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Sheikh Muhammad Muhammad Al-Fahhâm

mercredi 10 décembre 2003

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Né en 1894, à Alexandrie, en Egypte

Certains savants d’Al-Azhar, outre leur connaissance des branches de la langue arabe et des disciplines islamiques, accomplirent des études supérieures en Occident. Parmi ceux-là, certains obtinrent leur diplôme en France, comme Sheikh Mustafâ `Abd Ar-Râziq, Sheikh `Abd Ar-Rahmân At-Tâj, Sheikh Muhammad Al-Fahhâm et Sheikh `Abd Al-Halîm Mahmûd.

Naissance et éducation

Sheikh Al-Fahhâm naquit à Alexandrie, le 18 septembre 1894, au sein d’une famille qui accorda un grand intérêt à son éducation. Dans son enfance, il s’attela à la mémorisation du noble Coran. Lorsqu’il eut terminé l’apprentissage du Coran auprès de son maître, il accomplit le cycle primaire d’Al-Azhar à l’Institut des Etudes Religieuses d’Alexandrie, fondé en 1903. A cette époque, le jeune Muhammad goûta aux sciences islamiques et progressa dans leur assimilation. L’excellence de ce jeune élève attira l’attention de ses professeurs, au point qu’ils se plaisaient à lui offrir certains de leurs ouvrages et épîtres. Aussi, Sheikh Salîm Al-Bishrî, Grand Imâm d’Al-Azhar entre 1909 et 1916, fit l’éloge du jeune Sheikh Muhammad lorsqu’il fut son examinateur en grammaire arabe.

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Sheikh Salîm Al-Bishrî

À cette époque, Sheikh Al-Fahhâm comptait parmi ses matières préférées, outre les disciplines relatives à la langue arabe et les sciences islamiques, la géographie et la logique. Son goût pour cette dernière discipline le poussa à rédiger un livre, Al-Muwajjihât, traitant de logique, alors qu’il était en classe de première.

Il poursuivit son apprentissage à l’Institut des Études Religieuses d’Alexandrie jusqu’en 1922 où il termina ses études supérieures et scella son parcours par l’obtention du prestigieux diplôme d’Al-`Âlamiyyah d’Al-Azhar.

Sheikh Al-Fahhâm enseignant

Fuyant les contraintes de la fonction publique, Sheikh Al-Fahhâm commença par gagner sa vie en tant que commerçant, après avoir obtenu son diplôme d’Al-Azhar.

Mais son désir ardent de servir la science et d’y contribuer le poussa à se présenter à un concours organisé par Al-Azhar pour recruter des professeurs de mathématiques. Sa passion pour les mathématiques lui permit de se distinguer au concours et d’être ainsi retenu. En 1926, il fut chargé d’enseigner les mathématiques, les sciences du Hadîth, la grammaire, la conjugaison et la rhétorique à l’Institut Religieux d’Alexandrie.

En 1935, il fut nommé à la Faculté de la Législation Islamique pour enseigner la logique et la sémantique. Un an plus tard, il fut envoyé en France, accompagné de sa famille, pour effectuer une thèse de doctorat. Son séjour en France fut prolongé à cause de la Seconde Guerre mondiale et ce n’est qu’en 1946 qu’il obtint le diplôme de doctorat de la Sorbonne. Il étudia dans le cadre de sa thèse la "mise au point d’un dictionnaire Arabe-Français pour le jargon de la grammaire et de la conjugaison arabes".

De retour en Egypte, il enseigna à la Faculté de la Législation Islamique, puis fut chargé des cours de littérature comparative, de grammaire et de conjugaison, à la Faculté de la Langue Arabe.

En 1959, il fut nommé doyen de la Faculté de la Langue Arabe, et ce, jusqu’à sa retraite en 1960.

Un grand voyageur

Ce savant au profil mathématicien, versé dans la langue arabe, aimait voyager et découvrir de nouveaux horizons. Il eut l’opportunité de se rendre dans la plupart des pays arabes et quelques pays africains et asiatiques dans le cadre de missions d’Al-Azhar dont il fut le représentant.

En 1951, le Conseil Suprême des Donations Islamiques d’Al-Azhar l’envoyea au Nigeria où il passa cinq mois, entouré de la chaleureuse hospitalité des musulmans du pays.

En 1961, il alla au Pakistan pour élaborer le programme de langue arabe et de sciences islamiques de l’Académie des Sciences Islamiques et Législatives. A cette occasion, il visita l’Inde, entra en contact avec ses grandes institutions islamiques, rencontra nombre de ses savants et renforça le lien entre ces contrées et l’Université d’Al-Azhar.

En 1963, il se dirigea vers la Mauritanie pour mieux connaître cette société musulmane et s’enquérir de ses besoins en enseignants d’Al-Azhar afin de diffuser les sciences islamiques dans les écoles et les universités spécialisées.

Il se rendit au Japon, en Indonésie et en Espagne à diverses occasions.

Dressant le bilan de ses nombreux voyages, Sheikh Al-Fahhâm nota une déficience de la part des musulmans dans la propagation du message de l’Islam. Il souligna que de nombreuses personnes sont disposées à embrasser l’Islam, si son message est exposé correctement.

Al-Fahhâm : Grand Imâm d’Al-Azhar

Le 17 Septembre 1969, Al-Fahhâm fut nommé "Sheikh d’Al-Azhar" par décret présidentiel. Il succéda ainsi à Sheikh Hasan Al-Ma’mûn et porta dignement cette lourde charge à une époque particulièrement difficile pour l’Egypte. La plaie de la défaite militaire de 1967 était encore béante et le pays se préparait pour une seconde guerre pour libérer le Sinaï.

Lorsque l’Egypte commença à reprendre ses forces, des personnes mal intentionnées tentèrent d’y semer la zizanie en lançant une grande discorde entre musulmans et chrétiens, qui vivaient ensemble depuis des siècles dans un respect mutuel. Certains livres et brochures venus de Beyrouth, préparés par des missionnaires chrétiens, furent distribués en Egypte. Ces écrits comportaient de nombreuses atteintes au Noble Coran et au Sceau des Messagers - que la paix soit sur eux - et représentaient une étincelle de mal susceptible de ravager le pays.

La distribution de ces ouvrages provoqua une indignation croissante de la part des musulmans en Egypte, si bien que Sheikh Al-Fahhâm réunit, en urgence le 25 mars 1971, le Conseil des Recherches Islamiques pour étouffer le feu de la zizanie, avant qu’il ne soit trop tard. Le Conseil choisit cinq savants d’Al-Azhar pour répondre aux fausses allégations venues de Beyrouth et repousser la diffamation par la raison et le débat serein.

Malgré cette réponse sage émanant d’Al-Azhar, certains tentèrent de raviver la flamme de la discorde. Pendant une manifestation dans le quartier d’Al-Khânkah dans les alentours du Caire, des chrétiens tirèrent sur des musulmans, et le pire était sur le point de se produire. Le Président As-Sâdât intervint et un comité parlementaire, conseillé par Sheikh Al-Fahhâm, fit face à cette crise. La situation fut maitrisée et l’unité et la cohésion sociale fut renforcée.

En 1972, Al-Fahhâm devint membre de l’Académie de la Langue Arabe au Caire, au vu de ses remarquables compétences dans ce domaine. D’autres éminents savants d’Al-Azhar avaient été choisis auparavant pour participer à l’Académie de la Langue Arabe, comme Sheikh Mustafâ `Abd Ar-Râziq, Sheikh Ibrâhîm Hamrûsh, Sheikh Muhammad Al-Khidr Husayn, Sheikh `Abd Ar-Rahmân At-Tâj et Sheikh Mahmûd Shaltût.

Ouvrages du Sheikh

Malgré l’étendue de son savoir et sa maîtrise de la langue arabe et des sciences islamiques, Sheikh Muhammad Al-Fahhâm ne composa que peu de livres. Comme de nombreux érudits d’Al-Azhar, il se dépensa plutôt dans l’enseignement et la formation des étudiants d’Al-Azhar. C’est dans l’enseignement et les cours magistraux qu’il trouvait son bonheur.

La majeure partie de la contribution écrite du Sheikh réside dans des articles publiés dans diverses revues : Mijallat Al-Azhar (La Revue d’Al-Azhar), Mimbar Al-Islâm (La Chaire de l’Islam) et la revue de l’Académie de la Langue Arabe. Outre sa thèse de doctorat, il rédigea une analyse fouillée sur Sîbawayh, le fameux grammairien, où il discuta de questions pointues de la grammaire arabe. On lui doit également un ouvrage intitulé Al-Muslimûn wa Istirdâd Bayt Al-Maqdis (Les Musulmans et la récupération de Jérusalem).

Décès

Sheikh Muhammad Al-Fahhâm n’occupa le poste de Grand Imâm d’Al-Azhar que très peu de temps. Il estima que ce poste d’Al-Azhar nécessitait de l’énergie, une forte implication et une grande disponibilité, pour servir cette prestigieuse institution et, au vu de son âge avancé et de sa santé modeste, il ne pouvait plus honorer ce dépôt comme il le souhaiterait. Il exprima sa volonté d’être remplacé. Sa demande fut acceptée par le Président de la République et Sheikh `Abd Al-Halîm Mahmûd lui succéda en 1973.

Sheikh Muhammad Al-Fahhâm dépensa les dernières années de sa vie dans la lecture, la recherche universitaire et son activité au sein de l’Académie de la Langue Arabe. Son âme retourna à Dieu le 19 Shawwâl 1400 A.H. (31 août 1980). Puisse Dieu lui faire miséricorde.

P.-S.

Cette présentation s’appuie sur un article du site islamonline.net.

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