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L’inscription de la Sunnah et ses conséquences sur l’authenticité du Hadîth

Réponses aux polémiques des orientalistes

mercredi 18 juillet 2001

Il s’agit d’une allégation inventée de longue date par certains orientalistes immodérés basée sur une fausse illusion que l’on a déjà discutée lors de l’étude réservée à l’inscription du Hadîth. Selon eux, le Hadîth serait resté deux cents ans sans être écrit. Puis, après cette longue durée, les savants du Hadith auraient décidé de le compiler en rapportant les propos de ceux qui auraient entendu le Hadîth. L’un d’eux dirait alors : j’ai entendu untel dire qu’il a entendu untel dire que le prophète - paix et bénédiction d’Allâh sur lui - a dit… Puis, lorsque la discorde a entraîné des divisions et l’apparition de groupes politiques, certains groupes auraient forgés de faux hadiths pour prouver que la vérité était de leur côté. Enfin, les savants de la sunnah ont étudié le Hadîth et l’ont classé dans des catégories très nombreuses, si bien qu’il serait devenu difficile de juger si un hadîth est authentique ou controuvé.

Dans le cadre des études précédentes consacrées à l’inscription du Hadith, l’historique des chaînes de garants (isnâd) et les conditions que doivent remplir les narrateurs, nous avons analysé cette allégation suffisamment en profondeur si bien que nous pouvons nous dispenser de nous répéter ici. Nous nous contenterons donc des points synthétiques suivants pour leur répondre :

  1. L’inscription du Hadîth a commencé depuis les tous premiers temps, du vivant même du Prophète, paix et bénédiction d’Allâh sur lui. Elle a englobé une grande partie des hadiths comme nous l’avons prouvé de manière probante et nous avons déjà mentionné des exemples de cette inscription. Nous attirons l’attention du lecteur des ouvrages dédiés à la biographie des narrateurs du Hadîth sur les divers récits historiques qu’ils renferment de manière éparse dans les biographies de ces narrateurs prouvant leur inscription du Hadîth de façon très étendue et montrant à quel point l’inscription du Hadith s’était manifestement répandue si bien que le chercheur pourrait même avoir l’impression que le Hadîth a été entièrement inscrit très tôt.

  2. La classification du Hadith en chapitres dans les recueils et les Sommes de Hadith constitue une phase très avancée dans l’inscription du Hadîth. Cela s’est produit longtemps avant l’an 200 A.H. Plus précisément, cela a eu lieu au début du deuxième siècle (hégirien), entre l’an 120 et l’an 130 A.H.. En temoignent de nombreuses preuves concrètes. En effet, il y a de nombreux livres dont les auteurs sont décédés au milieu du deuxième siècle, comme le recueil de Mucammar Ibn Râshid ( mort en 154 A.H.), le recueil de Sufyân Ath-Thawry (mort en 161 A.H.), celui de Hishâm Ibn Hassân (mort en 148 A.H.), Ibn Jurayh (mort en 148 A.H.) et de nombreux autres. Les savants ont retrouvé certains de ces recueils comme celui de Mu`ammar Ibn Râshid qui fait actuellement l’objet de recherches et d’analyses en Inde et dont la publication sera une preuve et un témoin véridique de l’authenticité de ce que nous avons montré dans ce sujet.

  3. Les savants du Hadith ont établi des conditions pour accepter les hadiths garantissant leur transmission de génération en génération, avec rigueur et fidélité, tels qu’ils ont été entendus du Messager d’Allâh - paix et bénédiction sur lui. Nous avons également exposé les conditions à vérifier dans le narrateur garantissant sa totale véridicité au vu de ce qui se réunit en lui comme motivations religieuses, sociales et psychologiques, et du fait qu’il soit complètement en possession de ses facultés et apte à assumer la responsabilité . A cela s’ajoute l’évaluation de la force de mémorisation du narrateur et sa rigueur, qu’il s’agisse d’apprentissage par cœur ou de consignation écrite, ou les deux à la fois, ce qui lui permet de se remémorrer un hadith et le restituer tel qu’il l’a entendu. Nous avons également exposé les critères de validité des hadiths authentiques (sahîh) et bons (hasan) garatissant la fiabilité du narrateur, et la sureté de la transmission du hadîth d’un maillon à l’autre de la chaine des garants et le fait qu’il soit à l’abri des défauts pouvant le disqualifier, qu’ils soient apparents ou cachés. Nous avons de même souligné la rigueur des savants du Hadith (muhaddith) dans l’application de ces règles d’authentification si bien qu’ils déclaraient un hadîth faible dès lors qu’une condition requise pour son authenticité n’était pas vérifiée, sans même attendre de trouver des preuves le contredisant.
  4. Les savants du Hadith ne se sont pas contentés de cela. Ils ont été vigilants à l’égard de certains facteurs d’authenticité de la transmission écrite qui échappent aux indiscrets qui se permettent de leur donner des leçons. Aussi les savants du Hadîth ont-ils exigé que les conditions de validité du hadith soient vérifiées pour la transmission écrite. C’est pour cela que nous trouvons sur les parchemins (makhtoutât) du Hadith, leur chaîne de transmission d’un scribe au suivant remontant au premier à l’avoir écrit. Y figurent également les samâ`ât (chaînes d’écoute) complètes du manuscrit ainsi que l’écriture de l’auteur ou celle du cheikh qui enseigne une copie obtenue à partir de la copie originale de l’auteur ou d’une de ses copies. Ainsi la méthodologie des savants du Hadith s’avère plus solide, mieux avisée et plus vigilante que toute autre méthodologie d’authentification de narrations ou de documents écrits.
  5. Le souci d’authentification des chaînes de narration (al-isnâd) n’a pas attendu 200 ans pour voir le jour, comme cela est prétendu. Les compagnons déjà, depuis les premières générations, se sont penchés avec minutie sur les chaînes de narration lorsque la discorde est survenue en l’an 35 A.H., pour protéger le Hadîth de toute falsification. Les musulmans ont d’ailleurs donné au monde entier un exemple unique en son genre de l’inspection des chaînes de narration. Ils ont sillonné la terre à la recherche des narrations et ont mis à l’epreuve les narrateurs du Hadith, si bien que le voyage est devenu une condition fondamentale dans la formation du savant du Hadîth.
  6. Comme nous l’avons montré, les musulmans n’ont pas été innattentifs à la falsification des faussaires et des innovateurs ou des sectes aux aspirations politiques. Au contraire, ils se sont empressés de les combattre en appliquant les méthodologies scientifiques garantissant la préservation de la Sunnah mettant en évidence les motifs des faussaires et les caractéristiques des narrations controuvées.
  7. Cette grande diversité au sein du Hadith ne provient pas du fait de la diversité ses statuts en terme de validité ou de rejet seulement, mais cela comprend l’étude de ses narrateurs, de ses chaînes de garants (isnâd) et de ses énoncés (matn). Cela est une preuve de la grande clairvoyance des savants du Hadîth et la rigueur de leurs études. Nous avons exposé cela de facon très limpide dans notre livre, si bien qu’il ne reste plus à l’auteur de ses allégations que de se rendre à l’évidence. En outre, nous citons pour preuve de la rigeur de cette science et de ses savants la taxonomie et la classification du Hadîth. En réalité, nulle science ne peut être considérée comme telle si elle ne comporte pas une taxonomie.
  8. Les savants du Hadîth ont consacré des ouvrages pour chaque catégorie du Hadith et les sciences s’y rapportant regroupant les hadiths appartenant à chaque catégorie, ou leurs chaines de garants, ou encore leurs narrateurs comme nous l’avons montré dans l’étude dédiée à chaque catégorie du Hadîth dans le présent ouvrage, si bien que nul ne pourra s’interroger sur la manière de reconnaître le hadîth authentique des autres catégories de hadîths. Nous disons néamoins que la diversité s’observe dans toute science et tout art. Si un individu demandait comment identifier une maladie donnée vu que les maladies se comptent par centaines, ou comment reconnaître tel composé chimique parmi les milliers de composés chimiques connus, nous l’orienterions vers les spécialistes auprès desquels il est susceptible de trouver la réponse satisfaisante et la solution convaincante.

    De même que nous nous réferons aux médecins en matière de médecine, aux ingénieurs pour les sciences de l’ingénieur, aux chimistes pour la chimie, aux pharmaciens pour la pharmacie, lorsqu’il s’agit de reconnaître un hadîth et ses caractéristiques, il convient de s’adresser aux savants spécialisés dans cette science pour avoir un exposé explicite appuyé par des preuves décisives.

P.-S.

Extrait de Manhaj fî naqd `Ulûm Al-Hadîth (Méthodologie de la critique des Sciences du Hadîth) de Dr. Noureddîn `Itr

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