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L’Intention et la Sincérité
Section : Importance de l’intention dans la réalisation de la sincérité

Importance de l’intention d’après la Sunnah

mercredi 27 août 2003

La Sunnah, quant à elle, recèle un grand nombre de récits sur le mérite de l’intention et de la sincérité. J’en présente ci-dessous une sélection tirée du livre At-Targhîb wa At-Tarhîb (L’Inspiration de l’Envie et de la Crainte, chef-d’oeuvre d’Al-Hâfidh Al-Mundhirî [1]. Celui-ci inaugure son ouvrage par le hadith des trois détenus de la grotte, hadîth consensuel que je présenterai plus tard dans la partie « Fruits de la Sincérité ».

Deuxièmement, il cite le hadith d’Abû Umâmah à propos de celui qui combat avec, en vue, et la récompense divine et la bonne réputation chez les hommes. Le Prophète - paix et bénédictions sur lui - répéta à trois reprises : « Il ne récoltera rien ! » avant d’ajouter : « Dieu n’accepte de l’œuvre que la part qui Lui est purement vouée, en quête de Sa Face. » (rapporté par An-Nasâ’î avec une bonne chaîne de garants et cité plus bas intégralement).

Troisièmement, il cite le hadith célèbre transmis par `Umar :
« Les actes ne valent que par l’intention (autre variante : "par les intentions"). A chaque homme, il ne sera tenu compte que de ses intentions. Celui qui aura émigré pour Dieu et Son Envoyé, son émigration lui sera comptée pour Dieu et Son Envoyé. Quant à celui qui aura émigré en vue de biens terrestres, ou afin de trouver une femme à épouser, son émigration ne sera que pour le but qui aura dicté son voyage. » (rapporté par Al-Bukhârî, Muslim, Abû Dâwûd, At-Tirmidhî et An-Nasâ’î).

D’après `Â’ishah - qu’Allah l’agrée, le Prophète - paix et bénédictions sur lui - dit : « Une armée envahira la Ka`bah. Puis, arrivée à une terre désertique, elle sera engloutie, du premier homme jusqu’au dernier. » - « Ô Envoyé de Dieu, dit `Â’ishah, comment seront-ils engloutis jusqu’au dernier, alors que parmi eux se trouvent des sujets insouciants et des étrangers ? » - « Ils seront engloutis, répliqua le Prophète, jusqu’au dernier, puis rescussités selon leurs intentions. » (rapporté par Al-Bukhârî, Muslim et d’autres).

D’après Abû Hurayrah, l’Envoyé de Dieu - paix et bénédictions sur lui - dit : « Certes, les gens seront ressuscités, chacun avec son intention telle quelle. » (rapporté par Ibn Mâjah, avec une bonne chaîne de garants ; rapporté également par Jâbir selon la variante : "les gens seront rassemblés").

Anas Ibn Mâlik - qu’Allah l’agrée - rapporta ces propos du Prophète - paix et bénédictions sur lui - à leur retour de la bataille de Tabûk : « Il y a des gens restés à Médine, qui, sur chaque route montagnarde, dans chaque vallée que nous avons traversées, étaient malgré tout avec nous. Ils ont seulement été retenus par un empêchement. » (rapporté par Al-Bukhârî et Abû Dâwûd). La variante de Abû Dâwûd s’énonce en ces termes : « Certes, vous avez laissés à Médine des gens qui n’ont manqué aucune route, aucune dépense que vous avez faites, aucune vallée que vous avez traversée. » - « Ô Messager de Dieu, dit-on, comment seraient-ils avec nous alors qu’ils sont restés à Médine ? » - « La maladie les a empêchés », répondit-il.

Selon Abû Hurayrah - qu’Allah l’agrée - l’Envoyé d’Allah dit : « Dieu ne regarde pas vos corps, ni vos apparences. Mais Il regarde vos cœurs. » (rapporté par Muslim).

Abû Kabshah Al-Anmârî, qu’Allah l’agrée, rapporta avoir entendu le Prophète - paix et bénédictions sur lui - dire : « Je jure sur trois choses et je vous tiens un discours à retenir ! » Il dit : « La fortune d’un Serviteur ne s’amenuise guère à cause d’une aumône. Toute injustice que le Serviteur supporte avec patience, Dieu accroîtra sa dignité. Tout Serviteur qui ouvre (sur lui-même) une porte du besoin verra Dieu ouvrir sur lui une porte de pauvreté. » (ou une parole de cet ordre) Quant aux paroles à retenir : « La vie appartient certes à quatre personnes :
- Un Serviteur à qui Dieu a donné la fortune et le savoir. Vis-à-vis de sa fortune, il manifeste la crainte pour son Seigneur, le dépense pour entretenir sa parentèle et y reconnaît une part pour Dieu ; celui-ci est le mieux loti.
- Un Serviteur à qui Dieu a donné le savoir, mais pas de fortune. D’une intention sincère, il se dit : ’Si j’avais de l’argent, j’en aurais fait comme untel !’ Pareilles intentions, pareilles récompenses.
- Un Serviteur à qui Dieu a donné la fortune, mais pas de savoir. Quant à sa fortune, il patauge aveuglément sans crainte pour Dieu, ni entretien de sa parentèle, ni conscience de la part due à Dieu ; voilà les plus mal lotis.
- Un Serviteur à qui Dieu n’a donné ni fortune ni savoir. Il se dit alors : ’Si j’avais de l’argent, j’en aurais fait comme untel !’. Pareilles intentions, pareils péchés. »
(Rapporté par Ahmad et At-Tirmidhî, dont c’est la formulation, et qui le jugea hasan sahîh »). [2]

Abû Hurayrah - qu’Allah l’agrée - rapporta selon le Prophète - paix et bénédictions sur lui : « Dieu, Exalté soit-Il, dit (à Ses Anges) : ’Si Mon Serviteur a l’intention de commettre une mauvaise action, ne l’inscrivez pas à son passif, tant qu’elle n’est pas mise à exécution. S’il la commet, incrivez-la comme telle ; et s’il l’abandonne pour Moi, faites-en une bonne action à son actif. Et s’il a l’intention d’accomplir une bonne action, mais ne la met pas à exécution, inscrivez une bonne action à son actif ; et s’il l’accomplit, démultipliez-la à son actif de dix à sept cents fois. »
(Rapporté par Al-Bukhârî et Muslim dont c’est la formulation)

Muslim rapporte les propos suivants du Prophète - paix et bénédictions sur lui : « Dieu, Exalté soit-Il, dit : ’Si Mon Serviteur se dit de faire une bonne action, J’inscrirai à son actif la récompense d’une bonne action tant que ses desseins n’auront pas encore été mis à exécution. S’il s’exécute, Je lui inscrirai une récompense décuplée. Si Mon Serviteur se dit de faire une mauvaise action, Je le lui pardonnerai tant que ses desseins n’auront pas encore été mis à exécution. S’il s’exécute, Je l’inscrirai telle quelle à son passif ; mais s’il l’abandonne, inscrivez à son actif une bonne action car c’est pour Moi qu’il l’aura abondonnée. »

Ma`n Ibn Yazîd - qu’Allah les agrée, père et fils - rapporte : « Mon père Yazîd déboursa quelques dinars en guise d’aumône, qu’il confia à un homme à la mosquée. Plus tard, je vins, empochai l’aumône et allai le retrouver. « Par Dieu, dit-il, ce n’est pas à toi que je l’ai destinée ! » Je me plaignis de lui auprès du Prophète - paix et bénédiction sur lui - qui trancha : « A toi ce que tu as conçu, Yazîd ; et à toi ce que tu as empoché, Ma`n ! » (Rapporté par Al-Bukhârî)

Selon Abû Hurayrah - qu’Allah l’agrée, le Messager de Dieu - paix et bénédictions sur lui - dit : « Un homme dit : ’Je compte bien faire une aumône cette nuit !’ Il va alors et remet son aumône à un voleur. Le lendemain, les gens se le racontent : ’Hier, on a fait une aumône à un voleur !’ Et l’homme de s’exclamer : ’Seigneur ! Louange à Toi pour cette aumône faite à un voleur ! Je compte bien faire encore une aumône.’ Il va donc et la remet à une prostituée. Le lendemain, les gens se le racontent : ’Hier, on a fait une aumône à une prostituée !’ Et l’homme de s’exclamer : ’Seigneur ! Louange à Toi pour cette aumône faite à une prostituée ! Je compte bien faire encore une aumône.’ Il va donc et la remet à un homme riche. Le lendemain, les gens se le racontent : ’Hier, on a fait une aumône à un homme riche !’ - ’Seigneur, s’exclame l’homme charitable, Louange à Toi pour les aumônes faites à un voleur, à une prostituée et à un homme riche !’ Plus tard, l’homme vit en songe quelqu’un lui dire : ’Il se peut que l’aumône faite au voleur le fasse s’abstenir du vol ; que celle faite à une prostituée la fasse s’abstenir de la fornication ; que celle faite à un homme riche, lui serve de leçon et l’incite à suivre ton exemple, en dépensant une partie de la fortune que Dieu lui a octroyée.’ » (Rapporté par Al-Bukhârî, dont c’est la formulation, et par Muslim et An-Nasâ’î qui rapportèrent en sus : ’Tes aumônes sont acceptées.’ puis rapportèrent la suite du récit.)

Cette profusion de hadiths, entre autres, prônent avec les versets du livre de Dieu, la valorisation de l’intention sincère et de son importance dans la religion, et que l’intention est « l’esprit » de toute œuvre.

Mais quelle est cette intention qui fait l’objet de tant d’enseignements dans tous ces hadiths ?

P.-S.

Traduit de l’arabe du livre : "L’Intention et La Sincérité" du site qaradawi.net.

Notes

[1Al-Hâfidh est une distinction qui signifie littéralement "le mémorisateur". On l’emploie pour les grands imâms de référence.

[2En guise de complément, nos lecteurs arabophones peuvent à loisir consulter en ligne le commentaire de l’Imâm Al-Ahwadhî des Sunan d’At-Tirmidhî.

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