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L’Hégire : un tournant dans l’histoire des Musulmans

vendredi 18 octobre 2002

Question

Chers savants en Islam, le nouvel an hégirien approche. Je sais que l’Hégire constitua un tournant dans l’histoire de l’Islam. Pourriez-vous m’éclairer quelque peu sur l’esprit de l’Hégire ? Qu’est-ce que les Musulmans doivent retenir de ce grand événement ?

Que Dieu vous récompense.

Réponse du Docteur Muzammil Siddîqî

Que la paix soit sur vous, ainsi que la miséricorde de Dieu et Sa bénédiction.

Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux.

A Dieu s’adressent louanges et remerciements ; paix et bénédictions sur Son Messager.

Mon frère, merci de votre question touchante : elle nous rappelle l’Hégire, ce tournant de l’histoire de l’Islam, comme vous l’avez dit. Assurément, l’Hégire, alluma une lueur d’espoir dans le coeur des premiers Musulmans, ceux-là mêmes qui constituent désormais un excellent exemple à suivre pour les Musulmans de toutes les générations postérieures. L’Hégire fut également pour eux un instrument d’examen de conscience, et ce, afin qu’ils pussent évaluer leur situation face aux défis inhérents à l’honneur d’être la plus parfaite communauté présentée à l’humanité.

Nous allons ici citer la fatwâ émise par le Dr Muzammil Siddîqî, ancien Président de la Société Islamique d’Amérique du Nord :

"Dans le Noble Coran, Dieu, le Très-haut, dit : "Ceux qui auront cru, ceux qui auront émigré, ceux qui auront combattu dans le chemin de Dieu avec leurs biens et leurs personnes, seront placés sur un rang très élevé auprès de Dieu : voilà les vainqueurs ! Leur Seigneur leur annonce une Miséricorde venue de Lui, une satisfaction et des jardins où ils trouveront un délice permanent ; ils y demeureront, à tout jamais, immortels. Oui, une récompense sans limites se trouve auprès de Dieu." (sourate 9 intitulée le Repentir, At-Tawbah, versets 20 à 22)

La nouvel an hégirien approche. Notre calendrier religieux est le calendrier hégirien. Il est important de garder à l’esprit sa signification et sa grande portée.

L’Hégire constitua l’un des évènements les plus importants de l’histoire de l’Islam. Ce fut pour cette raison que `Umar — que Dieu l’agrée — adopta la date de l’Hégire pour calculer les années. Les Musulmans choisirent l’Hégire comme point de repère chronologique. Dans son aspect purement matériel, l’Hégire fut un voyage entre deux cités distantes d’environ 480 km ; mais surtout, elle marqua le début d’une nouvelle ère, d’une nouvelle civilisation, d’une nouvelle culture et d’une nouvelle histoire pour l’humanité entière. Les progrès de l’Islam procédèrent non seulement du fait de ce mouvement physique d’émigration, mais surtout du fait que les Musulmans prirent l’Hégire en considération sous tous ses aspects et toutes ses dimensions.

Lorsque le Prophète — paix et bénédiction sur lui — émigra de la Mecque à Médine, il n’opéra pas seulement un transfert de domicile, il ne s’abrita pas simplement dans une autre cité mais, sitôt arrivé à Médine, il commença à transformer cette ville.

Il est important pour nous d’étudier et de méditer ce qu’il fit à Médine. Nous pouvons tirer maintes leçons de cette histoire et en apprendre beaucoup de bien pour notre vie.

1. Al-Masjid (la mosquée) : Le Prophète — paix et bénédiction sur lui — commença par ériger une mosquée pour l’adoration du Dieu unique. Il aida lui-même à porter des pierres et à construire ce bâtiment, petit et modeste en apparence, mais d’une immense importance. Ce fut là le commencement ; bientôt d’autres mosquées seraient édifiées à Médine.

2. Al-Madrasah : l’école islamique et l’institution éducative de la Communauté. Ainsi, As-Suffah fut la première école islamique. Elle fut placée sous la supervision du Prophète — paix et bénédiction sur lui. Par la suite, d’autres écoles furent ouvertes. Selon notre maître Shiblî Nu`mânî, neuf écoles furent ouvertes, rien qu’à Médine à l’époque du Prophète — paix et bénédiction sur lui.

3. Al-Mu’âkhât : la fraternisation. Il instaura des liens de fraternité entre les Muhajirûn (les Musulmans qui avaient émigré de la Mecque à Médine avec lui) et les Ansâr (les habitants de Médine qui aidèrent le Prophète et ses Compagnons). Les mosquées et l’école ne suffisaient pas ; il était également important que règnent de bonnes relations entre les Musulmans. Leur relation de fraternité devrait se fonder sur la foi, et non sur l’appartenance tribale, comme cela avait été la coutume avant l’Islam.

4. Relations entre les diverses communautés et religions : le Prophète — paix et bénédiction sur lui — établit également de bonnes relations avec les autres communautés qui vivaient à Médine. Il y avait une vaste communauté juive ainsi que quelques autres tribus arabes qui n’avaient pas accepté l’Islam. Le Prophète — paix et bénédiction sur lui — mit sur pied un pacte (Mîthâq) pour régir les relations entre ces communautés.

5. Nettoyer la cité : Yathrib (ancien nom de Médine) était une ville sale. Lorsque les Compagnons du Prophète arrivèrent à Médine, beaucoup d’entre eux tombèrent malades et n’apprécièrent pas la cité. Le Prophète — paix et bénédiction sur lui — leur demanda de nettoyer la ville et d’en ôter toutes les saletés. `Â’ishah — que Dieu l’agrée — dit : « Nous arrivâmes à Médine alors que c’était la terre de Dieu la plus polluée. L’eau qui s’y trouvait était nauséabonde. » (Al-Bukhârî, 1756)

6. Le système hydraulique de la cité : Le Prophète (paix et bénédiction de Dieu sur lui) demanda aux Compagnons de creuser des puits à divers endroits de Médine. Il est mentionné que plus de cinquante puits furent creusés et qu’il y eut assez d’eau potable pour tout le monde.

7. L’agriculture et le jardinage : Le Prophète — paix et bénédiction sur lui encouragea les Compagnons à cultiver la terre et à entretenir des jardins. Il leur dit que quiconque soignerait une terre inculte la posséderait. De nombreuses personnes commencèrent à travailler et à cultiver. Bientôt, la nourriture devait suffire toute la ville.

8. L’éradication de la pauvreté : En peu de temps, il n’y eut plus de gens indigents à Médine. Chacun possédait assez pour vivre, et le Prophète — paix et bénédiction sur lui — prit l’habitude d’offrir des présents aux délégations qui lui rendaient visite.

9. Sûreté, sécurité, loi et ordre : Médine devint la cité la plus sûre du monde. Vols, viols, ébriété ou meurtres étaient rarissimes et on les prenait immédiatement en main.

En somme, l’Hégire nous apprend que quel que soit le lieu où se rendent les Musulmans, ils doivent y apporter le bien. Ils doivent œuvrer pour le bien-être de la société, tant sur le plan social que matériel."

Et Dieu est le plus savant.

P.-S.

Traduit de la Banque de Fatâwâ du site Islamonline.net. La version originale est consultable sur archive.org.

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