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Le Soufisme et l’Islam

Le Tasawwuf ne s’acquiert pas par la lecture

jeudi 20 septembre 2001

La méthodologie consiste donc à purifier l’âme et à perfectionner la clairvoyance. Mais de quelle manière ? Peut-on accéder directement à la connaissance de certaines choses de l’Inconnu (Ghayb) par la recherche, les études et les analyses approfondies ? L’illumination serait-elle alors proportionnelle à l’exhaustivité de l’étude et l’assimilation ? La réponse est négative, catégoriquement. L’Imâm Al-Ghazâlî a exprimé l’opinion correcte à ce sujet [dans Al-Munqidh Min Ad-Dalâl], en se basant sur sa propre expérience :

 « J’ai commencé l’acquisition de leur science par la lecture de leurs livres, comme Qût Al-Qulûb d’Abû Tâlib Al-Makkî, qu’Allâh lui fasse miséricorde, les livres
d’Al-Hârith Al-Muhâsibî, ainsi que quelques fragments qui nous sont restés de Al-Junayd, Ash-Shiblî et Abu Yazîd Al-Bistâmî, qu’Allâh purifie leurs âmes, et d’autres propos encore de leurs sheikhs. J’ai alors pris connaissance de l’essence de leurs nobles objectifs et j’ai acquis tout ce qui pouvait être acquis par l’étude et l’enseignement oral. Il m’est alors apparu que leurs caractéristiques les plus spécifiques ne pouvaient être atteintes par l’enseignement mais plutôt par le goût, l’état et la transformation de soi.

Combien grande est la différence entre savoir d’une part ce qu’est l’état de bonne santé et de satiété ainsi que leurs raisons et leurs conditions, et d’autre part, être en bonne santé et rassasié… C’est cette même différence qui existe entre le fait de savoir ce qu’est l’état d’ivresse qui résulte de la domination de vapeurs remontant de l’estomac pour couvrir les facultés du cerveau et le fait de connaître soi-même l’ivresse. En fait, la personne en état d’ivresse ne sait pas expliquer l’ivresse tandis que le médecin qui tombe malade cerne bien l’état de bonne santé, ses raisons, les médicaments nécessaires alors que la bonne santé lui fait défaut.

Ainsi, il y a une différence entre connaître la vérité de l’ascétisme, ses conditions et ses raisons, et le fait que ton état soit l’ascétisme et le renoncement de ton âme au bas-monde.

J’ai su avec certitude qu’ils étaient des maîtres des états et non des paroles… Et tout ce qui pouvait être acquis par l’enseignement je l’ai acquis, il ne me restait plus que ce qui ne pouvait être atteint par l’audition des professeurs ou l’enseignement, mais qui est le fruit du goût et du cheminement. »

Lorsqu’Ibn Sînâ a voulu délimiter le chemin de la clairvoyance afin que, selon son expression même, le secret de l’homme devienne comme un miroir poli, il n’a pas évoqué la lecture et la recherche : il a délimité ce chemin par la volonté
ferme (irâdah) et par l’entraînement et l’exercice (riyâdah).

Abû Al-Hasan An-Nûrî pense en toute franchise que le tasawwuf n’est pas une « science ». Il argumente son opinion en disant que si c’était une science alors elle pourrait être acquise par l’enseignement. Or, il n’en est rien : la voie de la purification de l’âme n’est pas une science qui s’inculque.

P.-S.

Traduit de l’arabe de Al-`Ârif billâh, Abû Al-`Abbâs Al-Mursî (Le gnostique, Abû Al-`Abbâs Al-Mursî) de l’Imâm `Abd Al-Halîm Mahmoud, aux éditions Dâr Ash-Sha`b, Le Caire, Egypte, 1972.

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