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Des problèmes sur le chemin de la vie islamique
Section : Le recel des divergences est une grande trahison

L’univoque et l’équivoque

mercredi 19 juillet 2006

Je dis,

Il existe dans le saint Coran des versets univoques (muhkam) et d’autres équivoques (mutashâbih). Cependant, quelle est la proportion de l’équivoque par rapport à l’univoque ?

L’univoque constitue la partie-mère de la révélation et la base du livre, il est le fondement des obligations. Ceci signifie que c’est vers lui que s’orientent les volontés, à sa lumière elles agissent et sur lui se focalisent leurs actions. Quant à l’équivoque — qui est très limité —, se focaliser sur lui constitue une déviance de la pensée et une errance du cœur. Il nous suffit de le prendre tel quel sans nous étendre à son sujet ni chercher des complications. D’une part, s’éterniser sur lui ne sert à rien. D’autre part, cela sera aux dépens de l’univoque ; on le négligera après avoir gaspillé le temps sur autre chose.

On m’a dit :

Mais nos ancêtres ont divergé après avoir réfléchi, on ne peut nier cela. Dans le pays, il y a des gens qui s’attachent fanatiquement aux prédécesseurs (Salaf) qui ont pris les versets selon leur sens apparent et il y en a d’autres qui s’attachent aux successeurs (Khalaf) qui ont interprété ces versets et leur ont trouvé des significations raisonnables. Que faire ?

Je réponds :

Le fanatisme aveugle est inacceptable ! À bien y réfléchir, il est une vérité qu’il faut affirmer.

Aussi bien le Salaf que le Khalaf glorifient et louent leur Seigneur. Ils Le sanctifient, espèrent Sa miséricorde et craignent Son châtiment. Tous croient en Son existence, qu’Il est l’Omnipotent, que rien ne Lui ressemble et que ce que Lui attribuent les Juifs et les Chrétiens comme incarnation, multiplicité ou tout autre trait humain n’est que pure erreur !

Les expressions du Salaf et du Khalaf tendent toutes vers cet objectif, bien que leurs styles puissent différer. Si la divergence entre eux n’était pas purement terminologique, elle en serait très proche en tout cas.

Le Coran est un livre qui enracine la certitude dans les cœurs et propage le bien dans la société. Il parle aux serviteurs de Dieu pour leur faire connaître Sa puissance et Sa grandeur, et les éduquer dans Son observance. Or, le Coran a été révélé en langue arabe. Il a suivi ses règles et a eu recours à ses figures de style et à ses procédés oratoires. Quand nous le méditons correctement, nous suivons le droit chemin.

Néanmoins, la raison humaine connaît des errances qui lui suggèrent parfois de se poser des questions qui n’ont pas de réponse. Si je mémorise le Coran, où est la place de ce qui est mémorisé ? Est-ce dans mon cœur ou dans ma tête ? Je ne sais pas...

La mémoire est un dépôt étonnant, comment disparait dans ses abysses ce que l’on oublie, et flotte à sa surface ce dont on se souvient ? Je ne sais pas ! Et puis à quoi bon insister sur ces interrogations, si la réponse est au-dessus de ma capacité ?!

Est-ce que la fourmi sait comment le poète crée sa rime ou comment le professeur résout une équation algébrique ? Elle ne le sait pas et ne le saura jamais !!

Alors pourquoi l’un d’entre nous essayerait-il de connaître la quiddité de la divinité alors qu’il ne se connait pas lui-même ? La transformation de la nourriture en cellules vivantes, puis la transformation de ces dernières en matière morte qui disparaît puis se renouvelle, est une chose stupéfiante pour la raison. Or, ce phénomène se reproduit très fréquemment, à toute heure du jour et de la nuit, par l’œuvre de Celui Qui a dit de Lui-Même : « Chaque jour, Il accomplit une œuvre nouvelle. » [1] et « C’est Lui qui donne la vie et donne la mort. Puis quand Il décide une affaire, Il n’a qu’à dire : "Sois", et elle est. » [2]

P.-S.

Traduit de l’arabe de Mushkilât fî Tarîq Al-Hayâh Al-Islâmiyyah, Maktabat Rihâb Al-Jazâ’ir, 1989.

Notes

[1Sourate 55, Ar-Rahmân, Le Miséricordieux, verset 29.

[2Sourate 40, Ghâfir, La Pardonneur, verset 68.

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