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Défense du dogme et de la loi de l’Islam contre les atteintes des orientalistes
Section : Muhammad, Messager de Dieu

Le sceau des messages célestes

samedi 15 février 2003

Certains, parmi ceux qui parlent à tort et à travers, peuvent croire que la taille du soleil ne dépasse pas un empan sur un empan, sous prétexte que c’est ainsi que l’œil le voit. Le soleil peut-il devenir un ballon de football parce que l’esprit d’un individu ou d’un groupe d’individus n’est pas assez large pour saisir son incommensurabilité, ni la distance astronomique qui nous sépare de lui ?! La grandeur ne saurait devenir petitesse parce que des faibles d’esprit ne sont pas parvenus à la saisir !

Ce genre de créatures existent depuis des siècles sur nos terres. Ils regardent le Porteur du Message ultime d’un regard chargé de rancœurs. Les uns disent : « Ô toi sur qui on a fait descendre le Coran, tu es certainement fou ! » [1] Les autres disent : « C’est un magicien et un grand menteur ! Réduira-t-il les divinités à un Seul Dieu ? » [2]

Le Porteur du Message a poursuivi son chemin, semant la vérité, revivifiant les cœurs, ressuscitant de leurs cendres consumées par la superstition, des générations florissantes, et érigeant une Communauté qui allait briser les croix de l’erreur et jeter l’effroi dans les âmes diaboliques...

Qu’est-ce donc que cela... Le soleil n’est pas devenu un ballon de football, ni la prophétie une bouffonnerie divinatoire. La calomnie et ses gens se sont évanouis, l’ignorance et les ignorants ont disparu, seules sont restées les vérités au-dessus des accusations et de l’erreur...

Ô combien de fois les langues ont attenté aux vertus des génies, mais ces attentats n’ont abouti qu’à la disparition de leurs auteurs avec leurs vaines paroles et à la pérennité des saints avec leurs principes et leurs fins. Les orientalistes sont revenus aujourd’hui nous répéter les mensonges que les larrons du désert avaient répandus par le passé. Ils sont revenus faire la publicité, pour le compte du colonialisme, de paroles inconsidérées. Rien de nouveau donc... Nous connaissons déjà les accusations et nous connaissons également ce qui les réfute et les enterre dans le sol.

C’est pour cette raison que j’ai éprouvé beaucoup d’ennui et de monotonie lorsque j’ai entrepris de répondre à cet orientaliste, Goldziher, auteur du livre Le dogme et la loi de l’Islam. Les doutes qui se sont installés dans son esprit et qu’il a longuement développés et expliqués, des gens avant lui les ont déjà mentionnés. Tout du moins, ils ont mentionné des choses proches et similaires à ce qu’il raconte. Et nous y avons déjà répondu sans grande difficulté.

Il n’y a pas lieu de s’étonner, car ces orientalistes sont excités par la même fibre nerveuse et sont réunis sous la même bannière. Il n’y a donc rien d’étrange à ce que leurs jugements soient concordants, même si leurs méthodes de raisonnement et leurs points de vue peuvent différer !

Cet orientaliste hongrois, Goldziher, s’est beaucoup étendu sur les fondements de l’Islam et les éléments qui lui ont permis de perdurer tout au long des siècles. Il pense que l’Islam n’est pas uniquement l’œuvre de Muhammad, mais également l’œuvre des générations qui se sont succédé après lui. Le dogme et la loi ont vu le jour avec Muhammad au premier siècle, puis des penseurs justes — et injustes d’ailleurs — ont fait croître cet héritage simpliste que le Prophète arabe a laissé. Ce sont eux qui l’ont enrichi en quantité et en qualité, jusqu’à lui donner la forme actuelle que nous connaissons...

Cela signifie en clair que l’Islam que Muhammad a laissé ne vaut pas plus qu’une once. Et si l’Islam vaut aujourd’hui dix onces, alors ces neuf autres sont dues aux ajouts de l’esprit islamique, qui se sont poursuivis durant quatorze siècles ! En fait, l’esprit islamique a importé ces ajouts des différentes cultures et civilisations avec lesquelles il est entré en contact.

Mieux, Muhammad lui-même n’a pas apporté cette religion, ni de la part de Dieu, ni de sa part à lui. Il n’a fait qu’importer les fondements et les branches de l’Islam de la part des Romains, des Perses, des Hindous et a pu ainsi mélanger tous ces ingrédients importés, grâce à son ego et à ses passions. Puis il a fini par se convaincre qu’il était porteur d’un message, chargé de corriger les Arabes idolâtres. Il a poursuivi ainsi son chemin jusqu’à la réussite qui a été sienne !

Goldziher, l’un des piliers les plus érudits de l’orientalisme, rédige donc son livre pour démontrer ces prétentions et justifier ce qui a besoin d’être justifié.

Lorsque j’ai fini de lire son livre, je me suis rappelé cette légende que nos mémés nous racontaient dans nos villages, de même que nos pépés d’ailleurs.

Ils nous disaient : La Terre est portée sur la corne d’un bœuf.

— Bien, à quoi est dû le tremblement de terre dans ce cas ?

Ils nous disaient : C’est la Terre qui est secouée lorsque le bœuf l’envoie de sa corne droite sur sa corne gauche.

— Qu’est-ce que le tonnerre ?

Ils nous disaient : C’est le bruit de son meuglement lorsqu’il a envie de meugler.

— Qu’est ce que la marée haute et la marée basse ?

Ils nous disaient : C’est à cause de son inspiration et de son expiration lorsqu’il respire sur un bol d’eau.

Ce raisonnement « bovin » ne saurait être à court de justifications lorsque l’on veut prouver ce que l’on croit être vrai !

Le sieur Goldziher n’a eu aucun mal à justifier le mythe qui s’est installé dans son esprit et s’en est emparé...

Il a ainsi écrit 400 pages pour démontrer que le dogme et la loi sont descendus sur Muhammad de tous côtés... sauf du ciel ! ! Ce dogme et cette loi ont commencé dans un état embryonnaire qui a sans cesse pris de l’ampleur au fil des jours.

Nous verrons la valeur des arguments avancés par cet orientaliste. Nous verrons même la valeur de l’orientalisme dans son ensemble, lorsque s’effondre l’un des chefs de cette clique dans le domaine de la recherche libre, et quand tous ces géants, mis à nu, apparaissent comme étant des gens malveillants et menteurs.

Il dit au sujet de Muhammad à la page 3 [3] :

« La prédication du Prophète arabe est un mélange éclectique de notions religieuses, acquises au contact d’éléments juifs, chrétiens et autres, dont lui-même fut profondément impressionné, et qu’il crut propres à réveiller un véritable sentiment religieux chez ses compatriotes [...]. »

Cela est naturellement faux, car Muhammad a pour ainsi dire capturé la pensée judéo-chrétienne pour la présenter à la conscience humaine, l’accusant d’être une falsification de premier plan, aussi bien d’un point de vue dogmatique que législatif.

Cette accusation n’était pas allusive ou générale, mais explicite et détaillée. Elle a été formulée après une prédication prolixe et enflammée pour la reconnaissance de l’Unicité de Dieu, pour la réforme des mentalités et pour l’élévation des comportements individuel et collectif.

Une prédication qui ne trouve pas sa pareille dans les livres possédés par ceux qui se réclament de Moïse ou de Jésus. Comment donc un rénovateur et un guide pourrait-il importer les idées de gens fourvoyés et égarés ? !

Lorsque notre orientaliste doué a senti la chaleur du dévouement, la puissance de la sincérité et la noblesse de l’objectif qui animaient Muhammad, il a voulu concilier la richesse de ces caractères et ce qu’il lui a attribué en termes d’affabulation dans son message et d’importation de ses idées :

« Ému par ces pensées au plus profond de lui-même, il les perçut de bonne foi, par une suggestion que des impressions extérieures vinrent renforcer, comme une révélation divine, dont il fut sincèrement convaincu qu’il était l’instrument. »

Autrement dit, il a imaginé jusqu’à s’imaginer. Il a eu l’illusion que ces idées qu’il avait à l’esprit n’avaient d’autre source que la révélation, et il a ainsi cru — trompé qu’il était — être un Messager, un Elu du ciel ! En vérité, il n’y avait ni révélation ni message... Tels sont les propos de l’orientaliste hongrois, Goldziher.

Nous, nous nous demandons : Cet orientaliste rejette-t-il en bloc la révélation ? Si tel est le cas, alors plus de missions prophétiques ! Et c’est sa religion qui tombe à l’eau avant celle qu’il a décidé d’attaquer. On ne fait plus confiance à un individu qui aurait prétendu un jour qu’un Ange est venu le voir et qu’une révélation est descendue sur lui. Tous sont des menteurs...

En revanche, s’il croit à la révélation mais accorde foi seulement aux Prophètes juifs ou chrétiens, alors nous lui répondons : Sur quel critère de sélection te bases-tu ? S’agit-il d’un attachement fanatique à ce que tu as hérité de tes ancêtres et de ton peuple ? Qu’il en soit ainsi, mais ne viens pas nous dire que la voie que tu as décidé de suivre porte le nom de science honnête ou de recherche impartiale...

Si, au contraire, accuser un Prophète de mensonge et accorder à un autre la véracité est le résultat d’une étude d’arguments et d’une analyse pertinente de ceux-ci, alors sache que c’est là notre domaine favori où nous sommes imbattables. Allez, pose tes cartes...

Muhammad nous a laissé ce qui témoigne de son statut de prophète. Les autres qu’ont-ils laissés ? Je veux dire par-là que la majorité des Prophètes sont morts depuis bien longtemps, et que seuls leurs noms et leur héritage spirituel et intellectuel nous est parvenu. Moi, Sieur Goldziher, et tout le monde, ne connaissons la valeur de ces hommes qu’à travers l’étude critique de leurs livres et de leurs enseignements.

Je le déclare haut et fort, d’une manière directe et non détournée : J’ai cru en Muhammad après m’être assuré que ses enseignements s’accordent avec les résultats obtenus par un raisonnement libre. Et je n’ai cru en Jésus, à la pureté de sa filiation et à la chasteté de sa mère que parce que c’est Muhammad — dont je me suis auparavant convaincu de la véridicité — qui me l’a affirmé. Et si ce n’était mon respect de l’Islam, respect découlant d’un effort intellectuel pur, je n’aurais jamais accepté d’entendre, jusqu’au Jour de la Résurrection, l’histoire de Jésus, fils de Marie, telle qu’elle nous est racontée...

De plus, Muhammad nous a laissé un Livre, que je considère comme venant de la part de Dieu et que les orientalistes considèrent comme venant de sa part à lui. Mais Moïse et Jésus, qu’ont-ils laissé ? Ils n’ont sûrement pas laissé des Livres de la même trempe. Pour être plus juste, il ne nous est pas parvenu, de leur part, des Livres d’une telle beauté manifeste. Le maximum que l’on possède, ce sont des livres rédigés par différentes personnes et contenant des bribes d’enseignements desdits Prophètes.

La valeur de ces livres, du point de vue de l’authenticité et de la solidité de leur chaîne de transmission, est plus ou moins équivalente à certains hadiths rapportés d’après le Messager Muhammad Ibn `Abd Allâh, hadiths que Goldziher n’a eu aucun scrupule à dénier à certains moments et à remettre en question à d’autres moments.

La valeur scientifique des uns et des autres est équivalente...

P.-S.

Traduit de l’arabe aux éditions Nahdat Misr, cinquième édition, 1988.

Notes

[1Sourate 15 intitulée Al-Hijr, verset 6.

[2Sourate 38 intitulée Sâd, versets 4 et 5.

[3Pour toutes les citations empruntées au livre de Goldziher, Le dogme et la loi de l’Islam, nous utiliserons la traduction française de Félix Arin aux éditions Geuthner, 1973. NdT

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