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Le tashahhud après la mort du Prophète

dimanche 26 juin 2005

Question

À l’instar d’autres savants, Sheikh Al-Albânî, dans Sifat Salât An-Nabî Sallâ Allâhu `alayhi wa Sallam (La Prière du Prophète), commente le tashahhud [1] d’Ibn Mas`ûd — qu’Allâh l’agrée — disant : « Je pense que la parole d’Ibn Mas`ûd : "Nous dîmes : que la paix soit sur le Prophète (assalâmu `alâ an-Nabiyy)" signifie que les Compagnons — qu’Allâh les agrée — disaient pendant le tashahhud "que la paix soit sur toi, ô Prophète" (assalâmu `alayka ayyuha an-nabiyyu) du vivant du Prophète — paix et bénédictions sur lui — et que, après son décès, ils dirent : "que la paix soit sur le Prophète" (assalâmu `alâ an-Nabiyy) et qu’il n’y a nul doute que cela provient d’une injonction du Prophète — paix et bénédictions sur lui —, ceci est confirmé par le fait que `Â’ishah — qu’Allâh l’agrée — enseignait le tashahhud pendant la prière selon la formule "que la paix soit sur le Prophète", comme le rapporte As-Sarrâj dans son Musnad et par Al-Mukhlas dans Al-Fawâ’id selon deux chaînes de narrateurs authentiques d’après `Â’ishah. » [2] De plus, Sheikh Mashhûr Salmân, un disciple de Sheikh Al-Albânî, dit : « Il est erroné de dire "que la paix soit sur toi ô Prophète" pendant le tashahhud. » [3] Qu’en pensez-vous ?

Réponse de Sheikh Husâm Ad-Dîn `Afânah

Au Nom d’Allâh le Clément le Miséricordieux.

Que la paix et les bénédictions soient sur le Messager d’Allâh.

L’orant ne commet pas d’erreur en disant "que la paix soit sur toi, ô Prophète" (assalâmu `alayka ayyuha an-nabiyyu). Bien au contraire, cela est la vérité qui ne fait point de doute. Comment cela serait-il erroné alors que cela a été transmis par de nombreux Compagnons du Messager d’Allâh — paix et bénédictions sur lui — comme `Umar, son fils `Abd Allâh, Ibn `Abbâs, `Â’ishah, Abû Mûsâ Al-Ash`arî, et d’autres ? Cela nous provient de leur part — qu’Allâh les agrée tous — de manière certaine et correspond à l’opinion suivie par la majorité des savants.

Il convient de noter que plusieurs formulations du tashahhud nous sont parvenues de la part du Prophète — paix et bénédictions sur lui. Sheikh Al-Albânî en a mentionné cinq reçues de manière authentique du Prophète — paix et bénédictions sur lui —, à savoir les tashahhud d’Ibn Mas`ûd, d’Ibn `Abbâs, d’Ibn `Umar, d’Abû Mûsâ Al-Ash`arî et de `Umar Ibn Al-Khattâb — qu’Allâh les agrée tous. Les quatre dernières formulations s’énoncent "que la paix soit sur toi, ô Prophète", comme cela est rapporté par Sheikh Al-Albânî dans Sifat Salât An-Nabiyy sallâ Allâhu `alayhi wa sallam.

Les savants affirment que les différences rapportées de la part du Prophète — paix et bénédictions sur lui — dans les formulations du tashahhud relèvent de la variété et non point de la contradiction. Il suffit que l’orant use de l’une d’elles pour que sa prière soit valide. De plus, il est inconvenant de contraindre l’orant à user d’une seule de ces formulations en particulier, à savoir "que la paix soit sur le Prophète" (assalâmu `alâ an-Nabiyy). L’Imâm Ash-Shâfi`î dit : « Le tashahhud ne comprend rien d’autre que la glorification de Dieu, et j’espère une certaine largesse dans cette affaire. »

Le Hâfidh Ibn `Abd Al-Barr dit : « Vu que Mâlik savait que le tashahhud ne pouvait provenir que d’une directive du Prophète — paix et bénédictions sur lui —, il opta pour le tashahhud de `Umar car celui-ci l’enseignait aux gens du haut du minbar sans qu’aucun Compagnon ne le conteste, alors qu’ils étaient très nombreux à être encore en vie sous son califat, et qu’il enseignait cela aux Successeurs qui n’en avaient pas eu connaissance et à tous ceux qui embrassaient l’islam en son temps. Il ne fut nullement rapporté qu’un Compagnon dans l’assistance ait contesté cette formulation. Le fait qu’ils acceptaient cela de la part de `Umar, bien qu’ils tinssent d’autres variantes du Prophète — paix et bénédictions sur lui — prouve la largesse qui existe dans les narrations provenant du Prophète — paix et bénédictions sur lui — alors que toutes ces variantes sont très similaires et véhiculent le même sens, et ne varient entre elles que par l’addition ou l’omission d’un mot. »

Je suis d’avis que les variantes concernant le tashahhud, l’adhân, l’iqâmah, le nombre de takbîr pour les prières funéraires, et ce qu’on y récite ou dit, ainsi que le nombre de takbîr lors des prières de l’aïd, le fait de lever les mains lors des inclinaisons des prières prescrites ou des prières funéraires, et le nombre de salâm à la fin de la prière — une fois ou deux fois —, le fait de mettre la main droite sur sa main gauche pendant la prière, ou laisser ses bras pendre sur les côtés, effectuer le qunût ou non, et tout se qui s’apparente à ces questions est tout à fait permis, à l’instar du wudû’, une fois, deux fois ou trois fois... Toutes ces formes ont été transmises de la part du salaf, et par les pieux Successeurs de la part de leurs prédécesseurs, de manière certaine, sans aucun risque d’erreur ni d’oubli, car il s’agit de choses visibles dont on use dans les contrées musulmanes génération après génération, sans divergence aucune entre les savants et entre les populations, depuis le temps du Prophète — paix et bénédictions sur lui — jusqu’à nos jours. Cela montre donc que toutes ces choses sont permises et font l’objet d’une largesse et d’une miséricorde — qu’Allâh en soit Loué.

Sheikh Al-Islâm Ibn Taymiyah dit au sujet des différences de forme qui peuvent exister au niveau des actes de culte : « La troisième catégorie comporte les pratiques établies avec certitude comme provenant de la part du Prophète — paix et bénédictions sur lui — selon deux variantes. Certains savants interdisent une variante, ou la détestent, du fait que cela ne leur est pas parvenu, et lui trouvent des interprétations faibles. La position juste dans ces cas de figure est que tout ce que le Messager d’Allâh — paix et bénédictions sur lui — a institué pour sa oummah est une sunnah que rien ne peut interdire, bien que certaines formes soient meilleures que d’autres.

On peut citer à ce titre les variantes de tashahhud. Ainsi, est-il établi dans les deux Sahîh d’après le Prophète — paix et bénédictions sur lui — le tashahhud d’Ibn Mas`ûd, dans Sahîh Muslim le tashahhud d’Abû Mûsâ dont l’énoncé est très similaire, et toujours dans Sahîh Muslim le tashahhud d’Ibn `Abbâs, dans les Sunan le tashahhud d’Ibn `Umar, de `Â’ishah et de Jâbir, et dans le Muwatta’ et d’autres références, il est établi que `Umar Ibn Al-Khattâb enseigna aux musulmans une forme de tashahhud du haut du minbar du Prophète — paix et bénédictions sur lui. `Umar n’était pas homme à leur enseigner un tashahhud qu’ils agréent tous sans que cela ne soit permis. C’est pourquoi l’opinion juste aux yeux des savants versés dans le savoir est que le tashahhud selon toutes ces formes est permis sans aucune réserve. Quiconque affirme que le tashahhud selon la formulation d’Ibn Mas`ûd est obligatoire, à l’instar de certains disciples d’Ahmad, se trompe. »

Sheikh Ibn `Uthaymîn — qu’Allâh lui fasse miséricorde — dit : « En ce qui concerne la narration d’Al-Bukhârî d’après Ibn Mas`ûd — qu’Allâh l’agrée — stipulant qu’ils disaient après la mort du Prophète — paix et bénédictions sur lui — "que la paix soit sur le Prophète ainsi que la miséricorde d’Allâh et Ses bénédictions", cela fait partie de ses efforts de déduction (ijtihâd) personnels où il divergea avec plus savant que lui parmi les Compagnons, à savoir `Umar Ibn Al-Khattâb — qu’Allâh l’agrée. Ce dernier donna un sermon du haut de la chaire du Messager d’Allâh — paix et bénédictions sur lui — dans laquelle il énonça le tashahhud selon la formule "que la paix soit sur toi, ô Prophète, ainsi que la miséricorde d’Allâh" comme cela est rapporté par Mâlik dans Al-Muwatta’ selon une chaîne de narrateurs des plus authentiques. `Umar l’énonça donc en présence des Compagnons — qu’Allâh les agrée — qui l’avalisèrent. Par ailleurs, le Messager d’Allâh — paix et bénédictions sur lui — enseignait à sa oummah — il enseignait même à `Abd Allâh Ibn Mas`ûd en lui tenant la main entre ses mains afin qu’il rapporte cet énoncé —, il leur enseigna cet énoncé comme il leur enseignait les sourates du Coran, et il savait pertinemment qu’il allait mourir un jour : « Tu mourras et ils mourront aussi ». Pourtant il ne leur a pas demandé de dire après sa mort : "que la paix soit sur le Prophète". Il leur enseigna le tashahhud comme il enseignait les sourates du Coran, c’est-à-dire selon un énoncé précis. C’est pourquoi on ne fait pas cas de l’effort de déduction d’Ibn Mas`ûd et on continue à dire "que la paix soit sur toi, ô Prophète". »

Et Allâh est le plus savant.

P.-S.

Traduit de l’arabe du site islamonline.net.

Notes

[1Le tashahhud désigne une courte invocation dite en station assise après les prosternations de la deuxième et de la dernière unité (rak`ah) des prières. NdT

[2Sifat Salât An-Nabiyy sallâ Allâhu `alayhi wa sallam de Sheikh Al-Albânî, page 143.

[3Al-Qawl Al-Mubîn fî Akhtâ' Al-Musallîn de Sheikh Mashhûr Salmân, page 152.

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