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Les problèmes de la femme entre traditions stagnantes et traditions étrangères
Section : Des pages oubliées

Les épouses du Prophète (2)

dimanche 6 janvier 2002

Un individu me demanda avec étonnement : "Comment eut lieu le mariage de `Â’ishah, alors qu’elle était très jeune, avec un homme ayant dépassé la cinquantaine ?" Je lui répondis : "Question admissible et normale ! Mais, ton étonnement disparaîtra quand tu apprendras que la main de `Â’ishah avait été demandée par un autre prétendant avant Muhammad !"

Bouche bée et les yeux écarquillés, il interrogea : "Comment cela ?" Je dis : Certains historiens relatent que Jubayr Ibn Al-Mut`am Ibn `Adî avait demandé la main de `Â’ishah. Il en parla avec ses propres parents qui acceptèrent dans un premier temps et se rendirent chez Abû Bakr pour sceller le mariage. Seulement, ils craignirent que leur fils n’abandonne la religion de ses ancêtres et se convertisse à l’islam influencé par sa belle-famille. Alors ils se donnèrent un peu de temps et jugèrent bon d’ajourner cette décision...

Puis Khawlah Bint Hakîm vint voir Abû Bakr et lui dit que le Prophète - paix et bénédiction sur lui - allait demander la main de `Â’ishah. Abû Bakr se rendit alors chez Mut`am et lui demanda s’il voulait toujours la fiancer à son fils. Mut`am s’en excusa et lui donna carte blanche. Ainsi, Abû Bakr n’était plus tenu par aucune promesse et le mariage de Muhammad et de la fille de Abû Bakr fut scellé ! Il y a des filles qui mûrissent tôt. Un médecin m’a informé que la justice lui avait demandé d’évaluer l’âge d’une fille. Il estima son âge à dix-sept ans puis il s’avéra qu’elle en avait treize d’après son acte de naissance.

Lorsque le Prophète consomma son mariage avec `Â’ishah, celle-ci était certainement nubile. Nous ne doutons pas que le premier motif de ce mariage était de renforcer les liens du noble Prophète avec son meilleur ami. C’est la même raison qui le poussa à épouser Hafsah Bint `Umar Ibn Al-Khattâb quand elle perdit son premier mari ! Hafsah n’était pas belle mais ce critère n’empêcha pas le second mariage ni ne motiva le premier !

Il y avait des raisons socio-politiques qui suggéraient le renforcement des liens familiaux d’une part et le soulagement de la détresse d’autre part, raisons qui motivèrent l’établissement de ponts entre le Porteur du Message et des adeptes et des familles épars dont regorgeait la Péninsule arabique à une époque de crise et de troubles...

Untel pourrait dire : Admettons que la polygamie était coutumière dans les religions terrestres ou célestes jusqu’à la venue de l’Islam qui lui imposa des restrictions. Pourquoi le Prophète de l’Islam ne respecta-t-il pas le nombre maximal auquel se limitent les musulmans ? Les hadiths authentiques ne relatent-ils pas qu’il ordonna à un homme ayant dix épouses de n’en garder que quatre et de libérer les autres ?

Je réponds : Bonne question ! Méditons ensemble la réponse ! Les six femmes divorcées avec cet homme avaient la possibilité de quitter leur foyer pour un autre et de se marier avec un autre homme de leur choix. Aucun homme n’aurait en outre été gêné d’épouser l’une d’elles. En revanche, que feraient les épouses du Messager étant donné que la révélation avait préalablement dit aux musulmans : "Vous ne devez pas faire de la peine au Messager d’Allah, ni jamais vous marier avec ses épouses après lui ; ce serait, auprès d’Allah, un énorme péché" [1]. Elles étaient devenues des mères pour les croyants en vertu du verset : "Le Prophète a plus de droit sur les croyants qu’ils n’en ont sur eux- mêmes ; et ses épouses sont leurs mères." [2] Or, un musulman ne peut épouser sa mère ! Eût-il été acceptable après tout cela de s’en séparer et de les laisser vivre dans la solitude et le désespoir ?

Supposons à tort qu’une telle séparation eût été requise. Serait-ce la récompense divine pour des femmes qui supportèrent avec le Porteur du Message une vie austère et qui connurent avec lui les peines de l’état de siège imposé à sa Communauté ? Elles choisirent de rester en sa compagnie lorsqu’il leur donna le choix de le quitter et refusèrent de retourner dans leurs familles pour vivre dans des foyers où circulaient le beurre et le miel. Leur foi les poussa à rester dans cet environnement fait de prières nocturnes, de jeûne, et de lutte aux côtés du Prophète qui s’érigea pour combattre l’égarement dont le monde s’était empli. Leur récompense après une telle loyauté serait-elle de se débarasser d’elles ?

Dieu permit qu’elles restassent et décréta qu’elles seraient les épouses exclusives du Prophète. Une loi spécifique fut émise : "Il ne t’est plus permis désormais de prendre d’autres femmes, ni de changer d’épouses, même si leur beauté te plaît ; - à l’exception des esclaves que tu possèdes. Et Allah observe toute chose." [3]

Je demande aux gens qui s’en prennent à Muhammad par le biais de cette prétendue faille dans sa vie : Est-ce un jugement spécial envers ce noble personnage ? Est-ce une tentative de le rabaisser lui en particulier ? Je sais parfaitement que de nombreux vices furent attribués aux Prophètes précédents et que les hommes pieux furent l’objet des pires accusations ! Le Prophète pur, Lot, ne fut-il pas accusé d’inceste avec ses propres filles une fois que le vin lui fit perdre la raison et d’avoir eu des enfants avec elles ? Le Prophète Jacob ne fut-il pas accusé d’avoir usrupé le statut de Prophète à son frère aîné Esaü en trompant leur père aveugle ? Salomon ne fut-il pas accusé de parcourir les rues de Jérusalem à la recherche de l’inconnue bienaimée pour l’emmener dans son lit et ce, en dépit des mille femmes qu’il possédait ? Cette recherche licencieuse s’étale sur plusieurs pages remplies de phrases inconsidérées sous le titre de Cantique des cantiques de Salomon ! Ceux qui sont intéressés peuvent le lire dans l’Ancien Testament...

Malgré la folie qui s’était emparé des auteurs de ces pages, les accusés demeurèrent des Prophètes respectés ! Les juifs firent de Salomon un roi et quel roi ! Il est le bâtisseur du Temple qui est censé être reconstruit pour devenir la demeure du Seigneur, afin que se révèle Sa Beauté et qu’Il gouverne le monde entier par l’intermédiaire de Son peuple élu parmi les Enfants d’Israël !!

Quant à Muhammad, cet homme connu pour ses jeûnes et ses prières nocturnes tout au long de son existence et qui, à la fin de sa vie, abrita quelques veuves désœuvrées qui vécurent auprès de lui avec le juste nécessaire, se consacrant à Dieu et à la demeure dernière, cet homme est le seul à servir de pâture et à voir les haines à son égard s’hériter de génération en génération, au point que l’OTAN se réunisse pour protéger ses pourfendeurs !

Et qui sont ses pourfendeurs révoltés ? Sont-ils des moines mordus par la dévotion et qui ont tu l’amour des femmes dans leur sang ? Sont-ils de ceux qui tuent leur passion pour obtenir l’agrément de Dieu comme ils le prétendent ? Non, ce sont des individus et des peuples qui ont bu la coupe des passions jusqu’à la lie et qui n’ont laissé aucune porte du plaisir sans l’avoir enfoncée, sans la moindre déférence ni la moindre gêne.

La civilisation européenne s’est distinguée par le fait qu’elle a donné aux foules les plaisirs qui jadis étaient réservés aux rois et aux chefs. Le manant est désormais capable d’avoir des relations avec soixante-dix femmes. Dès qu’il goûte à une nouveauté, il en demande un supplément, aucune tradition ni aucune loi ne l’empêchant de s’adonner à ces bassesses. Et c’est dans ce milieu impur que l’on insulte Muhammad et qu’on le rabaisse ! Quelle est donc cette logique hautement injuste et inéquitable ?

L’Islam n’a pas prescrit la polygamie car la polygamie ne se réduit pas à une recherche de plaisir. Elle requiert également que l’on possède des talents éducatifs et que l’on puisse entretenir une famille. Celui qui en est incapable, l’Islam lui recommande de jeûner. Nous adressons aux Européens une question inévitable : Quelle est la meilleure option, la polygamie autorisée par l’islam ou la fornication ?

Je demande à toute personne équitable et honnête : Les sociétés européennes se contentent-elles d’une seule femme ou bien la multiplicité des partenaires est-elle une loi tacite à laquelle de nombreuses personnes se soumettent ? Une autre question : Est-ce la nécessité qui pousse à cette polygamie illicite, ou bien est-ce l’excitation et la séduction intentionnelles régnant dans la mixité absolue et les traditions de promiscuité sans fin qui sont derrière ce raz-de-marée de relations pécheresses ?

Je conclus ce propos par une question tranchante : L’histoire a-t-elle connu un homme aussi droit, aussi noble, aussi respectueux des interdits, aussi éloigné de toute suspicion que Muhammad ? L’histoire a-t-elle relaté des festins donnés à son domicile, où sont dressés les banquets garnis de bouteilles de vins, d’apéritifs et de digestifs ?

En réalité, les joncs de son tapis de sol marquaient son corps quand il se couchait ou s’asseyait et, quand il réussissait à avoir un peu de viande et de pain pour lui et pour ses Compagnons, cela était considéré comme une grande manne dont on aura à rendre compte le Jour de la Résurrection ! Ce Prophète, ce chevalier à la peau rèche, peut-il être accusé d’être de ceux qui baignent dans leurs passions ? Et par qui ? Par ceux qui sont éprouvés par le sida après l’avoir été par la syphilis et autres maladies de la débauche, des excès et de la déchéance !

Wa tâwalatil-ardus-samâ’a safâhataw-wa `ayyaratish-shuhubal-hasâ wal-janâdilu
Wa qâlas-suhâ lish-shamsi anti da’îlatuw-wa qâlad-dujâ lis-subhi lawnuka hâ’ilu
Fa-yâ mawtu zur innal-hayâta dhamîmataw-wa yâ nafsu jiddî inna dahraki hâzilu

Traduction

La terre, dans son insolence, se crut plus élevée que le ciel et la caillasse se moqua des météorites !
Alcor [4] dit au Soleil : "Tu es bien frêle !" et la nuit dit au matin : "Ta couleur est bien pâle !"
Ô mort, rends-moi visite car cette vie est méprisable. Et ô âme travaille dur car ton échéance approche.

P.-S.

Traduit de l’arabe du livre de Sheikh Muhammad Al-Ghazâlî, Qadâyâ Al-Mar’ah bayn At-Taqâlîd Ar-Râkidah Wal-Wâfidah, éditions Ash-Shurûq, sixième édition, mars 1996.

Notes

[1Sourate 33, Al-Ahzâb, Les Coalisés, verset 53. NdT

[2Sourate 33, Al-Ahzâb, Les Coalisés, verset 6. NdT

[3Sourate 33, Al-Ahzâb, Les Coalisés, verset 52. NdT

[4Alcor est une étoile à peine visible de la Grande Ourse. NdT

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