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Hadiths au sujet des fiançailles

jeudi 24 octobre 2002

Question

Pouvez-vous me citer les hadiths décrivant la façon dont les fiançailles doivent se dérouler en Islam ?

Réponse du Docteur Yûsuf ʿAbd Allâh Al-Qaradâwî

Lorsqu’un Musulman a l’intention de demander une femme en mariage, il lui est permis de la voir avant d’aller plus loin, et ce, afin qu’il puisse s’engager dans le mariage en sachant parfaitement ce qui l’attend. Muslim rapporte, d’après Abû Hurayrah — que Dieu l’agrée — qu’un homme alla voir le Prophète — paix et bénédiction sur lui — et lui dit qu’il avait l’intention d’épouser une femme ansârite [1]. Le Prophète — paix et bénédiction sur lui — lui demanda : "L’as-tu regardée ?". "Non", répondit l’homme. "Alors va la regarder car il y a quelque chose dans les yeux des Ansâr", sous-entendant que certains d’entre eux avait un défaut au niveau des yeux. [2]

Al-Mughîrah Ibn Shuʿbah rapporte : "Je demandai une femme en mariage et le Prophète — paix et bénédiction sur lui — me demanda si je l’avais regardée. Lorsque je répondis négativement, il me dit : "Alors va la regarder car il se peut que cela fasse naître de l’affection entre vous deux". J’allai voir ses parents et les informai de ce que le Prophète m’avait conseillé. Ils semblèrent désapprouver cette idée. Leur fille entendit la conversation depuis sa chambre et dit : "Si le Prophète t’a dit de me regarder, alors regarde-moi." Je la regardai et l’épousai par la suite." [3]

Le Prophète — paix et bénédiction sur lui — ne précisa pas à Al-Mughîrah ni aux autres hommes de quelle façon la femme pouvait être regardée. Certains savants sont d’avis que le regard doit se limiter à la vue du visage et des mains. Cependant, il est permis à n’importe qui de voir le visage et les mains tant qu’aucun désir n’est provoqué. De ce fait, si demander une femme en mariage est une exemption de la règle, l’homme étant à l’origine de la proposition devrait pouvoir voir plus que cela. Le Prophète — paix et bénédiction sur lui — a dit : "Quand l’un de vous demande une femme en mariage, s’il a la possibilité de voir ce qui peut l’inciter à l’épouser, qu’il le fasse." [4] Si l’homme a sincèrement l’intention de se marier, il peut regarder la femme, que sa famille soit au courant ou non. Jarîr Ibn ʿAbd Allâh a dit à propos de sa femme : "Avant le mariage, je me cachais derrière un arbre pour la regarder."

Les propositions de mariage interdites

Il est illicite pour un Musulman de demander en mariage une femme divorcée ou une veuve durant son délai de viduité (ʿiddah), puisque cette période fait encore partie du mariage précédent et ne doit pas être violée. Même si quelqu’un peut, durant cette période, sous-entendre son désir de mariage par des indices ou suggestions indirectes, ceci ne doit pas se faire sous forme de proposition explicite. Dieu — Exalté soit-Il — a dit : "Et on ne vous reprochera pas de faire, aux femmes, allusion à une proposition de mariage, ou d’en garder secrète l’intention. Dieu sait que vous allez songer à ces femmes. Mais ne leur promettez rien secrètement sauf à leur dire des paroles convenables. Et ne vous décidez au contrat de mariage qu’à l’expiration du délai prescrit." [5]

De même, il est interdit à un Musulman de demander en mariage une femme qui a déjà été demandée par un autre Musulman. Celui dont la proposition a déjà été acceptée a acquis un droit qui doit être respecté en considération de la bienveillance et de l’affection qui doit régner entre les gens et surtout entre frères musulmans. Cependant, si le premier prétendant met fin à sa demande et donne au deuxième prétendant sa permission, il n’y a pas de mal à ce qu’il le fasse.

Muslim rapporte que le Messager de Dieu — paix et bénédiction sur lui — a dit : "Le croyant est un frère pour les autres croyants. Il lui est donc déloyal d’acheter quelque chose qui a été achetée par son frère ou de demander en mariage une femme que son frère a déjà demandée, à moins que ce dernier ne lui en donne la permission."

Al-Bukhârî rapporte que le Prophète — paix et bénédiction sur lui — a dit : "Un homme ne doit pas demander en mariage une femme qu’un autre frère a déjà demandée, à moins que celui-ci se rétracte ou lui en donne la permission."

Les fiançailles, quelle que soit la forme qu’elles revêtent, ne constituent rien de plus qu’une promesse de mariage. Ainsi, elles ne donnent au fiancé aucun droit autre que celui de garder la fiancée pour lui de façon à ce que personne d’autre ne puisse la demander. Dans un hadîth, il est dit : "Il est déloyal de proposer les fiançailles à une femme qui est déjà fiancée."

La chose la plus importante sur laquelle nous devons mettre l’accent est qu’une femme est considérée comme une étrangère pour son fiancé jusqu’à ce qu’ils soient mariés. Elle ne pourra être considérée comme sa femme qu’après la conclusion d’un contrat de mariage légal en bonne et due forme, le principal pilier du contrat de mariage étant « l’offre et l’acceptation » selon une formule très connue aussi bien dans la tradition que dans la législation islamique (sharîʿah).

P.-S.

Traduit de l’anglais du site Islamonline.net. La version originale est consultable sur archive.org.

On pourra également consulter l’article suivant : "Les relations entre fiancés".

Notes

[1Cet attribut qualifie les Musulmans et Musulmanes d’origine médinoise qui accueillirent le Prophète et les Musulmans ayant fui les persécutions mecquoises. Ces derniers furent, quant à eux, qualifiés d’Émigrés (Muhâjirûn).

[2Certains savants y voient une incitation à regarder la future épouse même si elle ne présente pas de défaut potentiel.

[3Hadith rapporté par Ahmad, At-Tirmidhî, Ibn Mâjah, Ibn Hibbân, et Ad-Dârimî.

[4Hadith rapporté par Abû Dâwûd.

[5Sourate 2, la Vache, Al-Baqarah, verset 235.

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