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Les morts et la gestion du monde

jeudi 13 janvier 2005

Question

Y a-t-il des assemblées occultes où se tient la gestion du monde ? Les esprits des savants sont-ils chargés de satisfaire nos besoins ? Est-il de notre devoir de leur rendre visite à la recherche de la bénédiction et pour leur présenter nos besoins ? La gestion de la terre est-elle répartie entre eux ? Est-il acceptable qu’un individu voue quelque chose à Allâh et qu’il fasse don de sa rétribution à un Sheikh décédé ? Que pensez-vous de la visite des tombes, du fait de les embrasser et de s’enduire le visage de leur poussière et toutes sortes de pratiques similaires répandues entre les ignorants parmi les musulmans ?

Réponse de Sheikh Ahmad Ash-Sharabâsî

Il s’agit là d’un flot de questions dont les réponses nécessitent un ouvrage indépendant et non pas une fatwâ de quelques lignes. Ces questions sont traitées de manière détaillée dans les écrits des érudits anciens et contemporains ; il conviendrait donc de s’y reporter pour en connaître les détails et les ramifications. Cependant, nous nous contenterons de ce bref aperçu :

Allâh - Exalté soit-Il - est le Seigneur, le Créateur et le Régisseur du monde. Il y détient tous les pouvoirs de décision. Il est Celui Qui octroie, Celui Qui accorde la suprématie et inflige l’humiliation, Il est Celui Qui détient la force prodigieuse. Nul parmi Ses Serviteurs, quel qu’il soit, n’a le pouvoir d’octroyer le bien ou d’infliger le mal, sauf par la permission d’Allâh et grâce à Ses dons. Il suffit en la matière de se reporter à la parole qu’Il adressa à Son Messager, celui qu’Il aime le plus parmi Ses créatures : « Aucune part de l’affaire ne t’appartient. » [1]

De son vivant, l’être humain est impuissant et a besoin de son Seigneur. Après sa mort, son impuissance et son besoin sont encore plus prononcés. Il s’agit là d’un principe directeur permettant de juger sereinement que l’existence des assemblées de serviteurs régissant les affaires et les choses de l’univers n’est point établie de manière authentique. De même, les esprits des savants ne sont pas chargés de satisfaire les besoins ; ces derniers sont incapables d’octroyer le bien ou d’infliger le mal de leur vivant, et à plus forte raison, après leur mort. Le monde n’est point réparti entre les vivants, ni entre les morts, pour ce qui est de sa gérance. Tout cela relève des divagations et des mythes qui ne jouissent d’aucun fondement certain, ni aucune preuve catégorique.

Certes, les notions de sainteté, de prodige et d’inspiration sont avérées, ainsi que la supériorité de certains Serviteurs par rapport à leurs pairs dans ce monde et dans l’au-delà, tant en apparence qu’en substance, et l’intercession le Jour dernier en faveur de ceux que le Miséricordieux aura désignés. Toutes ces notions sont détaillées et leurs nombreuses conditions sont explicitées dans les ouvrages commis par les savants érudits ès sciences religieuses. Il est indispensable de s’y reporter pour étudier et fouiller ces questions.

Quant aux invocations, elles sont exaucées sous des conditions connues et selon différentes formes. De même, les besoins peuvent être satisfaits, pour celui qui les exprime, de manière immédiate ou différée. Il lui suffit que ce dernier fasse montre d’une intention sincère et Allâh est le fin Connaisseur de ce que renferment les cœurs. La visite des tombes des saints et des gens de piété n’est pas interdite, si elle est faite par loyauté, et qu’elle vise à se remémorer et à tirer un enseignement, sans que cela ne soit accompagné d’idolâtrie, de polythéisme ou de manifestations que la religion n’agrée point comme le fait de les embrasser, ou de se couvrir de leur poussière, ou encore de demander au défunt de combler son besoin ou de lui reprocher de ne pas l’avoir comblé, etc.

Et Allâh - Exalté soit-Il - est le plus Savant.

P.-S.

Traduit du l’arabe du livre de Sheikh Ahmad Ash-Sharabâsî, Yas’alûnaka fî Ad-Dîn Wal-Hayâh (Ils te questionnent sur la religion et sur la vie), volume 2, pp. 305 à 307.

Notes

[1Sourate 3, Âl `Imrân, La Famille d’Amram, verset 128.

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