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Tous les juristes se réfèrent à la Sunnah

vendredi 13 juillet 2001

Tous les juristes musulmans, de quelque école juridique qu’ils soient, de quelque contrée qu’ils soient, que leur école existe encore ou qu’elle ait disparu, qu’elle soit suivie ou non, jugent que prendre la Sunnah en considération, se référer à elle et adopter ses jugements lorsqu’elle est établie, constitue une partie intégrante de la religion de Dieu et ne peut être contredite. Telle est leur position à l’unanimité qu’ils appartiennent à l’école de l’opinion (ar-ra’y) ou l’école du hadîth.

Al-Bayhaqî rapporte selon `Uthmân Ibn `Umar : "Un homme vint voir Mâlik. Il l’interrogea sur une affaire. Il [Mâlik] lui dit : le messager d’Allâh, que les salutations et les bénédictions de Dieu soient sur lui, a dit ceci et cela. L’homme lui dit : Penses-tu [qu’il en est ainsi] ? Malik rétorqua : "Que ceux, donc, qui s’opposent à son commandement prennent garde qu’une épreuve ne les atteigne, ou que ne les atteigne un châtiment douloureux. " [1]

Il a également rapporté selon Ibn Wahb : "Mâlik a dit : les gens ne demandaient pas à celui qui donnait la fatwa de se justifier. Ils se contentaient de la narration [i.e. du hadith] et en étaient satisfaits". Il a également rapporté selon Ar-Rabî` : " Un jour, Ash-Shâfi`i narra un hadith. Un homme lui demanda : Prends-tu en considération ce hadith ô Abû `Abd Allâh ? Il dit : Si jamais je narre un hadith authentique du Messager d’Allâh, paix et bénédiction d’Allâh sur lui, et que je ne le prends pas en considération, alors soyez témoins que j’ai perdu ma raison".

Il rapporta aussi selon Ar-Rabî` : "J’ai entendu Ash-Shâfi`i dire : si vous trouvez dans mon livre une chose contraire à la Sunnah du Messager d’Allâh, paix et bénédiction d’Allâh sur lui, alors adoptez la Sunnah du Messager d’Allâh, paix et bénédiction d’Allâh sur lui, et laissez ce que j’ai dit." [Miftâh Al-Jannah, (La Clé du Paradis) de l’Imam As-Suyutî, 50:49]

Excuses des Imams du Fiqh de ne pas appliquer une sunnah donnée

Partant de ce principe qui fait l’unanimité, il est inconcevable qu’une école juridique ou qu’un Imâm Moujtahid délaisse délibérément un hadith dont l’authenticité est établie, donnant explicitement le jugement légal et n’étant contredit par aucune preuve. On entend par là que le hadîth soit authentique aux yeux de l’Imâm en question et que son jugement soit explicite à ses yeux, non aux yeux d’autres personnes.

C’est ce que Sheikh al-islâm Ibn Taymiyah a souligné dans son livre concis et précieux Raf` Al-Malâm `an Al-A’immah Al-A`lâm (Lever le blâme contre les illustres Imâms) où il défend les imams du Fiqh contre certains littéralistes ou esprits hâtifs qui les ont accusés de contredire le Hadîth et de délaisser la Sunnah. Il a cité dans la préface de son livre que les musulmans doivent s’allier, comme l’indique le Coran, à Allâh, à Son Messager, puis aux croyants, et tout particulièrement aux savants qui sont les héritiers des prophètes car Allâh en a fait des astres, guidant dans les ténèbres sur la mer et sur terre.

Les musulmans sont unanimes sur leur guidance et leur savoir. Ce sont les successeurs du Messager d’Allâh, paix et bénédiction d’Allâh lui, dans sa communauté. Ce sont eux qui revivifient ce qui meurt de sa Sunnah. Par eux le livre s’est établi et ils l’ont honoré comme il se doit, il a parlé d’eux et ils parlent par lui. Il dit : "Il convient de savoir qu’aucun des Imams bénéficiant d’une acceptation générale de la communauté ne contredit volontairement le Messager d’Allâh — paix et bénédiction d’Allâh sur lui — dans le moindre aspect de la Sunnah, qu’il soit grand ou petit". Ils s’accordent tous sur l’obligation de suivre le Messager d’Allâh, que le Salut et la Paix soient sur lui et sur sa famille, et sur le fait que dans la parole de chaque homme il y a des choses à prendre et à laisser, sauf le Messager d’Allâh paix et bénédiction d’Allâh sur lui. Ainsi, si l’on trouve pour l’un d’eux une opinion qui est contredite par un hadîth authentique, il a toujours une excuse pour cela.

Toutes les excuses appartiennent à trois catégories :

  1. que l’imâm pense que la parole n’est pas du Prophète — paix et bénédiction d’Allâh sur lui —,
  2. qu’il pense qu’il ne visait pas par cette parole la question traitée,
  3. qu’il pense que ce jugement légal a été abrogé.

Ces trois catégories se divisent en plusieurs raisons. Parmi les raisons qui peuvent être citées à ce titre, il y a le fait que la sunnah délaissée par le juriste n’a pas une portée legislative à ses yeux comme certains actes prophétiques, que le Prophète — paix et bénédictions sur lui — faisait à titre de coutume et qu’il n’entendait pas comme acte de legislation générale ; des actes qu’ils faisaient en tant que chef d’état ou juge et non à titre de fatwâ ni comme message de la part d’Allâh — Exalté soit-Il —. Tel a été le cas avec des paroles du Prophète telles que : "celui qui ressuscite une terre morte, elle devient sienne" ou encore "celui qui tue un guerrier [sur le front] récupère son équipement" [2] ainsi que d’autres traditions sur lesquelles les juristes ont divergé se basant sur la différence d’orientation donnée au propos, ce qui nécessite une étude spécifique.

P.-S.

Source : Islamweb.net, Extrait de L’autorité suprême en Islam revient au Coran et à la Sunnah

Notes

[1Sourate 24, An-Nûr, La lumière, verset 63.

[2Sahîh Al-Bukhârî, Kitâb Fard Al-Khums.

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