), disponible en format PDF sur le site Mouassa.org.

Notes

[1Il s’agit de Umayyah Ibn Khalaf.

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