jeudi 8 juin 2006
Autorité juridique contemporaine, le Mufti d’Égypte, Sheikh `Alî Gomaa [1] est une figure active de la prédication religieuse et de l’éducation spirituelle en Égypte et dans le monde musulman.
Sheikh `Alî Gomaa naquit le lundi 7 Jumâdah II 1371 A.H. (3 Mars 1952 E.C.) au gouvernorat de Banî Sweif. Il passa son enfance en Haute-Égypte avant de s’installer plus tard avec sa famille au Caire.
À l’âge de l’école primaire, sa famille choisit de l’inscrire dans une école publique non azharite. Ainsi, durant son enfance et sa jeunesse, il suivit le cursus de l’enseignement national tout en montrant un intérêt particulier à l’étude des œuvres du patrimoine islamique. L’Université d’Al-Azhar n’étant accessible à cette époque qu’aux diplômés des instituts azharites, Sheikh `Alî Gomaa rejoignit la Faculté de Commerce à l’Université de `Ain Shams. Il poursuivit alors sa quête du savoir religieux par le biais des ouvrages islamiques classiques, par l’étude et par la mémorisation des mutûn [2] recelant la quintessence des sciences islamiques.
Toutefois, Sheikh `Alî Gomaa était conscient de l’insuffisance de cette approche autodidacte non systémique. Au fur et à mesure qu’il essayait d’acquérir le savoir religieux, il éprouvait un désir croissant de se former auprès d’un savant éducateur, faute de quoi ses efforts seraient vains.
Ce ne fut qu’en 1973, lorsque Sheikh `Alî Gomaa obtint son diplôme de Commerce, qu’il put enfin rejoindre l’Université d’Al-Azhar, suite à la décision de l’administration de l’époque d’ouvrir ses portes aux étudiants non azharites. C’est ainsi qu’il accomplit les premiers pas d’un long périple à la recherche du savoir.
En 1979, il obtint la licence de la Faculté des Études Islamiques et Arabes à Al-Azhar. Puis, en 1985, il décrocha le master de la Faculté des Fondements de la Religion (Usûl Ad-Dîn) avec la mention « Excellent ». Il poursuivit ensuite ses études supérieures à la même faculté jusqu’à l’obtention en 1988 de son doctorat avec les félicitations du jury.
Outre son parcours académique, Sheikh `Alî Gomaa étudia auprès de nombreux savants d’Al-Azhar en Égypte, mais aussi d’autres pays musulmans. Il veilla à recueillir leur savoir selon leurs chaînes de transmission et d’apprentissage dans les différentes sciences religieuses et linguistiques.
Il étudia le credo islamique auprès du savant `Awad Allâh Hijâzî et les règles de la logique auprès de Sheikh Muhammad Shams Ad-Dîn Al-Mantiqî.
Quant aux fondements de la religion, il les étudia auprès du savant érudit Muhammad Abû An-Nûr Zuhair, et auprès de Sheikh Sh`abân Muhammad Ismâ`îl, Sheikh Hasan Mar`î, Sheikh `Alî Mar`î, Sheikh Muhammad Mahmûd Farghalî, Sheikh Al-Husaynî Yûsuf Ash-Sheikh et Sheikh `Abd Al-Jalîl Al-Qaranshâwî.
En ce qui concerne l’étude des règles de la jurisprudence islamique, ses maîtres comprennent Sheikh Jâd Ar-Rabb Ramadân, surnommé le “Petit Shâfi`î” (Ash-Shâfi`î As-Saghîr), Sheikh `Abd Al-Hamîd Mayhûb, Sheikh Hasan Mar`î, Sheikh `Alî Mar`î, Sheikh Ahmad Hamâdah Ash-Shâfi`î, et Sheikh `Abd Al-`Azîz Az-Zayyât le savant des lectionnaires coraniques auprès de qui, il étudia une partie de Mughnî Al-Muhtâj, un ouvrage de jurisprudence shaféite.
C’est également auprès de Sheikh Muhammad Isma`îl Al-Hamadânî qu’il acheva la lecture du Coran et auprès de Sheikh `Abd Al-Hakîm `Abd Al-Latîf, le Sheikh des maîtres-récitateurs à l’époque, qu’il apprit la récitation du Coran selon le lectionnaire d’Ibn Kathîr.
Il étudia les hadiths d’Al-Bukhârî avec le savant du Hadith Sheikh `Abd Allâh Ibn As-Siddîq Al-Ghumârî. Il rapporta également de nombreux ouvrages du patrimoine islamique selon des chaînes de narration authentiques liées à des savants de renommée à l’instar de Sheikh `Abd Al-Fattâh Abû Ghuddah, Sheikh `Awad Az-Zabîdî, Sheikh Muhammad `Alawî Al-Mâlikî, Sheikh Ahmad Jâbir Al-Yamanî, Sheikh `Abd Al-`Aziz Al-Ghumârî, Sheikh Sa`îd Al-Lahjî et Sheikh Ismâ`îl Sâdiq Al-`Adawî.
Il bénéficia également de chaînes de narration élevées [3] issues d’éminents savants de l’époque :
Quant à la discipline du soufisme, on recense parmi ses maîtres et guides spirituels Sheikh Muhammad Al-Hâfidh At-Tijânî, Sheikh Ahmad Muhammad Mursî An-Naqshabandî, Sheikh Sâlih Al-Ja`farî et Sheikh Muhammad Zakî Ad-Dîn Ibrâhîm.
Outre les sciences religieuses, Sheikh `Alî Gomaa étudia l’économie islamique, les fondements de l’économie occidentale, le droit positif, la gestion, la comptabilité et les mathématiques.
Sheikh `Alî progressa dans les postes et les fonctions religieuses depuis plus d’une décennie, jusqu’à sa nomination au poste de Mufti d’Égypte en 2003. Parmi les fonctions et les responsabilités qu’il assuma ou continue d’assumer, il fut :
Sheikh `Alî Gomaa dirigea plusieurs mémoires de master ainsi que nombreuses thèses de doctorat couvrant divers sujets. Parmi les travaux d’études supérieures qu’il encadra nous citerons les suivants :
En outre, il participa aux jurys de soutenance d’un nombre conséquent de thèses et de mémoires se rapportant à différents domaines :
Il participa à de nombreux sommets et conférences islamiques, notamment à caractère juridique, dans divers pays dont l’Inde, la Russie, l’Espagne, le Koweit, la Jordanie, la Malaisie et le Pakistan. De même, il représenta le Grand Imâm d’Al-Azhar à divers sommets internationaux tenus en Italie, en Espagne, aux Philippines, et à Londres.
Par ailleurs, il s’impliqua dans la crise suscitée par les caricatures diffamatoires publiées dans un journal danois à l’égard de l’Islam et du Messager de Dieu — paix et bénédictions sur lui —, et parraina, à cette occasion, des initiatives de dialogue avec l’occident et de défense du Prophète Muhammad — paix et bénédictions sur lui —.
L’écho de ses prêches dans la Mosquée du Sultan Hasan, au Caire, et ses nombreux cours et exhortations publics retentit en Égypte et dans le monde musulman et contribue à la revivification de la voie de Ahl As-Sunnah, selon les trois axes du credo (`aqîdah), de la jurisprudence (fiqh) et du soufisme (tasawwuf).
Il composa de nombreux ouvrages couvrant divers thèmes juridiques dont :
Par ailleurs, il édita des ouvrages classiques de la littérature islamique dont :
Puisse Dieu prolonger sa vie dans la piété et la bonne santé.
Cette présentation se base sur le CV détaillé communiqué par Sheikh `Alî Gomaa et sur le CV synthétique mis en ligne sur le site internet de Dâr Al-Iftâ’.
[1] Le nom du Sheikh se transcrit de différentes manières dans l’alphabet latin. « `Alî Gomaa » est la graphie la plus usitée et correspond à la prononciation du dialecte égyptien. D’autres graphies comme `Alî Jum`ah ou `Alî Jumu`ah sont moins fréquentes, bien que plus correctes selon l’arabe classique. Dans cette biographieة nous optons pour la graphie usuelle. Ndlr.
[2] Il s’agit notamment des règles fondamentales relatives aux diverses branches des sciences islamiques rédigées sous forme de poésie. Ndlr.
[3] Une chaîne de narration (sanad) est dite « élevée » (`âlî) lorsqu’elle compte un nombre minimal de maillons. De telles chaînes constituent des voies de transmission prestigieuses, particulièrement recherchées pour leur brièveté et leur fiabilité. Ndlr.
[4] Sheikh `Abd Allâh Ibn As-Siddîq Al-Ghumârî détenait la chaîne la plus haute de son époque remontant à Sheikh Muhammad Murtadâ Az-Zabîdî. En réalité, il la reçut de Sheikh `Abd Al-Hâfîdh Al-Fâsî qui la reçut de Sheikh Yûsuf As-Suweidî qui, bien que n’ayant jamais rencontré Sheikh Az-Zabîdî, rapporta son ijâzah par le biais de son grand-père, Sheikh Sa`îd As-Suweidî, à qui Sheikh Az-Zabîdî avait accordé une ijâzah « pour lui et pour sa progéniture ». Selon l’opinion acceptant et validant une telle ijâzah, la hauteur de la chaîne n’est pas affectée.
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