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Défense du dogme et de la loi de l’Islam contre les atteintes des orientalistes
Section : Muhammad, Messager de Dieu

Muhammad, l’homme parfait

vendredi 7 mars 2003

Quant au comportement individuel de Muhammad, que pourrions-nous bien en dire ?

C’était un homme qui absorbait de la nourriture et qui circulait dans les marchés - nous ne le nions pas. En cela, il ne différait guère de ses frères Prophètes ni des humains en général...

Mais cet homme s’est élevé dans les degrés de la perfection jusqu’à atteindre le firmament de la pureté du cœur et de l’esprit, de la noblesse de caractère et de la grandeur de l’œuvre, firmament auquel nul n’a pu prétendre parmi les anciens et les contemporains.

Il a marché sur la surface de la terre, tel un ange noble dans l’habit d’un homme, à l’âme débordante de foi, de générosité, d’amour de la vérité, de lutte incessante pour la faire prévaloir, de compassion pour les vivants, d’effort permanent pour rectifier le sens de leur existence, d’audace contre l’erreur, d’indépendance dans la destruction de celle-ci.

Tel est Muhammad, l’homme parfait.

Toutes les héroïcités auxquelles aspire l’humanité se sont réunies dans la vie de cet adorateur dévoué, de ce preux chevalier, de ce juge équilibré, de ce chef impartial, de ce commerçant honnête, de cet époux délicat, de cet ami fidèle, magnanime lorsqu’il contrôle, indulgent lorsqu’il vainc, révéré lorsqu’il s’approche, grandiose dans tous ses aspects, aussi bien publics que privés.

Les idéaux sont des utopies que les philosophes et les romanciers aiment à tisser... Ils peuvent ainsi en dessiner les traits alors qu’ils vivent au sommet de tours élevées ou au fond de lointains ermitages...

Mais Muhammad a foulé la poussière de ses pieds ; il a affronté les difficultés du chemin et la rudesse de la vie ; il a côtoyé ceux qu’il aime et ceux qu’il déteste ; il a ressenti les peines de la faim et des veillées, les peines de la démunition et de l’inquiétude, les peines de l’exil et de la solitude.

Dans sa constance contre les pires circonstances que peut traverser l’humanité, cet homme immense est resté équilibré dans ses pas, affûté dans son esprit, posant les idéaux humains, mélangés à la sueur du front et à la poussière des pieds. Sa vie, dans son sommeil et dans sa veille, dans sa nourriture et dans sa boisson, avec les petits et avec les grands, avec l’ami et avec l’ennemi, en pleine santé et dans sa maladie, en temps de paix et en temps de guerre, bref en toute circonstance, cette vie a été suivie par des milliers de regards ; ses caractéristiques ont été décrites par des milliers de langues. Force est de constater qu’elle ne comporte que ce qui plaît, qui porte à l’admiration, et qui trace pour les humains la voie du bien et de la guidance.

Comment donc un stupide orientaliste peut-il ensuite venir nous dire que Muhammad n’est pas un modèle idéal à imiter ! Le plus étrange, c’est que cet orientaliste argumente son mensonge par les traits de modestie qui caractérisent la vie de ce Noble Messager, ou par ce à quoi il devrait s’astreindre en sa qualité de Serviteur de Dieu.

Ainsi, si Muhammad dit par exemple : « Seigneur, pardonne et fais miséricorde. C’est Toi le Meilleur des miséricordieux. » [1], alors cette créature obscure vient nous interpeller : Ne vous ai-je pas dit que Muhammad est un pécheur et que Dieu lui commande de se repentir à Lui de ses fautes ?!

Nous estimons que discuter des génies avec des gens - faisant preuve d’un si faible niveau de connaissance des secrets de l’âme et des degrés d’élévation spirituelle - est pure perte de temps. C’est comme si une bande de soûlards attablés dans une taverne se mettent à parler de l’ivresse divine.

La vie de Muhammad a été consignée par écrit depuis sa naissance jusqu’à sa mort, avec des détails tellement exhaustifs qu’ils n’ont été rapportés au sujet d’aucun autre être humain. Ses paroles et ses actes ont été minutieusement décomptés et relatés dans les ouvrages de la Sunnah [2]. Cette Sunnah suivie par les croyants fait partie intégrante de la religion.

Une telle chose ne s’est jamais produite pour aucun dignitaire religieux ni aucun dirigeant politique... Cette richesse incroyable d’actes cultuels, de vertus morales, de décisions politiques, de décrets juridiques s’amoncellent dans les livres et sont présentés au vu et au su de tous. Plus on les examine, plus on les médite, plus on les étudie et mieux on prend conscience de la vie d’un homme hors du commun. Lorsqu’on prend connaissance de cette vie, à la lumière de la réalité, sans la moindre hyperbole ni la moindre outrance, on ressent qu’on est face à la personnification des modèles de la perfection humaine.

Autre chose distinguant Muhammad : c’est qu’il décrit la perfection et nous entraîne à y parvenir. En suivant ses traces, on sent qu’on est derrière un homme qui a déjà tracé la voie et l’a préparée pour ceux qui cheminent derrière lui.

C’est le sens du verset suivant : « En effet, vous avez dans le Messager de Dieu un excellent modèle à suivre, pour quiconque espère en Dieu et au Jour dernier et invoque Dieu avec insistance. » [3]

C’est le verset devant lequel cet orientaliste s’est arrêté avec une âme morbide. Il n’y a rien compris et n’a même pas eu la délicatesse de se taire ! Cet homme poursuit donc dans sa noire rancune à l’encontre du Porteur du Message. S’il est ébloui par un caractère témoignant de la fidélité et de l’honneur, il le contorsionne pour lui inventer une explication matérielle ou une cause utilitaire. Se dégage ainsi l’extrémisme outrancier, comme s’il s’agissait d’un jeu de circonstances particulières, non la preuve d’un caractère noble.

Muhammad a été connu sous le surnom As-Sâdiq Al-Amîn, le Véridique et le Loyal, aussi bien pendant la jâhiliyyah que pendant l’Islam. Si ses ennemis avaient entrevu chez lui la moindre once de déséquilibre comportemental, aussi bien dans la vie publique que dans la vie privée, ils se seraient envolés répandre la nouvelle dans tous les horizons.

Mais les hommes que Dieu façonne sous Son Œil sont préalablement choisis dans un matériau spirituel rare. Ils sont ensuite élevés au sein d’une enceinte d’infaillibilté, de sorte que rien qui puisse altérer leurs actes n’arrive jusqu’à eux. Et Muhammad - n’en déplaise aux calomniateurs - est le Suzerain de ces Élus.

Comme la prédication à Dieu n’est possible qu’à travers des méthodes honnêtes - car c’est une prédication appelant à la Lumière des cieux et de la terre, non la prédication à une basse autorité terrestre ou à un nationalisme puant -, alors celui qui est à même de soutenir cette prédication, apte à la faire progresser vers sa fin ultime, est Muhammad et ses semblables parmi les gens puissants et clairvoyants.

La justice a fait en sorte que des occasions innombrables soient accordées aux ignorants et aux ingrats pour qu’ils reprennent conscience et se débarrassent des jougs et des ignorances de ceux qui les ont précédés.

A La Mecque, on entend ainsi le Prophète appelant les idolâtres à reconnaître l’Unicité de Dieu, puis leur disant - après qu’il leur a expliqué ce dogme de la manière la plus parfaite qui soit : Vous n’avez plus aucun prétexte après cette argumentation ; désormais, vous et moi sommes sur un pied d’égalité quant à la connaissance du dogme.

C’est le sens des versets suivants : « Dis : ‹Voilà ce qui m’est révélé : Votre Dieu est un Dieu unique. Etes-vous décidés à embrasser l’Islam ?› Si ensuite ils se détournent, dis alors : ‹Je vous ai avertis en toute équité ; je ne sais si ce qui vous est promis est proche ou lointain. Il connaît ce que vous dites à haute voix et ce que vous cachez. Et je ne sais pas ; ceci est peut-être une tentation pour vous et une jouissance pour un certain temps !› » [4]

Les exégètes disent : La phrase « Je vous ai avertis en toute équité. » signifie que nous sommes tous égaux - vous et nous - devant la connaissance de ce message. Nous ne nous le sommes pas approprié à vos dépens. Ainsi, comme nous, vous pouvez vous préparer à ce qui vous attend.

Cette atmosphère de franchise absolue est ce qui sied à la politique des prédicateurs à Dieu.

Lorsque le Messager part à Médine, et qu’il y trouve des Juifs voulant établir avec lui un commerce fondé sur le complot et la trahison, il n’y aura rien d’étrange à ce qu’il exècre ces caractères détournés. Il n’y aura rien d’étrange non plus à ce que la révélation céleste lui détermine le chemin à suivre avec ces Juifs. Ce chemin n’est pas nouveau par rapport à la méthode employée dans la prédication entamée à la Mecque, cette méthode franche qui n’accepte pas le moindre soupçon d’obscurité, comme nous l’avons vu.

Le Très Haut dit : « Et si jamais tu crains vraiment une trahison de la part d’un peuple, dénonce alors le pacte que tu as conclu avec, d’une façon franche et loyale, car Dieu n’aime pas les traîtres. Que les mécréants ne pensent pas qu’ils Nous ont échappé. Non, ils ne pourront jamais Nous empêcher de les prendre à n’importe quel moment. » [5]

Regardez - que Dieu vous préserve - ce stupide orientaliste, débarquer dans cette atmosphère pure et lustrale, tel une machine délabrée en train de cracher ses fumées au beau milieu d’un jardin au parfum embaumé.

Il prétend en premier lieu que Muhammad a fait dire à Dieu ces versets témoignant de sa psychologie. Puis il prétend en second lieu que la trahison exécrée par cette psychologie, n’est en fait exécrée que par une nécessité politique, non par une quelconque noblesse, pureté ou élévation spirituelle. Il dit ainsi - que Dieu le maudisse - à la page 23 :

« Dans la façon dont le langage de Muhammed montre le maître de l’univers réagissant contre les intrigues des méchants se reflète la propre politique du Prophète contre les obstacles qui se présentaient sur sa route. Sa propre mentalité et la méthode avec laquelle il luttait contre les ennemis du dedans sont projetées sur le Dieu qui, d’après lui, assure le triomphe de ses armes. « Et quand tu redoutes une trahison de la part d’un peuple, renvoie-leur la pareille. Certes Dieu n’aime pas les traîtres. Et ne pense pas que les infidèles arrivent en avance ; certes il ne peuvent affaiblir Allâh. » [5]

En tout cas, cette terminologie révèle plutôt la mentalité d’un diplomate pondéré que celle d’un patient armé de constance. Il faut particulièrement insister sur ce point qu’elle n’a pas influencé l’éthique de l’Islâm, qui défend sévèrement la perfidie (ghadar) même à l’égard des infidèles. »

Que pouvons-nous dire d’un homme pour lequel les vérités s’inversent de la sorte ? !

La fidélité avec les ennemis dans les circonstances les plus délicates est devenue une politique, non une politesse. Et il ne faut surtout pas prétendre que l’Islam ou son Prophète y sont pour quelque chose là-dedans.

Mais Goldziher aime parfois apparaître comme un homme impartial, ne lançant pas ses accusations à tort et à travers, et n’adhérant pas à tort et à travers aux idées d’autrui. Pour cette raison, il s’oppose à une parole prononcée par un nigaud Révérend protestant qui prétendait que l’Islam ne s’intéresse pas aux intentions et ne fait pas cas de la pureté des cœurs...

L’Islam dont le Prophète dit : « Les actions sont jugées d’après les intentions, et il en sera tenu compte à chaque homme dans la mesure de son intention. » [6]

Ou encore : « En vérité, dans le corps, il y a un organe. Si cet organe est sain, tout le corps est sain. Et si cet organe est malsain, tout le corps est malsain. Cet organe, c’est le cœur. » [7]

Cet Islam, dans l’esprit de notre perspicace Révérend protestant, est une religion qui ne se fonde pas sur la pureté des cœurs !

Goldziher répond à la page 16 :

« [...] par la théorie de la niyya, de l’intention, de l’esprit qui inspire les œuvres, pris comme critère de la valeur de l’acte religieux. L’ombre d’un mobile égoïste ou hypocrite dépouille tout « bonum opus » de sa valeur. Aucun juge impartial ne saurait donc approuver la phrase du Rev. Tisdall : « It will be evident that purity of heart is neither considered necessary nor desirable ; in fact it would be hardly too much to say that it is impossible for a Muslim ». »

Mais cet homme a-t-il fait ce témoignage contre le Révérend protestant dans un but désintéressé ? !

Dans tous les cas, même si ce témoignage est enchevêtré dans des propos imbéciles sur la Sunnah prophétique, nous l’accepterons de sa part, mais à lui seul. Nous n’acceptons pas l’éloge fait par la suite à l’orientaliste italien Leone Caetani !!

Cet orientaliste - qui est de la même trempe que le Révérend précédent - a en effet prétendu que les armées arabes, qui ont porté la vérité, la lumière, la justice et la tolérance dans les colonies de César et de Chosroès, ne sont pas sorties pour des motifs de foi ardente ou de croyance supérieure. Non... Non...

Les Arabes étaient affamés dans leur presqu’île et ils sortirent chercher de quoi manger... Ils sortirent après une disette ayant sévi dans leur pays [8].

Goldziher dit à propos de ces imbécilités et de leur auteur à la page 20 :

« C’est le mérite du savant italien Leone Caetani, dans une œuvre d’une portée extraordinaire (Annali dell’Islam), où il fait la révision générale des sources de l’histoire musulmane et où il les soumet à une critique plus fouillée qu’on ne l’avait fait dans les exposés antérieurs, de mettre en relief les aspects profanes de la première époque de l’histoire de l’Islâm. Il provoque par là maintes rectifications essentielles des vues acceptées relativement à l’action du Prophète lui-même. »

P.-S.

Traduit de l’arabe du livre de Sheikh Muhammad Al-Ghazâlî, Difâʿ ʿan Al-ʿAqîdah Wash-Sharîʿah didd Matâʿin Al-Mustashriqîn, éditions Nahdat Misr, deuxième édition, janvier 1997.

Notes

[1Sourate 23 intitulée les Croyants, Al-Mu’minûn, verset 118.

[2Ce terme désigne la Tradition de Muhammad, incluant ses paroles et ses actes. NdT

[3Sourate 33 intitulée les Coalisés, Al-Ahzâb, verset 21.

[4Sourate 21 intitulée les Prophètes, Al-Ambiyâ’, versets 108 à 111.

[5Sourate 8 intitulée le Butin, Al-Anfâl, versets 58 et 59.

[6Hadith authentique, rapporté par les six compilateurs - Al-Bukhârî, Muslim, At-Tirmidhî, Abû Dâwûd, An-Nasâ’î et Ibn Mâjah - d’après ʿUmar Ibn Al-Khattâb.

[7Hadith authentique, rapporté par les six compilateurs - Al-Bukhârî, Muslim, At-Tirmidhî, Abû Dâwûd, An-Nasâ’î et Ibn Mâjah - d’après An-Nuʿmân Ibn Bashîr.

[8Nous avons mentionné ces propos vides de sens et nous avons répondu de manière tranchante à des propos similaires dans notre livre Maʿa Allâh (Avec Dieu).

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