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Sheikh Abû Al-A`lâ Al-Mawdûdî

dimanche 5 novembre 2000

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Né en : 1903, au Sud de l’Inde Décédé en : 1979, à Lahore

Al-Mawdûdî naquit dans la ville d’Aurangabad, au sud de l’Inde, le 25 Septembre 1903 (3 Rajab 1321 A.H.). Il apprit la langue arabe depuis sa plus tendre jeunesse si bien qu’à l’âge de quatorze ans, il fit une traduction de l’arabe à l’urdu du livre Femme Moderne de Qâsim Amîn. A la fin des années 20, Al-Mawdûdî s’établit dans le monde du journalisme comme éditeur du journal Muslim (1921-1923) et plus tard, comme celui de Al-Jam`iyyât (1925-1928). Sous sa direction, Al-Jam`iyyât devint le premier journal des musulmans en Inde.

Le début de l’activité intellectuelle d’Al-Mawdûdî dans le subcontinent Indo-Pakistanais remonte à 1927 où, à l’âge de 24 ans, il fit une entrée fracassante avec son ouvrage Le Jihâd Islamique. En 1932, Al-Mawdûdî entreprit la publication de Tarjumân Al-Qurân, un journal qui, pendant les 47 années suivantes, devint l’un des vecteurs les plus importants de sa pensée. Tarjumân Al-Qurân eut une influence certaine sur les intellectuels musulmans du subcontinent. Cependant, face à l’évolution rapide des événements de la scène politique en Inde, Al-Mawdûdî comprit que ses écrits n’étaient pas suffisants. En 1938, invité par le célèbre poète et intellectuel du Punjab, Muhammad Iqbâl, Al-Mawdûdî partit au Punjab pour diriger la mise en place d’un projet éducatif appelé "Dâr Al-Islâm" (La Demeure de l’Islam).

Au Punjab, il s’impliqua dans le débat autour du mouvement Pakistanais, entre la Ligue Musulmane et Les Musulmans soutenant le parti du ’Congress’ à majorité hindoue. Il critiqua les deux partis pour leur trahison des aspirations des musulmans en Inde et pour leur approche laïque. A Lahore, l’idée de Mawdûdî de constituer un parti islamique prit forme. En août 1941, avec la collaboration d’un certain nombre d’intellectuels musulmans, il fonda le Jamaat-i-Islami.

Après la Scission en 1947, il s’installa au Pakistan où il concentra ses efforts sur la formation d’une société musulmane. Pour atteindre cet objectif, il rédigea des ouvrages où il décrit la société musulmane et les principes islamiques qui la régissent. Sa traduction commentée du Noble Coran Tafhîm Al-Qur’ân (Explication du Coran) a commencé en 1942 et s’est achevée en 1972. Trois décennies d’effort pour produire cet ouvrage de 6 volumes. Dans la préface de son livre, Al-Mawdûdî dit : "Le rythme original, les expressions qui extasient, le charme de la mélodie sont souvent perdus dans une traduction littérale. Le Coran s’adresse au lecteur dans la langue des humains, de façon vive et mélodieuse. Sa cadence étincelante vivifie l’esprit et ses notes dépourvues de passion éveille l’âme avec force, comme si une grande tempête se déchaînait dans le coeur".

L’axe politique avait une part non négligeable dans la réflexion du professeur Al-Mawdûdî et d’ailleurs, critiquant des hommes au pouvoir, l’activité du Jamaat déboucha sur une confrontation ouverte avec le gouvernement au sujet du rôle de l’Islam dans la politique. Il fut donc arrêté et connut les prisons pendant un certain temps. Malgré sa détention, il continua ses activités et sa mobilisation des savants et intellectuels pour faire pression sur l’Assemblée Constitutive du Pakistan pour islamiser le pays.

Beaucoup retiennent la fermeté d’Al-Mawdûdî lorsqu’en 1953, une peine de mort fut prononcée à son encontre pour avoir écrit ce que les autorités ont qualifié de pamphlet séditieux à propos du "Problème de la Qadiyâniyyah". Il déclina, dit-on, l’invitation à implorer la clémence et affirma : "Si l’heure de ma mort est venue, nul ne pourra m’en séparer. Mais si elle n’est pas venue, ils ne pourront m’envoyer au gibet même s’ils se mettaient à marcher sur leur tête pour le faire !".

Le gouvernement fut contrarié par des pressions internes et externes pour libérer Al-Mawdûdî dont la renommée avait grandi. La peine de mort fut révisée à la baisse pour devenir un emprisonnement à perpétuité. L’essence de la pensée d’Al-Mawdûdî était de faire une reconstruction totale de la vie sociale et politique pour établir une société où la religion serait souveraine : "Nous devons mettre de l’ordre dans nos idées et lois selon les préceptes islamiques afin que l’Islam devienne de nouveau une force active, qu’il devienne le souverain de ce monde et non pas le gouverné".

Le lecteur pourra consulter l’analyse-critique de Sheikh Abû Al-Hasan An-Nadwî intitulée "L’Interprétation politique de l’Islam à travers les ouvrages du professeur Abû Al-A`lâ Al-Mawdûdî et Sayyid Qutb ".

Après avoir dirigé le Jamaat pendant plus de 30 ans, la maladie contraint Mawdûdî de céder sa Place de Amîr (Prince, leader). Cependant, il continua à influencer le cours de la politique au Pakistan et en 1977, le nouveau gouverneur, Zia ul-Haqq exprima son admiration pour les efforts du professeur Al-Mawdûdî. Pour apprécier la difficulté du terrain sur lequel s’était engagé Sheikh Al-Mawdûdî, il suffit de se rappeler le mot de Lord Macaulay au sujet du Pakistan au lendemain de la Scission et son rêve de former une génération "qui serait anglaise en tout point, sauf la race et la couleur."

Certains mouvements musulmans appelant à la réforme de la société musulmane, l’éducation islamique et l’application de la Loi divine ont pour modèle le Jamaat-i-islami et les Frères Musulmans.

Le respect que nous avons pour les efforts du professeur Abû Al-A`lâ Al-Mawdûdî ne nous prive pas d’émettre des réserves sur certains de ses propos lorsque cela mérite d’être fait. Et si dans certains de ses écrits Al-Mawdûdî formule quelques opinions personnelles s’écartant d’une opinion majoritaire chez les savants de Ahl As-Sunnah, ces positions doivent être considérées comme telles.

Les funérailles du professeur Al-Mawdûdî à Lahore, en Septembre 1979, ont rassemblé plus d’un million de musulmans. Que Dieu lui accorde Sa Miséricorde.

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