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Introduction aux sourates du Coran
Section : Sourates 101 à 114

Sourate Al-Kawthar (L’abondance)

mardi 8 mai 2001

Nom

Cette sourate a été nommée ainsi à cause du mot al-kawthar qui se trouve dans le premier verset.

Période de la Révélation

Ibn Mardaweih a cité`Abdullah Ibn `Abbas, `Abdullah Ibn Az-Zubayr et `Â’ishah disant que cette sourate était mécquoise. Kalbî et Muqâtil la considéraient également mecquoise, et il en est de même pour la majorité des commentateurs. Mais Al-Hasan Al-Bas, `Ikrimah, Mujâhid et Qatâdah la considéraient comme médinoise. L’Imâm As-Suyûtî dans Al-Itqân a confirmé ce point de vue, et l’Imâm An-Nawawî dans son commentaire du Sahîh Muslim a également préféré cette opinion. Cette supposition s’explique par la tradition rapportée par le narrateurs de hadîth du rang de l’Imâm Ahmad, Muslim, Mâlik, Abû Dâwûd, An-Nasâ’î, Ibn Abi Shaybah, Ibn Al-Mundhir, Ibn Mardaweih, Al-Bayhaqî et d’autres selon laquelle Anas Ibn Mâlik avait dit : « Alors que le saint Prophète - que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui - était parmi nous, il somnola, puis il releva sa tête, souriant. Selon certaines traditions, les gens lui ont demandé pourquoi il souriait, selon d’autres, il leur a lui-même dit qu’une sourate venait juste de lui être révélée. Puis, commençant par "Bismillâh Ar -Rahmân Ar -Rahîm" (Au Nom de Dieu le Clément le Miséricordieux), il a récité la sourate d’Al-Kawthar, puis il demanda aux gens s’ils savaient ce que s’était que le Kawthar. Ils répondirent qu’Allah et Son Messager avaient la meilleure connaissance, il dit : c’est une rivière qu’Allâh m’a accordée au Paradis. » (les détails seront donnés ci-dessous sous l’entrée « Kawthar »). Le raisonnement à partir de cette tradition classant cette sourate comme étant médinoise, se base sur le fait que Anas était de Médine, et le fait qu’il ait dit qu’il était présent lors de la révélation de cette sourate est une preuve qu’elle était médinoise.

Mais, premièrement, les Imâms Ahmad, Al-Bukhârî, Muslim, Abû Dâwûd, At-Tirmidhî et Ibn Jarîr ont rapporté selon le même Anas des traditions disant que cette rivière du Paradis (Al-Kawthar) a été montrée au Prophète - que la paix soit sur lui - à l’occasion de l’ascension (al-mi`râj) et tout le monde sait que l’ascension a eu lieu à la Mecque avant l’Hégire. Deuxièmement, durant l’ascension le saint Prophète a non seulement été informé de ce don d’Allah Le Tout Puissant mais on le lui avait également montré. Il n’y a donc aucune raison que la sourate d’Al-Kawthar soit révélée à Médine afin de lui porter cette bonne nouvelle. Troisièmement, si dans une assemblée, le saint Prophète lui-même avait annoncé la révélation de la sourate d’Al-Kawthar, que Anas a mentionné dans sa tradition, et si cela signifiait que cette sourate venait d’être révélée pour la première fois, il ne serait pas possible que des compagnons bien informés comme `Â’ishah, Abdullâh Ibn `Abbas et Abdullâh Ibn Az-Zubayr aient déclaré cette sourate mecquoise et que, de la même façon, la plupart des commentateurs l’aient considérée comme telle.

Si l’on considère cette question avec prudence, on remarque un problème dans la tradition de Anas en ceci qu’il n’est pas fait mention du sujet de discussion à l’assemblée où le saint Prophète avait annoncé la sourate d’Al-Kawthar. Il se peut qu’à ce moment-là, le saint Prophète expliquait quelque chose. Entre temps, il a été informé par la révélation que ce sujet était déjà expliqué davantage dans sourate Al-Kawthar, ce qu’il a fait savoir, disant que cette sourate venait de lui être révélée à ce moment là. De pareils événements ont eu lieu à plusieurs reprises, ce qui a porté les commentateurs à penser que certains versets ont été révélés deux fois. En fait, cette seconde révélation signifiait que le verset avait été révélé plus tôt, mais que pour des raisons ultérieures on a attiré l’attention du saint Prophète à cette sourate pour la deuxième fois. Dans de pareilles traditions, la mention de la révélation de certains versets ne suffit pas à elle seule pour décider s’ils ont été révélés à la Mecque ou à Médine, ni quand ils ont été révélés précisément.

Si ce n’était le doute occasionné par cette tradition de Anas, le contenu en entier de la sourate d’Al-Kawthar en lui-même indique qu’elle a été révélée à la Mecque, et ce, à une période où le saint Prophète passait par des événements extrêmement décourageants. [1]

Contexte Historique

Préalablement, dans les sourates d’Ad-Duhâ et Alam Nashrah (sourate 94 : Al-Inshirâh) nous avons vu que dans la toute première phase de la mission prophétique, le Prophète - que la paix soit sur lui - était passé par des moments des plus éprouvants quand toute la nation était devenue hostile, qu’il y avait de la résistance et de l’opposition de tout côté, et le saint Prophète et une poignée de ses compagnons ne voyaient pas la moindre chance de réussite. Allâh, pour le consoler et l’encourager lui avait révélé plusieurs versets. Il est dit dans sourate Ad-Duhâ : « La vie dernière (c.a.d toute vie postérieure) t’est, certes, meilleure que la vie présente, et Ton Seigneur t’accordera certes ( Ses faveurs), et alors tu seras satisfait ». Dans sourate Alam Nashrah : « et Nous avons exalté pour toi ta renommée. » C’est à dire « Quoique les ennemis essayaient de te diffamer partout dans le pays, Nous avons pris en charge l’exaltation de ton nom et ta renommée dans ce pays. » Et : « A côté de toute difficulté, il y a, certes, une facilité. » C’est à dire, « Tu ne dois pas être découragé par la dureté des conditions de cette époque ; cette période de difficulté passera bientôt, et surviendra alors la période de succès et de victoire. »

Telles étaient les circonstances dans lesquelles Allâh a consolé le saint Prophète en révélant sourate Al-Kawthar où, en plus, Il a annoncé la destruction de ses opposants. Les mécréants de Quraich disaient : « Muhammad est coupé de sa communauté et est réduit à sa seule personne impuissante et démunie. Selon `Ikrimah, quand le saint Prophète a été nommé Prophète, et qu’il commença à appeler les gens à l’Islam, les Quraysh disaient : « Muhammad est coupé de sa communauté tel un arbre coupé de ses racines susceptible de s’effondrer à tout moment. » (Ibn Jarîr). Muhammad Ibn Ishâq dit : chaque fois qu’on mentionnait le Prophète en présence d’Al-`Âs Ibn Wâ’il As-Sahmî, le dirigeant mecquois, celui-ci disait : « Laissez-le tranquille car il n’est qu’un homme sans enfants, sans aucun descendant mâle. Quand il mourra il n’y aura personne pour se souvenir de lui. » Shamir Ibn `Atiyyah dit que `Uqbah Ibn Abî Mu’ait avait également l’habitude de dire des choses semblables au sujet du saint Prophète, (Ibn Jarîr). Selon Ibn `Abbas, Ka`b Ibn Al-Ashraf (le dirigeant juif de Médine) était venu, une fois, à la Mecque et le chef des Quraysh lui disait : « Regarde ce garçon, qui est coupé de son peuple. Il pense qu’il est supérieur à nous alors que nous gérons le pèlerinage, veillons sur la Ka`bah et donnons à boire aux pèlerins » (bazzar).

A ce sujet, `Ikrimah rapporte que les Qurayshs avaient employé des mots comme « as-sunbur al-munbatir min qawmih » (un homme faible, délaissé et sans enfants, qui est coupé de son peuple) pour désigner le saint Prophète. (Ibn Jarîr) Ibn Sa`d et Ibn `Asâkir narrent que `Abdullâh Ibn `Abbâs dit : « Le fils ainé du saint Prophète était Qâsim, après lui il y avait Zaynab, après elle il y avait `Abdullâh et après lui trois filles, à savoir Umm Kulthûm Fâtimah et Ruqayyah. Parmi eux, Qassim mourut le premier suivi de `Abdullah. C’est là qu’Al-`Âs Ibn Al-Walîd dit : « Sa lignée est éteinte : maintenant il est abtar ( c.a.d sans postérité). » Quelques traditions ajoutent que qu’Al-`Âs dit « Muhammad est abtar : il n’a aucun enfant (mâle) pour lui succéder. Quand il mourra, sa mémoire périra et vous serez débarrassé de lui. » La tradition d’Ibn `Abbas, que `Abd Ibn Humayd avait rapporté montre que Abû Jahl avait également tenus des propos semblables à la mort de l’enfant du saint prophète, `Abdullâh. Ibn Abî Hâtim rapporte d’après Shamir Ibn `Atiyyah que `Uqbah Ibn Abî Mu’ait avait montré le même type de mesquinerie en se réjouissant de cette perte de l’enfant du saint Prophète. `Atâ’ dit que quand le deuxième enfant du saint prophète mourut, son propre oncle, Abû Lahab (dont la maison était près de celle du saint prophète) est accouru auprès des païens pour leur porter la « bonne nouvelle » : "Batira mouhammadoun al-laylah : « Muhammad a perdu sa descendance cette nuit, ou il est coupé à la racine. »

Telles étaient les conditions difficiles dans lesquelles la sourate d’Al-Kawthar a été révélée. Les Quraysh lui en voulaient parce qu’il n’adorait, ne servait que Dieu uniquement et rejetait leur idolâtrie publiquement. Pour cette raison précise, on l’a déchu du rang, de l’estime et de la considération dont il jouissait auprès de son peuple avant la mission prophétique et était maintenant comme coupé de sa communauté. La poignée de gens que représentaient ses compagnons, étaient des gens impuissants et miséreux et étaient également persécutés et tyrannisés. Par ailleurs, le Prophète était affligé par la mort de ses deux enfants, décédé l’un après l’autre, pendant que ses proches parents et les gens de sa tribu, de sa fraternité et de son voisinage s’en réjouissaient et tenaient des propos écœurants et déstabilisants pour une noble personne qui traitait tout le monde, même ses ennemis, avec la plus grande bonté. A ce moment, Allâh, juste en une phrase de cette sourate, lui a annoncé la bonne nouvelle, la meilleure qui soit, et en même temps Il l’a informé que ce sont ses opposants qui seront coupé à la racine et non pas lui.

P.-S.

Traduit de l’anglais du site de l’association des étudiants musulmans de l’USC.

Notes

[1Certains savants ont concilié les deux narrations concernant la révélation de cette sourate en disant que le Prophète a effectivement vu la rivière d’Al-Kawthar lors de son ascension mais que Dieu la lui a octroyée plus tard.

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