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Défense du dogme et de la loi de l’Islam contre les atteintes des orientalistes
Section : Développement dogmatique

Le conflit entre les Sunnites et les Muʿtazilites

jeudi 23 octobre 2003

La zizanie provoquée par la question de la création du Coran fut la cause directe du déclenchement d’une guerre entre deux parties, que l’adversité et la haine avaient séparées.

La première de ces parties comptait dans ses rangs la majorité des savants, et la quasi-totalité de la Communauté. Ceux-là voulaient préserver la culture traditionnelle musulmane et refusaient de s’adonner à des vues imaginaires importées d’ailleurs et de se pencher sur des théories dépourvues de la moindre valeur et de la moindre utilité.

La seconde était formée par les Muʿtazilites, soutenus par l’autorité politique. Ceux-là voulaient travailler les esprits par des questions de philosophie grecque après les avoir imprégnées d’une teinte islamique. Ils aboutissaient ainsi à la création d’une étrange mixtion, dans laquelle la révélation était déformée et la raison préoccupée par des illusions infondées.

Aujourd’hui, mille ans après cette crise, nous sommes en droit de poser cette question : Les Muʿtazilites ont-ils fait preuve de dévouement à la raison et à la logique le jour où ils se sont rallié le sabre du pouvoir politique, afin de persécuter leurs opposants ?

N’eût-il pas été meilleur pour eux de se contenter du seul débat intellectuel, dans les salons qu’ils avaient pourtant répandus jusqu’à l’étouffement, dans tout le monde musulman ?

Les polémiques byzantines sont malheureusement arrivées jusqu’au cœur de cette brillante et saine civilisation, si bien qu’elles ont fini par emmêler ses rênes et ruiner son existence.

Par ailleurs, est-ce là la mission du gouverneur musulman ?

On attend normalement du gouverneur musulman qu’il suive les pas des Califes bien-guidés, en se tournant vers les intérêts de la Communauté pour les protéger et les faire fructifier, vers la prédication de l’Islam dont il doit répandre la lumière et faire prévaloir les enseignements, vers les ennemis de la Communauté qu’il doit se préparer à rencontrer et dont il doit faire cesser les méfaits à l’encontre de la religion.

Néanmoins, le faste pécheur de la rationalité permit à l’autorité et à ses partisans muʿtazilites de provoquer l’apparition de ce courant intrus qui essayait de rallier à lui le reste de la nation musulmane.

Toujours est-il que l’élite des savants a résisté avec violence et patience à cette innovation. Ils ont décidé de redonner vie à l’héritage islamique et de le préserver. Et ce fut Ahmad Ibn Hambal qui, à cette fin, prit la tête du mouvement conservateur.

Il serait faux de penser que le conflit qui avait éclaté avait pour but de faire dire à Ahmad que le Coran était créé. Le conflit tournait autour de l’observance ou de la négligence de la voie tracée par les pieux prédécesseurs. Il tournait autour du fait d’occuper les gens par les innovations de la théologie (le Kalâm) ou de les occuper par la lutte et la productivité comme ils le faisaient du temps du Messager de Dieu et de ses Successeurs.

Quant à la mission du gouvernant : Consiste-t-elle à faciliter aux gens les polémiques stériles et à les y conduire ? Ou bien consiste-t-elle à s’assurer de la compréhension de l’Islam, de son application et de l’élévation de sa bannière ?

Telle est la réalité de cette bataille au cours de laquelle les masses musulmanes se sont jointes à Ibn Hambal pour se dresser contre le gouvernant égaré et ses suppôts de savants mercenaires. Ceux qui ont suivi le déroulement de la polémique connaissent parfaitement cette vérité.

Ahmad Ibn Hambal évitait soigneusement de se prononcer sur le sujet du débat. Il n’a ni soutenu l’incréation du Coran ni accepté l’idée de sa création. Il voulait dire par-là qu’il ne reconnaissait à personne la légitimité de traiter de cette question, que ce soit dans un sens ou dans l’autre. Cet homme voulait observer scrupuleusement la logique islamique à laquelle s’étaient astreints les premiers Musulmans, parmi les Muhâjirûn et les Ansâr [1]. Il répugnait de s’écarter, fût-ce d’un pouce, de cette voie, même sous les instruments de torture et sous la douleur du fouet.

Et si nous voulons connaître l’influence intellectuelle et sociale de cette mémorable position d’Ibn Hambal, il nous suffit de citer les propos d’un savant sunnite, à savoir ʿAlî Ibn Al-Madînî : « Dieu - Exalté et Loué soit-Il - a secouru cette religion par Abû Bakr lors des guerres d’apostasie, par ʿUmar Ibn ʿAbd Al-ʿAzîz lorsqu’il rendit leurs dûs aux personnes dont les droits avaient été bafoués - quand les rois omeyyades avaient imposé leur régime totalitaire à la Communauté - et par Ahmad Ibn Hambal lors de l’épreuve (mihnah) qu’il dut endurer. »

Ahmad Ibn Hambal est sorti de prison après plusieurs années de détention. Mais son endurance et son courage acharné tuèrent les Muʿtazilites, et préservèrent la masse de la Communauté loin de l’adoption de ces questions théologiques étrangères à l’esprit islamique et à son entendement.

P.-S.

Traduit de l’arabe aux éditions Nahdat Misr, deuxième édition, janvier 1997.

Notes

[1Les Muhâjirûn sont les Musulmans mecquois qui ont fui la Mecque pour Médine pour échapper aux persécutions qu’ils subissaient. Les Ansâr sont les Musulmans médinois qui les ont accueillis. NdT

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