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Le Soufisme et l’Islam

Le Tasawwuf et l’Adoration

samedi 1er février 2003

Cette autre chose que le Tasawwuf joint à l’ascétisme et aux nobles manières, est-ce l’adoration ?!

La Voie consiste-t-elle à s’adonner assidûment aux œuvres de culte obligatoires et surérogatoires ? Est-ce le fait de se livrer à des œuvres surérogatoires comme les prières nocturnes et le jeûne pendant la journée ?

L’adoration a un effet indéniable sur la purification de l’être et de l’âme. S’il s’agit d’une adoration qui vise à accéder au Paradis et à obtenir un salaire, il s’agit d’une dévotion louable, récompensée auprès de Dieu — Exalté soit-Il. Toutefois, une telle adoration fait de celui qui s’y adonne un dévot et non un soufi.

La qualité de dévot représente, sans le moindre doute, un rang très élevé. Toutefois, sous cette forme, elle implique « une certaine transaction » [1]. Le dévot, dans cette configuration, « on dirait qu’il œuvre dans l’ici-bas pour un salaire qu’il obtient dans l’Au-delà ; ce salaire étant la rétribution (thawâb) » [2].

Quant au soufi : « Il veut Le Vrai, Le Premier, non pour autre chose que Lui-Même. Rien n’influence sa gnose ou son adoration. Il L’adore parce qu’Il est digne d’être adoré et parce que l’adoration de Dieu constitue un grand honneur, sans que le but ne soit un bien désiré ni un mal redouté ».

La Dame Râbi`ah Al-`Adawiyyah exprime ce sens en disant : « Ô Dieu, si je T’adore par crainte du Feu, brûle-moi par le Feu de l’Enfer. Et si je T’adore pour entrer au Paradis, prive-moi du Paradis. Mais si je T’adore pour Ton Amour, ne me prive pas, Ô Dieu, de Ta Beauté Eternelle ! ».

Elle disait également, puisse Dieu l’agréer : « Je ne L’ai pas adoré par crainte de son Feu, ni par amour pour son Paradis : j’aurais été alors comme un mauvais salarié. Je L’ai adoré par Amour (hobb) et par une Langueur fervente (shawq) pour Lui ».

En effet, lorsque Dieu — Exalté Soit-Il — est adoré par désir pour le Paradis ou par crainte à l’égard de l’Enfer, Il n’est pas — Exalté et Glorifié soit-Il — le but premier recherché. C’est comme s’Il était un intermédiaire entre le dévot et ce qu’il désire, le Paradis, ou ce qu’il craint, l’Enfer. Une telle dévotion ne mène pas à l’état spirituel où « le for intérieur devient un miroir poli, atteignant la manifestation de la vérité ».

P.-S.

Traduit de l’arabe de Al-`Ârif billâh, Abû Al-`Abbâs Al-Mursî (Le gnostique, Abû Al-`Abbâs Al-Mursî) de l’Imâm `Abd Al-Halîm Mahmoud, aux éditions Dâr Ash-Sha`b, Le Caire, Égypte, 1972.

Notes

[1Al-Ishârât d’Ibn Sînâ

[2ibid.

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