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Introduction aux sourates du Coran
Section : Sourates 11 à 20

Sourate Tâha

mardi 3 juillet 2001

Nom

Le nom de cette sourate émane du tout premier mot : Tâ Ha. Cette dénomination comme celles de nombreuses autres sourates reste purement symbolique.

Période de Révélation

Cette sourate a été révélée à la même époque que la sourate intitulée ’Marie’ (Maryam), probablement pendant ou juste après l’émigration de quelques musulmans en Abyssinie. Dans tous les cas, il ne fait aucun doute que la révélation de cette sourate a précédé la conversion de `Umar Ibn Al-Khattâb — qu’Allâh l’agrée —. En effet, selon une fameuse et authentique tradition, sur le chemin qui devait le conduire chez le prophète — paix et bénédictions sur lui — puis l’assassiner, `Umar croisa un compagnon qui, pour le détourner de sa route, lui dit : « Tu devrais avant tout apprendre que ta propre sœur et son époux ont embrassé l’Islam ». A ces mots, `Umar alla directement chez sa sœur, Fâtimah Bint Al-Khattâb qu’il surprit, tout comme son beau frère, Sa`îd Ibn Zayd (pour l’anecdote, il s’agit de l’un des 10 compagnons (al-mubashsharûn bil-jannah) à qui le paradis fut promis de leur vivant) en pleine lecture d’un parchemin contenant des versets et appartenant à Khabbâb Ibn Art.

Quand Fâtimah le vit entrer, elle s’empressa de cacher le manuscrit. Mais `Umar les avait entendu réciter et les questionna si brutalement, frappant son beau frère et blessant sa sœur qui tentait de s’interposer, qu’à la fin ils se confessèrent : « Nous sommes Musulmans à présent et tu peux faire de nous ce que tu voudras ». `Umar se calma et s’émut à la vue du sang qui coulait sur la tête de sa sœur. Il leur dit « Montrez-moi ce que vous lisiez ». Sa sœur lui fit d’abord jurer qu’il ne détruirait pas le parchemin et ajouta « Tu ne toucheras pas le manuscrit, si tu ne te laves pas », ce que fit `Umar. Puis, à peine eut-il commencé la lecture du parchemin, qui contenait la sourate Tâ Ha, qu’il s’écria : « Qu’est-ce que c’est merveilleux ! ». C’est à ce moment que Khabbâb, jusqu’alors caché, se montra et dit : « Par Allâh, je savais qu’Allâh nous renforcerait par ta conversion pour propager le Message de Son Prophète parce qu’hier, j’ai entendu le Prophète invoquer Allâh disant : ’Seigneur, renforce l’Islam par Abû Al-Hakam Ibn Hishâm (Abû Jahl) ou `Umar Ibn Al-Khattâb’. Allez `Umar, dirige toi vers Allâh, dirige toi vers Allâh ! ». Ces paroles furent si convaincantes qu’il se rendit chez le Prophète, en compagnie de Khabbâb, et s’y convertit. Et tout ceci se produisit peu de temps avant l’émigration en Abyssinie.

Sujets de la sourate

Le début de la sourate affirme le but ultime de toute la révélation : « Ô Muhammad ! Ce Coran ne t’est pas révélé pour te rendre malheureux. Il n’exige pas de toi l’impossible tâche de changer le cœur des mécréants obstinés. Non, il incarne simplement un avertissement destiné à guider vers le Droit Chemin ceux qui craignent Allâh et veulent éviter Son Châtiment. Ce Coran est la Parole du Seigneur et Dieu de la terre et des cieux et n’appartient qu’à Lui : ceci est la Vérité éternelle, que les gens y croient ou pas.

Après cette introduction, l’histoire de Moïse est évoquée, sans transition et sans même expliciter le parallèle avec la situation des musulmans à cette époque. Cependant, une lecture approfondie permet de voir que ces paroles s’appliquent parfaitement aux habitants de la Mecque. Avant de révéler le sens caché de ces paroles, précisons que les arabes, grâce à l’influence des nombreux juifs qui vivaient en Arabie ainsi que des royaumes chrétiens voisins, reconnaissaient que Moïse étaient un Prophète d’Allâh.

Venons en à présent au sens profond de l’évocation de l’histoire de Moïse.

  1. Allâh ne désigne pas un Prophète à grands cris ni par le protocole d’une proclamation publique telle que ’Oyez ! Est désigné Prophète Monsieur Untel dès aujourd’hui’. Bien au contraire, c’est de manière confidentielle qu’Il accorde la Prophétie à un homme. C’est comme cela qu’Il avait procédé auparavant avec Moise. De cette façon, personne ne pourra considérer comme suspect le fait que Muhammad fut désigné Prophète soudainement et discrètement.
  2. Les principes fondamentaux enseignés par Muhammad, l’Unicité d’Allâh et l’Au-Delà, sont ceux-là mêmes qui furent jadis enseignés au Prophète Moïse quand il fut désigné.
  3. Muhammad incarne le porteur typique du Message de Vérité à l’intention des Quraysh. Il reçut en effet l’ordre d’accomplir sa mission, seul, sans aide matérielle, tout comme Moise autrefois, qui reçut la Mission de se rendre chez Pharaon, le roi tyrannique, afin qu’il cesse de se rebeller envers Allâh. Quels mystères pour nous que les desseins d’Allâh ! En effet, il s’agit d’un homme, Moïse, qui entreprend un long voyage depuis la région de Madyan, à destination de l’Égypte. Allâh le choisit et lui ordonne : « Va combattre le pire tyran de ton temps’. Pour ce faire, Il ne lui fournit aucune arme, aucun matériel. Seul son souhait d’être secondé par son frère Hârûn est exaucé.
  4. Allâh adresse au travers des mêmes paroles à la fois un message aux Mecquois et un message aux Musulmans : « Vous, ô, Gens de la Mecque ! Comprenez bien que Pharaon a usé des mêmes stratagèmes contre Moïse que ceux que vous mettez au point contre Muhammad : des objections triviales, des accusations, des persécutions sauvages ! Prenez conscience que le prophète d’Allâh a vaincu le Pharaon, qui pourtant possédait de nombreuses armes et des attirails militaires ». Quant aux musulmans, ceux-ci se virent consolés et confortés par ces quelques paroles. Il ne devaient plus être effrayés par la perspective de combattre les Quraysh, même en dépit du déséquilibre apparent des forces et effectifs en présence. Tout ceci parce qu’une mission, lorsqu’elle est agréée et supportée par Allâh, elle est inévitablement vouée à la victoire. D’autre part, les musulmans furent enjoints par leur Seigneur à se comporter comme jadis les magiciens du Pharaon qui s’accrochèrent fermement à leur foi, malgré toutes les menaces et exactions horribles de la part du Pharaon.
  5. Dans cette sourate, ensuite, Allâh évoque un incident important survenu au cours du périple des Enfants d’Israël, la fabrication et l’adoration du veau d’or. Allâh nous montre ici comment l’idolâtrie des fausses divinités a ridiculement commencé. Il nous montre encore qu’à aucun moment Ses Prophètes (Moïse et Aaron) n’ont toléré la moindre trace de cette pratique absurde. Et dans son opposition franche à l’associationnisme et à l’idolâtrie, le Prophète Muhammad s’inscrit dans la même logique d’adoration que les prophètes dont il est le sceau.

Voilà comme la simple histoire de Moïse est évoquée par Allâh pour nous éclairer définitivement sur tous ces sujets, qui apparaissent du même coup, intimement liés aux conflits qui opposaient Muhammad et les Quraysh. A la fin de l’histoire, les Quraysh sont rapidement exhortés : ’Le Coran a été révélé dans votre langue et dans votre intérêt. Si vous écoutez et suivez cette exhortation, vous ne le ferez que pour vous-mêmes. Mais si vous la rejetez, vous connaîtrez une issue fâcheuse, contre vous-mêmes.

Ensuite, Allâh évoque le Prophète Âdam, pour dire aux Quraysh : « Le chemin que vous suivez n’est que le chemin de Satan, alors même que le droit chemin, c’est celui de votre père Adam. Lui aussi a été séduit par Satan. Mais il a vite compris son erreur et clairement avoué sa faute. Puis il s’est repenti, s’est mis de nouveau au service d’Allâh et a gagné Sa Satisfaction. En revanche, quiconque suit Satan et s’obstine dans son erreur malgré l’exhortation, ne fait de tort qu’à lui-même, comme Satan s’est fait du tort en se rebellant et s’enorgueillissant.

A la fin de la sourate, Allâh conseille le Prophète Muhammad et les compagnons de ne plus faire preuve d’impatience en désespérant parce que la punition des mécréants tarde : « Allâh a son propre plan pour ce qui les concerne. Il ne les saisira pas immédiatement, non, mais leur accorde un sursis plus que suffisant. C’est pourquoi vous ne devait pas bouillir d’impatience mais plutôt supporter les persécutions avec force et abnégation, tout en persévérant dans la transmission du message. »

Enfin, l’accent est mis sur l’Office (la prière : salat) qui aura pour conséquence d’installer chez les croyants des vertus comme la patience, la force morale, la satisfaction, l’abnégation et la soumission face aux Désirs et aux Plans d’Allâh. Toutes ces vertus, en effet, sont essentielles pour la propagation du message de Vérité.

P.-S.

Traduit de l’anglais du site de l’association des étudiants musulmans de l’USC.

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