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Vérités sur le soufisme
Section : Témoignages des Savants

Ibn `Âbidîn

lundi 25 juillet 2005

Le Sceau des Analystes, le grand érudit et célèbre juriste, Sheikh Muhammad Amîn, plus connu sous le nom d’Ibn `Âbidîn — que Dieu lui fasse miséricorde — évoque dans son ouvrage intitulé Majmû`at Rasâ’il Ibn `Âbidîn, dans la septième épître, "Shifâ’ Al-`Alîl wa Ball Al-Ghalîl fî Hukm Al-Wasiyyah Bil-Khatamât wat-Tahâlîl", les innovations étrangères à la religion qui se sont glissées dans les cérémonies funéraires et dans les assemblées de récitation intégrale du Coran, du fait de personnes qui se drapaient de la cape du savoir et qui usurpaient le titre de "soufis". Puis il poursuit son propos en parlant des véritables soufis afin que le lecteur ne pense pas que ses précédentes critiques leur sont également dirigées. Il écrit :

"Nous n’avons rien à redire en revanche concernant les véridiques parmi nos maîtres Soufis ; ceux-là sont exempts de tout vil caractère. On interrogea l’Imâm des Deux Ordres [1], notre maître Al-Junayd, au sujet de gens qui entrent en extase et balancent leurs corps. Il dit : « Laissez-les jouir d’un moment de bonheur avec Dieu — Exalté Soit-Il. Ce sont des gens que le cheminement vers Dieu a éreinté. L’effort a déchiré leur cœur, il n’y a pas de mal à ce qu’ils libèrent ce qu’il y a en eux, pour se soulager. Si tu avais goûté à ce à quoi ils goûtent, tu les aurais excusés pour leurs cris d’extase. » Interrogé à ce sujet, le brillant érudit Ibn Kamâl Pacha, donna une réponse similaire à celle de l’Imâm Al-Junayd :

Mâ fit-tawâjudi in haqqaqta min harajiw-wa lâ fit-tamâyuli in akhlasta mim bâsi
Fa-qumta tas`â `alâ rijliw-wa huqqa liman da`âhu mawlâhu ay-yas`â `alar-râsi

Une fine analyse montre qu’il n’y a point de mal dans l’extase, et un regard sincère montre qu’il n’y a point de grief contre les balancements du corps.
Tu te lèves en marchant sur tes pieds, mais celui qui est appelé par son Maître est en droit d’aller vers Lui, en marchant sur la tête.

La dérogation précitée, vis-à-vis de ces états particuliers vécus lors de l’invocation de Dieu et de l’écoute mystique, ne concerne que les gnostiques qui consacrent leur temps aux meilleures œuvres, qui cheminent vers Dieu tout en gardant leur maîtrise de soi contre tout état malseyant. Ils n’écoutent que Dieu et ils ne languissent que pour Lui. Lorsqu’ils L’invoquent, ils se lamentent. Lorsqu’ils Le remercient, ils expriment ouvertement leur reconnaissance. Lorsqu’ils Le rencontrent, ils poussent des cris. Lorsqu’ils témoignent de Lui, ils sont sereins. Lorsqu’ils voguent dans les cours de Sa proximité, ils partent pour le large. Lorsqu’ils sont submergés par les flots de l’extase et qu’ils s’abreuvent des sources de Sa Volonté, certains sont frappés par Sa Majesté si bien qu’ils s’écroulent et fondent, d’autres, voyant le scintillement de Sa Bonté, s’émeuvent et atteignent le bonheur, et d’autres encore, voyant apparaître tout près d’eux leur Bien-Aimé, s’enivrent d’une ivresse divine et perdent conscience. Telle est la réponse qui me vient à l’esprit. Dieu est cependant meilleur Connaisseur de la vérité.

Par ailleurs, par leur écoute mystique, ils accèdent à des connaissances divines et à des vérités seigneuriales. Ces connaissances et ces vérités ne leur sont accessibles que lorsqu’ils écoutent la description de l’Être Suprême, ou les discours empreints de sagesse ou encore les hymnes prophétiques.

Nous n’avons rien à redire à celui qui les prend pour exemple, goûte à leur breuvage et ressent en lui de la langueur et de l’amour pour le Roi Omniscient. Nos reproches concernent plutôt ces gens du commun, ignobles pervers [...]". [2]

P.-S.

Traduit de l’arabe du livre de Sheikh `Abd Al-Qâdir `Îsâ, Haqâ’iq `an At-Tasawwuf, disponible en ligne sur le site Shazly.com.

Notes

[1Imâm At-Tâ’ifatayn, l’Imâm des Deux Ordres est un titre reflétant l’estime dont jouit l’Imâm Al-Junayd auprès de l’ordre des juristes et de l’ordre des soufis.

[2Conférer la septième épître du grand juriste Ibn `Âbidîn (1784 - 1836), "Shifâ’ Al-`Alîl wa Ball Al-Ghalîl fî Hukm Al-Wasiyyah Bil-Khatamât wat-Tahâlîl, pages 172 et 173.

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